Un double anniversaire
Par Alain Malraux, Président d’honneur de la Commission Malraux.
Heureusement, certaines mobilisations réussissent à inverser ce cours, sauvant des lieux emblématiques comme les loges de l’Opéra de Paris ou le Théâtre de Trouville. Cette culture de la sauvegarde nous vient de Charles de Gaulle qui, en créant le Ministère des Affaires culturelles pour André Malraux, a posé les premières pierres de notre politique de conservation culturelle.
L’année 2016 marquait le double anniversaire de la disparition d’André Malraux – 40 ans – et de son entrée au Panthéon, vingt ans plus tôt, sur initiative de Jacques Chirac. On aurait pu s’attendre à ce que la France, grande amatrice de commémorations, rende hommage à celui qui fut le premier ministre de la Culture.
Étrangement, aucune commémoration officielle n’a eu lieu. Il y a eu des initiatives privées, ici et là, méritant des éloges, y compris une exposition à Moscou au Musée Pouchkine. Mais en France, rien d’officiel pour rappeler l’oeuvre de Malraux, qui a tant fait pour démocratiser la culture, soutenir la création contemporaine et élargir la notion de patrimoine, du plus petit objet aux monuments grandioses. Il a aussi été un fervent soutien du cinéma et un pionnier de la décentralisation culturelle dès février 1963, multipliant les projets significatifs.
Alain Peyreffite avait souligné, lors d’une séance au Sénat en 1996, l’importance de maintenir vivante l’exigence de Malraux envers la République. Malgré les défauts et les faiblesses de l’homme, que j’ai moi-même évoqués dans « Les Marronniers de Boulogne », l’absence de reconnaissance de son impact politique à cette date symbolique est troublante, comme en témoignent de nombreux retours que je reçois. André Malraux nous a enseigné que « l’avenir est un présent que nous fait le passé. » Ne l’oublions pas, et veillons à honorer cet héritage.
Alain Malraux,
Président d’honneur de la Commission Malraux