HISTORIQUE

De la Gazette de France au Journal du Parlement…

Lorsque Théophraste Renaudot fonde en 1631 La Gazette de France, premier journal de notre pays, Louis XIII et Richelieu figurent parmi les premiers signataires de ses colonnes. Des siècles plus tard, Le Journal du Parlement, fidèle à l’esprit de faire commenter les grandes idées de son époque par les acteurs du monde politique, se considère comme le « descendant en ligne directe » de La Gazette de France, comme l’indique la Présidente des « Amis de Théophraste Renaudot ». Au fil du temps, il a porté divers noms.

Nous trouvons d’abord des exemplaires historiques très rares publiés à Paris en 1649, rédigés ainsi : « Journal contenant ce qui s’est fait et passé en la Cour de Parlement de Paris, toutes les chambres assemblées & autres lieux : sur le sujet des affaires du temps présent des années 1648 et 1649. Procès verbaux des deux conférences : la première tenue à Rueil, le dernier jour de février & autres jours suivants, entre les députez du Roy et les députez du Parlement & des autres compagnies souveraines. La seconde tenue à S. Germain en Laye le 16ème jour de mars & autres suivants, 1649 entre les députez du Roy et ceux du Parlement & des compagnies souveraines de la ville de Rouen ; à Paris, par les imprimeurs ordinaires du Roy, 1649. In-4 de 96pp. »

Ces recueils, reliés en un volume in quarto et en vélin souple, forment l’édition originale de la première publication du Journal du Parlement, couvrant les années 1646 puis 1648-1649. « Le Journal du Parlement offre une histoire du Parlement de Paris depuis le 16 avril 1648 jusqu’à janvier 1653 ; il s’inscrit ainsi dans les mazarinades, tout en reproduisant les débats et les arrêts rendus par le Parlement. Il apparaît comme la première publication officielle consacrée aux débats parlementaires », écrit l’historien Jean Sgard.

Le Journal du Parlement et La Fronde

On lira également avec intérêt l’ouvrage de Marie-Noëlle Grand-Mesnil consacré aux années 1648-1649. Celle-ci précise : « La première révolte de la Fronde fut celle du Parlement. À la suite d’édits fiscaux excessifs et après des remontrances infructueuses auprès du Roi, le Parlement se joignit aux autres cours souveraines dans la chambre Saint-Louis et élabora un plan de réformes en 27 articles, que la reine dut accepter par la déclaration du 13 juillet 1648. De cette période reste un compte-rendu complet et assez exact, rédigé par un greffier du Parlement : Le Journal du Parlement, qui fut publié jusqu’à la fin de la Fronde. »

On notera enfin que, dans sa première édition, le Dictionnaire de l’Académie française illustre la définition du mot « journal » par Le Journal du Parlement. Cependant, plusieurs changements de nom ont eu lieu au cours de l’histoire, notamment durant la Révolution française (Journal des États Généraux, dirigé par Mirabeau, Journal de l’Assemblée Nationale). Le terme « Journal » sera même supprimé pour ne garder que « Parlement » sous le Second Empire. Après des parutions sous la IIIe République, le titre sera réinstitué sous la IVe République, avec Claude-Henry Leconte, figure marquante de la presse française, en tant que Président du Conseil de Rédaction, poste qu’il conservera sous la Ve République.

Un grand témoin du XXème siècle

Celui-ci, dont le nom reste lié au Journal du Parlement (et continue d’y être mentionné en Une depuis sa disparition), fut considéré comme l’un des journalistes les plus importants de son époque. Salué comme « un des grands témoins de notre siècle » par le ministre de la Culture de l’époque, Catherine Trautmann, et reconnu par Le Figaro et France Info comme « l’un des plus fins connaisseurs de la vie politique française », Claude-Henry Leconte, disciple d’Alain, ami de Camus et d’Aragon, fut notamment Secrétaire général de la Rédaction de l’AFP, Rédacteur en Chef de Radio-France, et correspondant de guerre sur le front d’Italie à la demande du Général de Gaulle et d’Eisenhower.

Directeur au journal Combat, il devint Conseiller spécial du Président de la Générale Occidentale, Jimmy Goldsmith, Conseiller de la Présidence de L’Express, tout en étant éditorialiste et Président du Conseil de Rédaction du Journal du Parlement. Président d’honneur de l’Académie des Arts, Sciences et Lettres, Président d’honneur des Journalistes Européens, et Président-fondateur du Comité des Intellectuels Européens, il conçut la nouvelle formule du Journal du Parlement et de ses suppléments avec l’actuel Directeur de la Rédaction, qu’il avait choisi comme successeur.

Puis, pendant près de deux décennies, un autre homme de média, Alain Taupinart de Tilière, fondateur de publications de presse et Président du Comité de France, doyen des administrateurs du Syndicat de la Presse d’Information Spécialisée puis du Syndicat de la Presse Magazine et Spécialisée, et Membre de la Fédération Nationale de la Presse française, aujourd’hui Président d’honneur du Journal du Parlement et de l’Office de presse parlementaire, réorganisa et développa les publications en leur donnant un nouvel élan.

À son propos, le Ministre des Relations avec le Parlement, Henri Cuq, souligna son parcours exceptionnel dans le monde de la presse, ce qui lui valut de recevoir la Légion d’Honneur sur la propre réserve du Président de la République, en présence de Madame André Malraux, du Ministre du Général de Gaulle, Roland Nungesser, premier Vice-président honoraire de l’Assemblée Nationale, et de nombreuses personnalités du monde politique, diplomatique et médiatique.

Plus tard, le Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, lui décernera l’Ordre des Arts et des Lettres pour son action à la tête du Journal du Parlement.

À sa disparition, l’Observatoire de l’Édition et des Papiers de Presse, au sein de la Commission Malraux, mettra en Une son nom comme une figure de la presse française, et Alain Malraux signera son éloge en rappelant ses nombreuses activités et sa nomination à la Vice-présidence du Comité des Intellectuels Européens.

Claude Henry Leconte
Président du Conseil de Rédaction

Alain Taupinart de Tilière
Président de l’Office de Presse Parlementaire

Quelques évolutions du Journal du Parlement

Aujourd’hui, le Journal du Parlement (à propos duquel Nicolas Sarkozy écrivait : « Je connais la qualité de vos parutions et la rigueur de vos études qui permettent depuis des années à votre organe de presse de bénéficier de la confiance du monde politique et économique… »), comporte une édition nationale, conservant le célèbre papier bleu de ses origines, ainsi que des magazines regroupés en collections de dossiers d’information parlementaire. Fondés en 1984 et refondus en l’an 2000, ces dossiers couvrent les différents champs de l’actualité politique et offrent, notamment, un panorama sans équivalent des différents départements, communautés de communes et régions de France. Le Président de la République a d’ailleurs salué la nouvelle formule du Journal, soulignant qu’elle maintient son exigence de qualité par ses substantiels articles d’information sur la vie parlementaire et les grands thèmes politiques et économiques qu’elle aborde.

Le Journal du Parlement est présidé par Olivier de Tilière, Éditeur, Directeur de publications de presse, Editorialiste et Président de l’Office de Presse Parlementaire, Président du Comité de l’Europe pour les Études et Informations Parlementaires, Vice-président du Haut Comité National de la Francophonie, Administrateur du Syndicat de la Presse Économique, Juridique et Politique, ainsi que de l’Observatoire de l’Édition et des Papiers de Presse, et Membre de l’Union Française des Experts en Antiquités et Objets d’Art.

En 2017, à l’occasion de l’exposition des Nations-Unies dédiée aux « Unes » emblématiques, le Président de la République François Hollande et la Directrice Générale de l’Unesco, Irina Bokova, ont découvert le premier numéro du Journal du Parlement, exposé dans la vitrine des fondateurs historiques de la presse francophone.

Comme le rappelait le grand collectionneur Alain Schott, fondateur d’Info matin et organisateur de l’exposition à l’Unesco : « Le Journal du Parlement nous prête le premier exemplaire du Journal du Parlement de Paris, datant de 1648, qui est la première des publications officielles consacrées aux débats parlementaires. »

Enfin, à l’occasion du 375ème anniversaire de la première parution du titre, un numéro Collector, sous le patronage du Comité de l’Europe, a été publié, réunissant certains des grands entretiens publiés en exclusivité dans le Journal du Parlement, avec notamment : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, George W. Bush, Colin Powell, Mikhaïl Gorbatchev, Shimon Peres, Al Gore, Tony Blair, Romano Prodi, et d’autres personnalités de premier plan.

Le Président François Hollande et Irina Bokova,
découvrant la Une historique du Journal du Parlement.