Grand débat entre les candidats à la Présidentielle et leur porte-paroles pour exposer leurs visions économiques lors de la conférence organisée par Croissance Plus (le réseau de dirigeants de PME), France Invest (l’association des acteurs français du capital-investissement) et le Meti (le Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire) sur le thème « Entreprendre, produire et investir en France »…

Les candidats parmi lesquels se trouvaient Bruno Le Maire, Valérie Pecresse et Eric Zemmour ont notamment multiplié les promesses de baisse des impôts de production ainsi que les frais de transmission – des mesures importantes qui occupent les entreprises et font l’objet de propositions fortes surtout à droite du spectre politique.

Le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est félicité, sans surprise, de la réactivité du gouvernement actuel pour sa gestion de la crise en évoquant, en particulier, les réformes fiscales – la suppression de l’ISF, la baisse de l’impôt sur les sociétés, à 25 %, le prélèvement forfaitaire unique et la baisse des impôts de production de 10 milliards d’euros…Il a cependant passé sous silence l’avertissement récent de la Cour de comptes qui a exprimé une vive inquiétude par rapport à la persistance d’un déficit structurel élevé et a fait appel au futur Président pour tenter de combler l’écart. Il n’a pas mentionné non plus le déficit commercial de 84,7 milliards d’euros… Dans le cas où Emmanuel Macron serait réélu pour le prochain quinquennat, Bruno Lemaire s’est prononcé favorable à la poursuite de la baisse des impôts de production pour un montant maximum de 10 à 15 milliards. Il a proposé également de réfléchir sur la suppression de la C3S, une exonération de charges pour les salaires au-dessus de 2,5 SMIC et d’aller jusqu’au bout de la suppression de la CVAE.

Il a, en outre, estimé vouloir relever le montant défiscalisé sur les transmissions tous les quinze ans de 100.000 à 200.000 euros, car cette mesure « donne de la visibilité pour construire le capitalisme familial ». Cependant, « ces options ne sont pas toutes possibles en même temps pour les finances publiques », a-t-il prévenu.

Pour Valérie Pécresse, il s’agirait de s’attaquer à ce qui reste de la C3S, à supprimer le forfait social, ainsi que les cotisations sur les attributions gratuites d’actions aux salariés. Plus tôt, elle était revenue sur son engagement récent de couper 10 milliards dans la fiscalité de production des PME. « Les autres impôts de production, on pourra les baisser uniquement quand la baisse des dépenses publiques nous le permettra », dit la candidate LR à l’Elysée, dont le programme n’avait pas suscité beaucoup d’enthousiasme dans la salle.

Eric Zemmour, quant à lui, a dressé un tableau des difficultés rencontrées par les entreprises en évoquant la crise des Gilets Jaunes et les confinements qui les ont fragilisé et alourdi le bilan de la dette ainsi que les nombreuses lourdeurs administratives et les contrôles fiscaux à répétition.

Au sujet de ces derniers il a souhaité que « le fisc aille voir davantage auprès des caïds de la drogue qu’auprès de nos entrepreneurs ». Il a suggéré des mesures emblématiques qui ont recueilli des applaudissements dans la salle, telles que la « baisse de 30 milliards des impôts de production, en supprimant en priorité la C3S et la CVAE ».

« Ce sont des impôts injustes, sans aucune logique économique », a-t-il affirmé. Il s’est aussi concentré sur l’importance de la réindustrialisation de la France en proposant par exemple d’exonérer d’impôts pendant 6 ans les structures qui s’installeraient dans des zones rurales. Pour contrer les obstacles administratifs et inciter les entreprises à se développer il a aussi voulu relever le seuil de la CFE de 50 à 250 salariés.

De même, il a souligné l’importance du financement français dans les entreprises et la création du Livret innovation qui encouragerait le financement français en direct, sans aucune fiscalité sur la plus-value. « C’est une question de souveraineté », – a-t-il ajouté.

Sa rivale à l’extrême droite, Marine Le Pen, voulait également surenchérir sur cette thématique fiscale. Mais elle n’est pas venue. Son représentant Franck Allisio a annoncé, comme Eric Zemmour, que la candidate RN voulait « supprimer la CFE partout sur le territoire et la C3S dans les zones où l’on souhaite que les entreprises se réinstallent »…

A noter qu’aucun des autres Partis n’avaient cru bon de faire directement venir leur candidat !

Dans la salle, beaucoup en déduisaient le peu de cas que ceux-ci portaient au monde entrepreneurial…

Marina Yaloyan
Membre correspondant du Comité de l’Europe