Lorsque l’Europe, avance la paix progresse
Par Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Défense.

Face à la nature diffuse des menaces actuelles, il est essentiel d’agir ensemble, car l’Europe a un rôle clé à jouer dans la sécurité internationale. L’Europe de la défense est aujourd’hui une réalité. Elle a permis de mettre en place des instruments et des capacités civils et militaires qui répondent aux ambitions de la Stratégie européenne de sécurité adoptée lors du Conseil de Bruxelles le 12 décembre 2003. Cette stratégie, à laquelle la France a contribué de manière déterminante, repose sur une approche globale de la sécurité, sur la construction d’un multilatéralisme efficace et sur le développement du droit international.
Pour atteindre ces objectifs, l’Union doit disposer de forces armées capables d’agir de manière coordonnée, depuis le niveau stratégique jusqu’aux théâtres d’opérations, et être en mesure de déployer rapidement des moyens interopérables dans le respect du droit international.
Des progrès significatifs ont été réalisés dans cette direction. La France soutient activement l’engagement de l’Union dans le développement des capacités militaires à l’horizon 2010. Nous avons démontré notre volonté de jouer un rôle de leader dans les initiatives capacitaires, notamment au cours des deux dernières années où des projets ambitieux ont vu le jour. Par exemple, la création des 13 groupements tactiques interarmées, ou « Battlegroups », décidée le 22 novembre 2004 à Bruxelles, permet un déploiement en quinze jours maximum de forces de 1 500 hommes chacune, renforçant ainsi les capacités européennes de réaction rapide. De même, la Force européenne de gendarmerie (FGE), opérationnelle depuis l’été dernier, est un exemple marquant : dotée d’un état-major permanent à Vincenza, en Italie, elle est dirigée par un général de gendarmerie français, offrant à l’Europe des capacités de gestion de sortie de crise et de soutien à la transition politique.
Au-delà de ces avancées, la France contribue activement aux efforts européens avec des moyens humains, matériels et financiers accrus, notamment dans le cadre de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD). Notre participation à diverses forces européennes, comme le Corps européen (Eurocorps) ou les Euroforces (Eurofor et Euromarfor), reflète notre engagement continu en faveur des coopérations structurées prévues par le traité de l’Union.
Les succès des opérations Concordia en Macédoine, Artémis en République Démocratique du Congo en 2003, et la relève de la SFOR en Bosnie par l’opération Althéa, démontrent la pertinence du projet européen et sa complémentarité avec l’Alliance atlantique.
Sur le plan capacitaire, notre soutien à une industrie européenne de défense se traduit par notre implication dans des programmes majeurs tels que l’avion de transport A400M, les frégates multimissions, et les démonstrateurs de drones. La création de l’Agence Européenne de Défense, le 12 juillet 2004, est une étape importante. Elle vise à établir une base industrielle et technologique européenne compétitive dans le secteur de l’armement, tout en garantissant l’autonomie en matière d’équipements.
Le domaine spatial représente également un enjeu stratégique crucial pour l’Europe. Le lancement du satellite d’observation stratégique Hélios II le 18 décembre dernier est un exemple de la coopération réussie entre partenaires en matière de défense. La France et l’Europe ne peuvent se permettre d’ignorer les défis liés à l’espace, et notre pays poursuivra une politique ambitieuse de modernisation dans ce domaine.
Ce qui semblait autrefois utopique est aujourd’hui une réalité : l’Europe de la défense attire désormais l’intérêt de nombreux pays qui étaient auparavant réservés. L’Union Européenne dispose désormais des outils nécessaires pour être un pilier de stabilité en Europe et pour contribuer activement à la paix et à la sécurité au-delà de ses frontières.
La France a pris l’initiative d’organiser une rencontre entre les ministres de la Défense des pays du Nord et du Sud de la Méditerranée occidentale afin de lancer un programme concret visant à renforcer la sécurité dans cette région.
Cependant, il reste encore de nombreux domaines à explorer et des perspectives de progrès à envisager. Le travail est loin d’être terminé. La France est déterminée à poursuivre ses efforts et à demeurer force de proposition dans cette avancée.
Construire l’Europe de la défense répond aux attentes de nos concitoyens, qui voient en elle un gage de paix pour notre continent. Avec le traité portant Constitution de l’Union, nous disposons désormais d’un cadre adapté aux responsabilités que les Européens souhaitent assumer sur la scène internationale, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité.
Michèle Alliot-Marie,
Ministre de la Défense.