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Nicolas Sarkozy
Nicolas SarkozyAncien Président,
de la République

« La France est-elle réformable ? » 

Certains affirment qu’il existe un « mal français » qui condamnerait notre pays à l’immobilisme. Je n’y crois pas. Il est trop facile pour une partie des élites de se défausser sur les Français qui seraient rétifs à toute réforme ou sur des structures syndicales qui n’ont jamais que le pouvoir qu’on leur donne. La responsabilité incombe au politique. C’est à lui qu’il revient de s’interroger et de se remettre en question pour retrouver sa capacité à agir. 

À quoi cela sert-il d’élire un Président au suffrage universel si ce Président ne gouverne pas et ne fixe aucun cap ? Si ce Président n’est pas responsable, s’il ne s’engage pas, s’il ne croit en rien et tout compte fait, ne fait rien ? 

Quatre années plus tard, l’inefficacité de ce gouvernement nous ferait croire que la France n’est pas réformable, alors que nous l’avons fait lors du quinquennat précédent. Le projet El Khomri est un bel exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Annoncée par surprise et en contradiction avec leurs promesses électorales, cette réforme laisse nombre de nos concitoyens dans l’incompréhension. Le gouvernement a vidé la loi de son contenu, a reculé face à la rue avant même de déposer son texte, puis a rouvert les vannes de la dépense publique de façon inconsidérée. La grande réforme du marché du travail dont notre pays et notre économie ont tant besoin devra attendre l’alternance. C’est d’ailleurs ce qui m’a conduit à ne jamais reculer sur une réforme quand j’étais Président de la République, parce que lâcher sur une réforme, c’est lâcher sur toutes celles qui devaient suivre.

En 2007, lors de la réforme des régimes spéciaux, il y a eu neuf jours de mobilisation, nous n’avons pas cédé. Et que dire de la réforme des retraites de 2010, qui a mis fin au symbole de la retraite à 60 ans : 10 manifestations, dont la dernière avait rassemblé plus d’1 million de personnes.

Au fond, un principe devra guider l’action de notre famille politique pour permettre le redressement du pays et rétablir la confiance avec les Français. Il nous faudra tout dire avant, pour tout faire après.

Tout dire avant, c’est faire le pari de la franchise et de la clarté. Tout faire après, c’est faire celui de la constance et de la détermination dans l’action. La situation est trop grave pour que nous puissions continuer avec les faux-semblants et les immobilismes d’antan. Nous sommes au bout d’une politique qui a conduit à avoir plus d’un million de chômeurs supplémentaires depuis 2012. Seules des réformes en profondeur et de structure pourront insuffler un nouvel élan à notre pays. Il faudra en conséquence agir vite en décidant simultanément les économies et les baisses d’impôts. L’absence de vision et de mesures fortes nous mène à la situation que nous connaissons  : la surenchère des mots et l’impuissance politique qui nourrissent la montée du ressentiment et de l’abstention. Je veux que la politique cesse d’être synonyme de renoncement, parce que la fatalité n’est jamais une stratégie. Il n’y a pas de fatalité à ce que nous fassions moins bien que nos partenaires. Il n’y a pas de fatalité à ce que les valeurs de la République continuent de reculer. En disant la vérité, on crée de la confiance et avec cette confiance, on permet de croire à nouveau dans une France qui rayonne et qui a un avenir.  Notre devoir, nous les Républicains, est donc de créer les conditions de l’alternance républicaine que les Français attendent. Il en va de la capacité à réformer notre pays, la France, qui, j’en suis convaincu, dispose de tous les atouts pour réussir.

Nicolas Sarkozy
Ancien Président
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