Aujourd’hui, environ 20% des Français ne savent pas du tout utiliser le numérique. 40% d’entre eux savent l’utiliser, mais préfèrent ne pas s’en servir. Les sources d’inquiétudes sont nombreuses : protection des données personnelles, violences et haine en ligne…

Si l’on considère que le numérique détruit, alors, il est naturel que les gens expriment des réticences et s’en éloignent. Dès lors, il est essentiel que l’espace numérique soit régi par des règles. On doit apporter plus de sécurité, plus de simplicité, mais aussi, plus de valeurs et d’impact. Si l’on fait tout cela, alors les Français auront toutes les raisons de se mobiliser pour plus de numérique partout. C’est notre rôle de montrer un chemin, d’expliquer ce que peuvent être les scénarios du numérique et de dire qu’on a consciemment choisi d’aller dans un sens plutôt qu’un autre. Il y a une façon de faire de la Tech à la française et à l’européenne et il y a une façon de faire de la Tech à la chinoise et à l’américaine. En France, on est toujours dans un équilibre entre performance et humanité. Par ailleurs, la France n’a pas à rougir de sa position sur la scène internationale et elle est attendue par plusieurs pays sur ces sujets.

La Tech à la française et à l’européenne, ce sont des valeurs et du sens. Si nous ne jouons pas sur le sens, si nous ne nous concentrons pas sur nos valeurs, d’autres seront toujours plus nombreux, toujours plus riches que nous. Il y a, de plus, différentes manières de penser le numérique, comme il y a des dynamiques différentes à l’origine des investissements : la performance, le contrôle, la protection, l’avantage stratégique. En Europe et en France, on innove pour avoir un impact responsable sur l’Homme et sur l’environnement. Tant que nous gardons ces objectifs, nous maintenons notre singularité. C’est précisément pour cela que nous avons organisé les Sommets « AI for Humanity » ou encore, « Tech for good ». L’humanité est la clé de la Tech à la française et à l’européenne ! Depuis sa création, la French Tech a pour objectif de permettre l’émergence des start-up françaises. C’est une mission réussie, puisqu’elle a participé à faire éclore un écosystème de 10 000 start-up. Nous devons maintenant pousser l’ambition : il faut permettre l’envol de cet écosystème français. Cela passe notamment par le soutien des entreprises qui ont des projets d’hyper croissance à l’international. Pour réussir, il faut qu’elles trouvent des fonds et de l’assistance à projet. Nous les aiderons, avec la constitution de programmes de mentoring et de nouveaux financements à hauteur de 70 millions d’euros.

Nous devons aussi améliorer notre capacité à attirer des talents. Pour y arriver, nous allons amplifier les dispositifs « French Tech visa » et « French Tech diversité ». La diversité et la mixité doivent être les deux grandes rames de la French Tech aujourd’hui. Moins d’une entreprise sur dix est dirigée par une femme dans la French Tech et les milieux les plus favorisés sont hyper représentés. L’ensemble de ces dispositifs ne sera efficace que lorsque les acteurs publics seront pleinement mobilisés. C’est pourquoi, nous avons également décidé la mise en place de relais start-up dans chaque Ministère.

Cependant, il faut impérativement porter sur la French Tech un regard à la fois intérieur et extérieur et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai nommé Kat Borlongan à la tête de la French Tech. C’est une entrepreneuse qui apporte des méthodes innovantes et qui porte une dynamique inédite à notre démarche : de l’émergence à l’éclosion des start-up françaises. Elle connaît l’écosystème des financeurs, des entrepreneurs, des acteurs publics en France et à l’étranger et c’est particulièrement nécessaire pour faire décoller la French Tech. Nous voulons que nos pépites soient plus visibles hors de nos frontières. C’est pourquoi, nous avons pensé la création d’un nouvel indice « next 40 », qui permettra d’accroître la visibilité des 40 start-up françaises les plus prometteuses. Elles seront sélectionnées tous les ans par un jury.

Au niveau européen, nous souhaitons déployer une véritable « Europe Tech », qui s’inspirerait du modèle français. Aujourd’hui, le manque de diversité dans les identités nationales des fondateurs de ces entreprises explique en partie qu’elles n’arrivent pas à toucher les 500 millions de citoyens européens. Nous n’avons pas encore de beaux exemples de start-up dans lesquelles les co-fondateurs viennent de plusieurs pays de l’Union et profitent de cette diversité pour développer un marché européen à part entière.

J’espère que nous serons le premier Gouvernement à pouvoir assister à l’avènement de ces pépites. 

Mounir Mahjoubi

Secrétaire d’État auprès du Premier ministre
chargé du Numérique