Charles Pellegrini
Charles Pellegrini Ancien Chef de l’Office Central de Répression du Banditisme (OCRB), Spécialiste de l’intelligence économique et de la gestion des risques

Charles Pellegrini,

Ancien Chef de l’Office Central de Répression du Banditisme (OCRB)
Spécialiste de l’intelligence économique et de la gestion des risques *.

Le vrai problème n’est pas celui qu’on croit. Daesh sera un jour ou l’autre vaincu militairement, de même qu’Al Qaïda et tous leurs franchisés, tels Boko Haram, les Chebabs somaliens et autres talibans… En revanche, la partie radicalisée de la « oumma » continuera à chanter la gloire des martyrs et les commanditaires se chargeront d’alimenter les réseaux sociaux.

Le problème est que la religion musulmane, au travers de son livre sacré, génèrera et pour très longtemps, des individus ou noyaux, plus ou moins importants, radicalisés, fanatiques obtus, comme tous les fanatiques d’ailleurs, qui ne renonceront jamais. Il ne s’agit donc pas d’évoquer quelques perspectives inquiétantes, telles que le «  fascisme potentiel » ou la « démagogie populiste » – Le Pen et Mélenchon sont là pour ça – mais bien de regarder en face une réalité qui, un jour ou l’autre, s’imposera à tous : il est vital que les musulmans de France se mobilisent, organisent leur religion et qu’ils acceptent définitivement de reporter dans la sphère privée l’exercice de leur culte. Car c’est une évidence, nous avons toléré l’intolérable… En vrac : horaires piscines homme/femme, prières dans les couloirs des hôpitaux et entreprises, refus divers de serrer la main des femmes, de s’assoir là où une femme s’est assise (voir RATP) etc, etc, etc. Dans l’immédiat, ces comportements ne doivent plus être acceptés : si, dans une entreprise, un homme refuse de serrer la main d’une femme, il doit être licencié, ce qui est quasiment impossible aujourd’hui. Cet homme est pour moi une grenade dégoupillée. D’autres réformes sont urgentes, mais elles auront un coût élevé et il n’est pas certain que le pays accepte ces sacrifices financiers. Un exemple d’actualité parmi d’autres : beaucoup se radicalisent en prison, celles-ci sont surpeuplées au-delà du tolérable, les tribunaux depuis 2012 incarcèrent le moins possible, de nombreuses peines ne sont pas exécutées et pourtant, la population carcérale ne cesse d’augmenter.

On voit donc bien qu’il ne s’agit pas du « sentiment d’insécurité » cher à certains sociologues, mais que l’augmentation de la délinquance est un fait. Les réformes de Mme Taubira n’ont eu aucun effet positif important. Alors, que fait-on dans l’immédiat ? Il va bien falloir construire des prisons en dépit des oppositions toujours présentes contre une « société de l’enfermement ». Il est d’ailleurs dommage que la proximité des échéances électorales brouille aussi violemment le débat politique et citoyen. Je pense avoir une certaine légitimité sur le sujet : J’ai écrit en 1993, « Le FIS, un danger pour la France » (deux ans avant les « attentats KelK al  » du RER Saint-Michel, il y a donc… 23 ans ! ) et je n’ai jamais cessé, depuis, de travailler sur le sujet.

Je suis donc inquiet, très inquiet. Les surenchères me laissent indifférent et je n’ai qu’une relative confiance dans les promesses des politiques actuelles ou futurs. Je pense aussi avoir le recul nécessaire pour apprécier, froidement, la situation actuelle. C’est ce que certains définissent comme « le calme des vieilles troupes », mais je ne suis plus rassuré par mon habituel « j’en ai vu d’autres  !  ». Certes, j’en ai vu d’autres, mais c’était dans un monde, comment dire, plus « simple ». Je me suis toujours considéré comme une sentinelle, parmi d’autres, et ce n’est pas le moment de changer.


* Prochain ouvrage, « La France exposée »,
à paraître en juin 2017