Général Patrick Felden
Général Patrick FeldenPrésident de la Fédération Jonxio

Jonxio : Protection sociale, défense sécurité

La Fédération Tégo a changé de nom et se nomme désormais Jonxio… Un nouveau nom signifie-t-il de nouvelles ambitions ?

Cette Fédération a été créée à l’initiative de deux associations, AGPM et GMPA, fin 2015, avec, pour objet, de fonder un Groupe pour réfléchir sur les évolutions de la protection sociale « défense-sécurité » et faire émerger des solutions aux problématiques identifiées. Il s’agissait également de porter un accent sur les questions liées à l’entraide, la prévention et démocratiser l’information sur la protection sociale. C’est un véritable projet politique, dont l’objectif principal est d’être une petite force de lobbying, afin d’alerter les pouvoirs publics et d’apporter une solide expertise. L’idée est de fédérer tous les acteurs concernés autour de cette dynamique. Cette Fédération avait pour nom Tégo. Parallèlement, les deux fondateurs avaient initié une démarche de rapprochement avec un objet commercial. Cette évolution induit une confusion entre l’objet politique de la Fédération et la vocation commerciale du rapprochement de ses deux fondateurs. La Fédération s’appelle désormais Jonxio et se démarque clairement des activités de l’association Tégo, même si cette dernière reste, bien évidemment, un membre à part entière de la Fédération. L’objet d’être une force d’expertise sur les sujets de fond de la protection sociale du milieu « défense-sécurité » est réaffirmé, ainsi que sur les problématiques d’actualité, avec un focus sur l’entraide et la prévention.

Peut-on y voir une sorte de « syndicat professionnel » dédié à la protection sociale de la communauté « défense-sécurité » ?

Il est vrai que nous avons employé ce terme à un moment donné, mais, in fine, il n’était pas vraiment approprié, car il pouvait donner  l’impression de ne se soucier que des intérêts de ses membres, alors que notre but est, a contrario, de défendre les intérêts des populations protégées. Nous sommes, en effet, tournés vers les populations et les Institutions de défense et de sécurité (Ministères de la Défense et de l’Intérieur) pour constituer une expertise externe à ces Ministères et leur apporter un éclairage sur des sujets complexes. Nous voulons être force d’information et de proposition : porter la voix du plus grand nombre pour donner de la crédibilité à nos actions.

Quels sont vos objectifs en termes d’adhérents ? Est-ce l’occasion de voir la « grande famille de la Défense » réunie ?  Et, en fin de compte, quels acteurs viendraient composer cette « maison commune » ?

L’idée est de fédérer le plus grand nombre d’acteurs possible. Ce n’est pas un sujet très simple, car nous sommes dans un milieu où la concurrence a été, à la fois, exacerbée dans le passé et polluée par le référencement qui a créé des crispations dans toutes les mutuelles de la Fonction publique. L’objectif est d’essayer de rassembler tous les acteurs connus dans le milieu « défense-sécurité ». Et à dire vrai, nous ne sommes pas très loin d’y parvenir !

Quels messages et actions souhaitez-vous porter auprès des pouvoirs publics ? Et quelles orientations majeures souhaitez-vous impulser ?

Nous portons plusieurs sujets de préoccupations, au premier rang desquels, l’avenir du référencement pour la protection sociale complémentaire, qui s’inscrit dans le cadre des réflexions sur la protection sociale des agents de la Fonction publique. Nous pouvons apporter notre expertise sur les travaux en cours. Concernant l’évolution des retraites de la Fonction publique, nous n’avons pas notre mot à dire, mais nous pouvons trouver des solutions sur les retraites complémentaires et supplémentaires, en fonction des propositions faites par le Gouvernement.

Quant au sujet de la prévention, lui aussi, central, nous ne nous positionnons pas sur des approches opérationnelles, mais sur des réflexions de fond : quels outils peut-on imager ou comment réinventer la prévention de demain ? Ainsi, vous l’aurez compris, la Fédération se situe à un niveau stratégique supérieur, plus que véritablement opérationnel, c’est-à-dire que nous sommes à même, j’insiste, de conduire, de bout en bout, des réflexions de fond, que chacun sera, ensuite, susceptible de s’approprier et de décliner.

Quelle feuille de route vous êtes-vous fixée pour les prochaines années ?

Elle est encore en cours de constitution. Le changement de nom a, comme vous pouvez l’imaginer, retardé sa finalisation. La structure et la Fédération ont été portées à la fois par le Président et le Délégué général. Jusqu’à aujourd’hui, le Délégué général venait, soit de l’AGPM, soit de GMPA. Désormais, nous avons décidé de recruter un Délégué général extérieur, chargé de bâtir, avec moi, la feuille de route. Des briques ont d’ores et déjà été mises en place sur le référencement ou la retraite. Il s’agit, maintenant, de nous mettre en ordre de bataille, de créer des Comités thématiques, comme dans toutes les Fédérations professionnelles qui se réunissent régulièrement, approfondissent les sujets et diffusent des publications.

Comment pourriez-vous définir l’expertise de Jonxio ? Et quels sont ses véritables atouts ?

Nous concentrons notre expertise en matière de protection sociale sur le milieu « défense-sécurité ». Les militaires bénéficient d’un statut particulier, différent de celui de la Fonction publique, avec un système de protection sociale spécifique. Nous sommes présents pour partager notre expertise et étudier son évolution. Nous avons, par exemple, les compétences et le savoir faire sur les contrats santé-prévoyance, qui sont très différents et plus protecteurs.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la protection sociale de la Communauté « défense et sécurité » ?

Objectivement, la protection sociale des militaires et des policiers est plutôt d’un niveau supérieur à la moyenne et assez favorable, notamment en ce qui concerne les accidents en service. Pour des accidents en dehors du service, le système général reprend ses droits. Les militaires doivent donc bénéficier d’un degré de protection supplémentaire. Celle-ci est indépendante de la situation familiale. Or, il est fondamental que les agents choisissent une couverture complémentaire pour adapter leur protection à leur situation. Le point de préoccupation, à mon avis, est celui de la retraite, mais pas au sens d’une corporation qui pourrait s’inquiéter de perdre ses avantages. Nous ne nous situons pas sur ce domaine, mais sur un point précis, qui concerne principalement les militaires et en particulier, les jeunes. En effet, ils ont des carrières multiples : après 5, 15 ou 20 ans de parcours militaire, ils passent à autre chose. Ils sont contraints de quitter l’Institution assez tôt, car l’on ne peut pas rester en activité sur les théâtres d’opération au-delà d’un certain âge. C’est une difficulté incontournable, qui génère, de facto, des particularités sur la constitution des points retraites et cela doit être examiné de façon singulière. Sur les dispositifs de recours complémentaires, nous devons aussi inventer des systèmes trans-statuts. C’est un vrai sujet, dont Jonxio compte bien s’emparer !

Comment, selon vous, doivent évoluer la protection et l’accompagnement social au profit de la communauté défense-sécurité ?

Cela rejoint les principaux sujets de préoccupation qui sont les nôtres : le devenir de la protection sociale complémentaire et l’évolution du dispositif de référencement. La communauté « sécurité-défense » ne doit pas être exclue du reste de la Fonction publique dans ce domaine. Pour la question des retraites, nous sommes tous dans l’expectative. Nous travaillons, en outre, énormément sur la problématique de l’entraide. Jonxio a fait un très gros effort pour fédérer les actions diverses et variées de tous les organismes qui oeuvrent en la matière. Il existe en effet  un grand nombre d’associations d’entraide dans notre milieu : pour l’Armée de terre, l’Armée de l’air, la Marine, la Gendarmerie, les Troupes de montagne ou les Parachutistes, etc. Chaque métier a son association, voire deux et elles ont toutes une vraie légitimité, mais il n’est pas aisé de s’y retrouver. C’est pourquoi j’essaie de porter l’idée au mieux, de mettre en réseau ce dispositif, y compris l’entraide que portent les mutuelles, avec un message très important : la Fédération Jonxio ne veut, en aucune manière, assurer la direction. Nous voulons aider tout le monde à mieux travailler ensemble, mais pas diriger.  Cela fait 3 ans que je porte le projet. Notre message commence à passer, notamment par le biais du « Grand Débat », le colloque où nous essayons de réunir de nombreux acteurs, du tissu associatif notamment, sur une problématique particulière de la protection sociale. Le colloque a permis, dès lors, de mettre autour de la table des gens qui ne se croisaient pas et qui, finalement, en échangeant, parviennent à mieux travailler ensemble.

Justement que retenir du Colloque du 7 novembre autour de l’accompagnement des veuves et des orphelins dans la Défense et la Sécurité ?

Notre  premier but, avec ce type d’événement, est de réunir le plus grand nombre d’acteurs sur une problématique de protection sociale au sens large, qui viennent de milieux divers et variés, y compris de l’extérieur du secteur « défense-sécurité », pour ne pas rester dans l‘entre-soi. Notre dernier colloque a réuni pas moins de 300 participants et une vingtaine d’organismes. Nous avons traité les différentes problématiques avec des ébauches de solutions, qu’il nous restera à décliner. L’accompagnement des veuves reste, en effet, un problème à prendre à bras le corps. Mais une chose est sûre : nous allons faire avancer les choses !

Site web : jonxio.fr