Présentant son récent Rapport sur la nécessité d’adapter les règles de concurrence pour l’agriculture, Jean Bizet, Président de la Commission des Affaires européennes du Sénat, a jugé que la situation sinistrée de la filière de la viande bovine française illustre, à elle seule, la nécessité de sortir du statu quo en la matière. « Certes, notre long déclin ne s’explique pas principalement par ce seul facteur et tient aussi aux comportements non coopératifs de nombreux acteursde la filière », estime Jean Bizet. « Pour autant, un tel verrou réglementaire condamne nos agriculteurs à rester des « preneurs de prix » dans la chaîne de valeur alimentaire ; conjugué à l’interprétation qui en est faite par les Autorités nationales de la concurrence, cela représente un obstacle majeur », dit-il. La crise de la viande bovine française, qui n’affecte pas les autres pays européens, handicaperait, « par ricochet », notre pays dans les négociations commerciales internationales, menées pour le compte de la France et des autres États membres, par la Commission européenne.

Dès lors, sortir de l’impasse nécessite un sursaut collectif. Dans cet objectif, le Rapport d’information adopté par la Commission des Affaires européennes du Sénat formule un ensemble de propositions à l’attention des professionnels et des Pouvoirs publics.Ces derniers devant, en particulier, « amener nos producteurs de viande bovine à privilégier des animaux moins lourds et plus jeunes, pour proposer une viande plus tendre et goûteuse », explique le Sénateur, avant de poursuivre : « Cela permettrait également de réduire l’empreinte carbone et, par là même, de contribuer favorablement à la transition écologique ». Le Rapport d’information du Sénat propose ainsi que le versement de l’Aide aux bovins allaitants (ABA) ne soit pas intégral si l’âge des animaux abattus dépasse 16-18 mois.Au-delà et, d’une façon générale, Jean Bizet plaide en faveur d’un changement de paradigme en matière de concurrence et d’agriculture dans l’Union européenne. Pour ce faire, il appelle à s’inspirer d’une loi américaine centenaire : le « Capper Volstead Act », du 18 février 1922 pour consacrer un principe favorable aux associations agricoles et autoriser la fixation de prix communs de cession. Selon Jean Bizet, « c’est le seul moyen de redonner aux agriculteurs français un pouvoir de marché. En dernière analyse, la Politique agricole commune doit primer sur les règles européennes de la concurrence »…