Le français aux Jeux Olympiques de Pékin
Par Jean-Pierre Raffarin, Ancien 1er ministre, Grand Témoin de la Francophonie.
La Chine a prouvé, ces dernières années, qu’elle partage notre vision multipolaire du monde. Elle a été l’alliée des pays francophones pour l’adoption à l’UNESCO de la convention pour la protection et la promotion des expressions culturelles. Face à la prétention d’« un monde global », elle prône la diversité culturelle.
En tant que Grand Témoin de la Francophonie, je serai à Pékin aux Jeux Olympiques, aux côtés du Président de la République, Nicolas Sarkozy, pour mesurer les efforts de la Chine et rendre compatible « sa diversité » avec les valeurs de l’olympisme. Mes prédécesseurs, Hervé Bourges, ancien Président de France Télévision et du Conseil supérieur de l’audiovisuel, et Lise Bissonnette, Présidente de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ont été respectivement Grands Témoins pour les Jeux Olympiques d’Athènes et de Turin. Sur la base de leurs conclusions, j’ai repris le flambeau, cherchant à pérenniser le partenariat de l’Organisation internationale de la Francophonie avec le CIO et le COJOB.
Faciliter la participation de tous les francophones présents à Pékin – délégations sportives, journalistes, spectateurs – et respecter le français comme langue olympique sont deux conditions nécessaires pour la diversité linguistique dans le monde. C’est un engagement que la Francophonie a pris aux côtés des autres communautés linguistiques internationales.
La place du français, langue officielle de 29 pays sur les 68 États et gouvernements de l’Organisation internationale de la Francophonie, parlée par plus de 175 millions de francophones dans le monde, est liée à son statut et à son usage comme langue officielle et langue de travail dans les organisations internationales, les institutions européennes et les grandes manifestations internationales culturelles et sportives.
C’est au nom de la charte olympique et de son article 24 que j’ai signé, en présence des Présidents de la République Hu Jintao et Nicolas Sarkozy, la première convention sur la place de la langue française aux Jeux Olympiques. Cette convention, qui définit les modalités de coopération entre la Francophonie, ses États et gouvernements membres, et le COJOB, devrait permettre aux Jeux de Beijing une avancée importante pour le maintien des valeurs du Baron Pierre de Coubertin et la réaffirmation du rôle du français en tant que langue officielle de l’olympisme.
Des actions concrètes sont prévues par la convention et complètent le dispositif du COJOB, notamment en matière de traduction pour la plateforme officielle INFO2008, de signalétique sur les sites, de traduction en français des principales publications, dont le guide du spectateur, et de recrutement des 40 traducteurs journalistes nécessaires pour une bonne promotion en français des Jeux Olympiques de Pékin. Suite à mes entretiens avec le Président du COJOB, M. Lui Qi, j’ai la certitude que la Chine entend honorer ses engagements et nous permettra ainsi de stopper les dérives notées lors des jeux précédents.
Avec Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, et Jacques Rogge, Président du CIO, je participerai à la manifestation francophone organisée le 9 août 2008 à 12h30, qui rassemblera les plus hautes autorités chinoises et francophones présentes à Pékin en l’honneur de la diversité culturelle.
Jean-Pierre Raffarin
Ancien 1er ministre, Grand Témoin de la Francophonie