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Simone Veil : une lumière dans les ténèbres…

Par Laurent Wirth, Doyen honoraire du Groupe Histoire de l’Inspection générale du Ministère de l’Éducation nationale.

Laurent Wirth, Doyen honoraire du Groupe Histoire de l’Inspection générale du Ministère de l’Éducation nationale.
Pour beaucoup de Français, Simone Veil a été la révélation politique de l’année 1974. En tant que ministre de la Santé dans le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, elle a courageusement défendu le projet de loi sur la légalisation de l’avortement, malgré l’opposition d’une coalition réactionnaire, y compris de nombreux élus de sa propre majorité.

Ce courage et cette détermination étaient le prolongement de son histoire personnelle marquée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, où elle fut déportée à Auschwitz. Ces expériences ont forgé en elle une passion indéfectible pour la liberté, la dignité humaine et la lutte contre l’exclusion.

Après la guerre, animée par le désir de réconciliation, elle a œuvré pour la construction européenne, convaincue que c’était sur ce continent, meurtri par le conflit, que devait renaître un monde fraternel. Elle a incarné cette vision en devenant une figure clé de la politique européenne, notamment en présidant le premier Parlement européen élu au suffrage universel.

Son engagement ne se limitait pas à la politique européenne ; en tant que magistrate et plus tard en tant que directrice de l’administration pénitentaire, elle a œuvré pour des réformes significatives, notamment dans les domaines de la santé publique, des droits des prisonniers et de la protection de l’enfance.

Sa position sur l’avortement, bien que la plus connue, n’était qu’une partie de son héritage ministériel. Elle a également introduit le premier plan de lutte contre le tabagisme en France et a travaillé sur des accords franco-israéliens concernant les dons d’organes.

Cependant, à une époque marquée par l’euroscepticisme, son engagement inébranlable pour l’Europe est souvent occulté. Malgré les défis et les critiques, elle est restée une défenseuse passionnée de l’Union européenne, utilisant sa position pour promouvoir une vision d’une Europe unie et démocratique.

Simone Veil est décédée le 30 juin 2017, mais son héritage perdure comme un témoignage de son courage, de sa résilience et de son engagement indéfectible envers les principes de liberté et de dignité humaine. Elle laisse derrière elle une Europe et une France transformées par son esprit infatigable et sa détermination à faire progresser les droits et la justice.

Laurent Wirth,
Doyen honoraire du Groupe Histoire de l’Inspection générale du Ministère de l’Éducation nationale