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Irina Bokova
Irina BokovaDirectrice générale de l'Unesco

La réforme de l’Unesco et les défis du XXIème siècle

L’UNESCO est née d’une idée simple : « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être édifiées les défenses de la paix », par la coopération internationale dans le domaine de l’éducation, des sciences et de la culture. 65 ans après sa création, cette idée fondatrice est plus actuelle que jamais. La mondialisation accélère le brassage des identités, la rencontre des cultures, les occasions de rapprochement mais aussi de tensions. Dans ce nouveau contexte, il faut repenser les conditions de la compréhension mutuelle, de l’édification de la paix et forger un nouvel humanisme.

Dès ma prise de fonction, j’ai engagé un vaste processus de réforme à l’UNESCO, pour gagner en efficacité, en visibilité, redéployer notre présence sur le terrain et nos moyens d’action.

Notre visibilité est la condition impérative pour convaincre de l’importance de l’éducation, de la science et de la culture comme facteur de prospérité et de paix durable. L’UNESCO n’est forte que si son message est entendu. Les résultats du dernier sommet des Nations Unies sur les Objectifs du millénaire pour le développement nous encouragent en ce sens. Le rôle de l’éducation a été renforcé, la culture et la diversité culturelle ont été enfin explicitement reconnues comme des facteurs de développement, grâce à l’action de l’UNESCO. J’appelle tous nos partenaires, les médias, les hommes et femmes politiques français, les acteurs de la société civile, à diffuser ce message pour rallier tous les décideurs à notre cause.

Notre crédibilité dépend aussi de notre capacité à traduire nos déclarations en résultats tangibles pour les populations. L’UNESCO met à disposition ses outils de prévention des risques de tsunamis, envoie ses experts pour améliorer les systèmes d’alerte. L’UNESCO aide à former des enseignants, utilise le patrimoine pour rapprocher les peuples et les cultures. L’OCDE estime aujourd’hui à 60% la part du budget de l’UNESCO consacré à l’aide au développement, contre 25% il y a quelques années. C’est une reconnaissance de notre impact stratégique.

L’essor des nouvelles technologies renouvelle les formes de la culture et de l’éducation. L’accélération des risques naturels oblige à des interventions plus rapides, plus flexibles, pour assurer la continuité du tissu éducatif et culturel et reconstruire sur des bases solides. On ne protège pas de la même façon les temples égyptiens, la Cathédrale d’Albi ou les chants, les danses et l’artisanat des peuples, qui sont des leviers de développement et de compréhension mutuelle. Sur ce dernier point, l’adoption par l’UNESCO de conventions en 2003 et 2005 sur le patrimoine immatériel ou la diversité des expressions culturelles, avec le soutien de la France, témoigne de notre constante adaptation.

L’urgence d’ici 5 ans est d’atteindre pleinement les Objectifs du millénaire pour le développement, en misant notamment sur l’éducation de qualité pour les filles et les femmes, qui sont des agents de stabilité des sociétés ; en misant sur les jeunes pour construire la culture de la paix de demain, en misant sur les sciences et les nouvelles technologies pour rapprocher les hommes.

Conçu en réponse à la barbarie guerrière, l’UNESCO détient les clés de compréhension du monde de demain. À l’heure où l’homme s’inquiète de la raréfaction des ressources naturelles, le capital humain est une ressource renouvelable par excellence. Il est impératif d’en faire le socle du développement humain durable.

Irina Bokova 
Directrice générale
de l’UNESCO

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