42,9 degrés à Biarritz, 39,3 degrés à Brest, 33 millions de déplacés au Pakistan, plus de 1000 km de cours d’eau à sec : l’été 2022 aurait dû susciter un sursaut collectif. Les impacts du réchauffement climatique se multiplient, la biodiversité s’effondre et les inégalités se répandent. Les Députés écologistes travaillent et agissent dans l’Hémicycle comme en dehors pour défendre les ruptures écologiques et sociales que notre époque impose.
En effet, aux impacts du réchauffement climatique s’ajoutent cet automne les conséquences économiques et sociales du conflit ukrainien, avec l’explosion des coûts de l’énergie et une inflation galopante. Ces hausses frappent de plein fouet les ménages les plus pauvres et les plus fragiles. Aussi, nous devons construire les conditions qui permettront aux Français et aux Françaises de vivre et de se chauffer correctement, sans sacrifice. C’est précisément le sens du combat des écologistes cet automne à l’Assemblée, avec trois chantiers prioritaires : la lutte contre la précarité énergétique, la rénovation thermique et l’investissement dans les énergies renouvelables.
Garantir un accès à une énergie suffisante aux besoins essentiels, à un coût raisonnable.
Après cet été caniculaire et cet automne anormalement doux, l’hiver à venir pourrait également être très difficile. L’envolée des prix de l’énergie va renforcer les inégalités sociales. 12 millions de Français ont froid chez eux et de nombreuses familles seront obligées de faire des sacrifices pour chauffer leur foyer et les leurs. L’inaction climatique et l’incapacité à anticiper les crises nous touchent déjà de plein fouet. Nous avons besoin de changements structurels. Des changements qui protègent concrètement nos citoyens, qui anticipent les crises à venir et qui nous permettent d’adapter nos modes de vie.
Il est indispensable de garantir l’accès de tous et toutes à une énergie bon marché pour répondre aux besoins élémentaires et aux usages du quotidien (hygiène, chauffage, alimentation…). C’est pourquoi nous portons un bouclier tarifaire écologique. Les premiers mégawattheures doivent être vendus à un prix inférieur au prix du marché. Au-delà du seuil déterminé, qui couvre les besoins essentiels de chaque foyer, la consommation superflue de chaque foyer sera vendue au tarif du marché.
Portée par le Député Nicolas Thierry, cette mesure permettrait de répondre aux besoins essentiels, de protéger les plus modestes des envolées du marché, tout en refusant de subventionner les comportements sur-consommateurs.
Mener enfin une politique ambitieuse et structurelle de rénovation thermique des bâtiments.
Selon les derniers chiffres du Ministère du Logement, près de 4,8 millions de Français vivent actuellement dans des logements classés F ou G. Ce chiffre doit nous heurter collectivement. Aucune société développée ne devrait tolérer qu’un douzième de sa population vive dans des logements mal isolés. Pourtant, au rythme des rénovations menées aujourd’hui, il faudrait 320 ans pour rénover les passoires thermiques ! Les écologistes réclament un investissement massif pour la rénovation thermique, notamment en augmentant le budget de MaPrimeRenov’ à 9 milliards par an – budget minimum pour enfin agir concrètement et efficacement, en menant des travaux structurels et d’envergure. La flambée des coûts de l’énergie frappe aussi les Collectivités locales. Les Services publics en sont les premières victimes. Des Universités ferment plusieurs semaines, comme à Strasbourg et imposent à leurs étudiants des cours en visio et, souvent, la télé-solitude qui les accompagne. Des salles de sports et des piscines ne seront plus chauffées. Les Services publics ne peuvent servir de variable d’ajustement aux politiques budgétaires et énergétiques. Ils sont essentiels à la vie de tous et toutes. L’État doit faire le choix politique de les soutenir financièrement.
Les énergies renouvelables doivent devenir des moteurs de notre souveraineté et de notre transition énergétique.
Notre incapacité à agir efficacement face à l’urgence climatique risque de rendre caducs nos engagements à limiter le réchauffement à 1,5 °C. Pire, si nous ne faisons rien, nous allons vers une augmentation des températures à +3,2 °C en 2100, avec des conséquences très brutales sur nos conditions de vie, qui iront jusqu’à remettre en cause « l’habitabilité de la Terre », pour citer le regretté Bruno Latour. Les solutions pour prendre notre part dans la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, nous les avons sous nos pieds, dans les mers, dans les airs. Nous devons investir massivement dans les énergies renouvelables, pour gagner en souveraineté énergétique et en réduisant notre impact sur l’environnement et sur les portefeuilles. Notre géographie nous le permet, car notre variété de climats nous donne un avantage considérable dans l’éolien, l’hydrolien, le solaire et le géothermique. À condition de s’en donner les moyens !
En ce sens, toute impulsion politique visant à favoriser le développement du parc des énergies renouvelables en France ne peut qu’aller dans le bon sens, mais elle doit se faire dans le respect de la biodiversité. En effet, ne reproduisons pas dans notre transition énergétique les écueils de l’ancien modèle. Permettre aux Collectivités territoriales de planifier le développement des énergies renouvelables en s’adaptant aux particularités locales et en impliquant les citoyens dans la concertation de chaque projet, constituent les premières conditions démocratiques d’une accélération des énergies renouvelables. Celle-ci ne pourra nécessairement se faire que si les écosystèmes des territoires sont respectés.
En conclusion, autant qu’une année de crises qui mettent en péril nos concitoyens et nos Services publics, nous avons l’occasion de faire de 2022 une année historique pour la transition et la souveraineté énergétiques. Notre jeunesse nous regarde. Notre inaction l’angoisse. Ses actions sont autant de cris de détresse, que nous devons entendre. Ayons le courage politique du changement de paradigme que notre planète nous impose.
Cyrielle Chatelain
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