Clotide Valter
Clotide Valter Secrétaire d’État,
chargée de la Formation professionnelle
et de l’Apprentissage

Notre économie évolue et les mutations sont de plus en plus rapides. Un jeune qui débute aujourd’hui sa vie professionnelle va connaître la transformation numérique, la transition énergétique et d’autres mutations que nous ne soupçonnons même pas. Chacun devra savoir faire évoluer ses compétences au gré des exigences de l’économie et de ses propres aspirations. Ce constat partagé a structuré les politiques publiques que nous avons portées autour de deux axes forts : d’abord former plus, mieux et utile ; ensuite, donner à chacun la chance et les moyens de devenir acteur de son parcours professionnel.

Cela s’est traduit par une intensification de l’effort de formation, notamment avec le plan 500 000 formations supplémentaires qui double le nombre d’actions de formation au bénéfice des personnes en recherche d’emploi. Au départ, un constat inacceptable : les personnes en recherche d’emploi, qui avaient le plus besoin de formations, étaient, justement, celles qui en bénéficiaient le moins. Le Président de la République en a fait une priorité, avec le plan d’urgence pour l’emploi. Et le Gouvernement s’est donné les moyens de réussir ce défi, en y consacrant 1 milliard d’euros. Les objectifs sont atteints, avec près de 1,1 million d’actions de formation en 2016, dont 300 000 pour les personnes les plus éloignées de l’emploi. Mais attention, il ne s’agit pas de former pour former. Dans la loi du 5 mars 2014, nous avons fixé le cadre pertinent sur ces questions : c’est le quadripartisme qui associe l’État, les Conseils régionaux et les partenaires sociaux. Je suis impressionnée par l’investissement de chacun des partenaires et par l’efficacité de ce dispositif qui modifie en profondeur les pratiques. C’est dans ce cadre que nous avons considérablement amélioré l’adéquation entre formations et besoins des entreprises, grâce à des diagnostics territoriaux effectués de plus en plus finement dans tous les territoires. Fort de ce succès, l’État a proposé de reconduire ce plan sur le premier semestre. La loi du 5 mars 2014 a aussi porté l’ambition de permettre à chacun d’être acteur de son parcours professionnel. Elle a mis en place le Compte Personnel de Formation (CPF), qui attache les droits à la personne. Pour que ces droits nouveaux soient effectifs, elle a mis en place l’accompagnement nécessaire, grâce au Conseil en Évolution Professionnelle (CEP). Ce service gratuit et personnalisé propose à chacun d’être accompagné dans ses choix et responsabilisé dans ses décisions.

Depuis 2015, 750 000 dossiers utilisant le CPF ont été validés. Le Compte Personnel d’Activité (CPA), qui intègre le CPF depuis le 1er janvier 2017, conforte encore l’universalité du droit à la formation. La loi du 8 août 2016 a notamment permis de doubler les droits à la formation inscrits dans le CPA des personnes peu qualifiées et a institué un mécanisme d’abondement des droits à la formation pour les jeunes sortis sans qualification du système scolaire. Donner à chacun la possibilité de se révéler, grâce à la formation professionnelle, c’est aussi l’objectif du Gouvernement dans son soutien à l’apprentissage. C’est une voie de formation moderne, qui prépare à tous les niveaux de qualification, du CAP jusqu’à bac + 5. Pour les moins de 26 ans (30 ans dans déjà 7 régions volontaires en 2017), l’apprentissage, c’est une formation gratuite ; c’est aussi le versement d’une rémunération aux jeunes qui permet de financer leurs études ; c’est surtout un accès à l’emploi : 7 sur 10 sont recrutés à l’issue de leur formation.

Mais en prenant mes fonctions, j’ai été frappée de constater le décalage qui existe entre la réussite des jeunes qui sortent d’une formation en alternance, leur accès à l’emploi, l’ascension sociale qu’elle permet avec des jeunes qui deviennent ingénieurs ou chefs d’entreprise (50% dans le secteur artisanal) et l’image dépassée qui prévaut trop souvent dans la société et qui constitue un frein pour certains jeunes et leurs parents. Il faut expliquer davantage l’intérêt de la voie professionnelle et ce qu’elle offre comme perspectives. Il faut réussir à modifier les représentations sociales et changer son image. Les lignes commencent à bouger, mais c’est un travail au long cours que nous devons collectivement mener sans relâche.

Pour mener davantage de jeunes à la réussite, le Gouvernement a pris des mesures importantes : il a d’abord renforcé les droits des apprentis… Il a promu l’égalité de droit avec les étudiants : les apprentis sont titulaires de la carte des métiers des étudiants depuis 2012. Ce sont des droits nouveaux en termes de transports, de logement, de loisirs, de restauration… Ils peuvent aussi percevoir, depuis la rentrée, l’aide à la recherche d’un premier emploi et bénéficient des prestations du CROUS ; dans le même temps, nous avons souhaité une égalité de droits sociaux avec les salariés : droits à la retraite depuis 2014, CPF depuis 2015, protection sociale complémentaire et prime d’activité depuis 2016, CPA en 2017; nous avons aussi amélioré le pouvoir d’achat des apprentis, avec une aide financière d’un montant de 335 euros, qui sera versée en 2017 aux jeunes de moins de 21 ans et sera sans impact sur les entreprises, car entièrement financée par l’État. Nous avons ensuite diversifié l’offre de formation, en ouvrant depuis juin l’accès des titres professionnels du ministère de l’Emploi à la voie de l’apprentissage, afin d’offrir de nouveaux débouchés, de toucher un public de jeunes plus large et de permettre des entrées en apprentissage tout au long de l’année. Le Gouvernement a également donné l’exemple, en reconnaissant pleinement cette possibilité de formation dans la fonction publique.

Fin 2017, en deux ans, 10 000 apprentis auront été recrutés sur tous les niveaux de qualification !

Enfin, rénover l’apprentissage, c’est investir dans l’appareil de formation. L’État a modernisé 100 000 places, pour un montant de 450 millions d’euros, via le PIA et 280 millions d’euros de ressources supplémentaires ont été attribuées aux CFA, au titre de la taxe d’apprentissage en 2015. En outre, l’État a versé aux Conseils régionaux 146 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2014. D’autre part, le Gouvernement continue à accompagner les entreprises. Il poursuit les exonérations de cotisations sociales, les aides supplémentaires en cas d’embauche d’un travailleur handicapé et les crédits d’impôts.

Nous avons surtout été très volontaristes dans l’accompagnement des entreprises de moins de 11 salariés qui embauchent un jeune de moins de 18 ans.

L’aide TPE jeune apprenti connaît un très grand succès, avec plus de 100 000 demandes. Après deux années de baisse, qui s’expliquent en partie par la crise économique, les résultats sont au rendez-vous, avec 3,5% d’entrées supplémentaires en apprentissage sur la campagne de juin 2015 à mai  2016 (soit 280 000 contrats). La formation professionnelle s’impose comme un levier de transformation de la société et un instrument clef de la politique pour l’emploi. Elle doit être au cœur de notre stratégie de croissance, c’est un investissement pour l’avenir.