« La protection de l’environnement n’est pas réservée au
luxe, c’est possible, même avec des moyens modestes ! »
Vous êtes le premier Vice-premier ministre vert dans un gouvernement tchèque, en charge de l’Environnement. Voyez-vous cela comme le symbole d’une véritable prise de conscience ?
JJusqu’à présent, dans le Gouvernement de la République tchèque, aucun membre du ministère de l’Environnement n’avait occupé le poste de Vice-premier ministre. Il y a peu, ce ministère était d’ailleurs considéré comme l’un des moins importants, en comparaison des postes traditionnellement désignés comme « forts », tels que les ministères de l’Intérieur, des Finances ou des Affaires étrangères. Le nouveau prestige accordé au ministère de l’Environnement, grâce au poste de Vice-premier ministre qui m’a été confié, constitue en effet une avancée importante, compte tenu de l’accentuation croissante de la problématique environnementale.Quelle politique les Verts entendent-ils mener ?
Le parti des Verts n’est pas seulement concerné par l’environnement et l’amélioration de sa protection, même si cela constitue l’une des priorités de notre parti. La lutte contre le dérèglement climatique, la préservation des paysages, ainsi que la mise en place de politiques de transport ou énergétiques font également pleinement partie de nos objectifs, car elles sont liées à la problématique environnementale. Les Verts portent également un intérêt important au respect des droits de l’homme en République tchèque et dans le monde, à la protection des droits des minorités, à l’éducation, ainsi qu’à l’action sanitaire et sociale.
La France a souhaité, au cours de sa présidence de l’Union européenne, faire aboutir le « Pacte Énergie-Climat », impliquant notamment une forte réduction des émissions de CO2 et une utilisation de 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. Quel est votre sentiment sur ces objectifs à atteindre ?
Le Gouvernement tchèque s’est préparé à la Présidence européenne grâce à une collaboration étroite avec le Gouvernement français, qui occupe cette fonction avant nous, et le Gouvernement suédois, auquel nous déléguerons ce poste. Nous partageons l’avis de la France sur la nécessité d’accentuer le « Pacte Énergie-Climat » et d’améliorer l’utilisation des énergies renouvelables, et nous sommes prêts à poursuivre ce travail. Nous soutenons fermement les objectifs européens en matière de lutte contre le dérèglement climatique.
Quelles énergies renouvelables la République tchèque souhaite-t-elle développer plus particulièrement (solaire éolien…) et pourquoi ?
L’énergie renouvelable la plus envisagée pour la République tchèque est la biomasse. Actuellement, les centrales hydroélectriques produisent déjà une quantité importante d’énergie, mais nous n’avons pas l’espace nécessaire pour la construction de nouvelles centrales. Nous nous attendons à des progrès grâce au développement de petites centrales hydroélectriques, mais nous ne construirons pas d’autres grands barrages. La production énergétique à l’aide de collecteurs solaires et de panneaux photovoltaïques sera également incontournable à l’avenir.
Quelle est votre politique en matière de traitement des déchets ? La réglementation européenne à ce sujet vous paraît-elle satisfaisante ?
La politique du ministère en la matière est entièrement alignée avec la nouvelle directive sur les déchets, qui vise principalement à prévenir la production de déchets, puis à gérer leur réutilisation et leur recyclage. La combustion des déchets constitue déjà une solution de traitement, le stockage en décharges étant la méthode la moins souhaitable. Actuellement, nous travaillons sur une nouvelle loi qui devrait réellement faciliter le tri des déchets et augmenter le coût du stockage en décharges.
Le secteur du tourisme est désormais attentif à la protection de l’environnement. Pourriez-vous nous parler de l’initiative du Château Mcely, le premier hôtel 5 étoiles « écologiquement responsable » ?
L’activité du Château Mcely est très prometteuse ; elle ne devrait pas rester isolée. En revanche, le fait qu’il s’agisse d’un hôtel de luxe nous ramène à une époque où certains pensaient que l’écologie était une « cerise sur le gâteau » réservée uniquement aux personnes suffisamment riches.
Mais ce n’est pas vrai ; prendre soin de l’environnement n’est pas réservé au luxe, c’est possible même avec des moyens modestes. En République tchèque, des hôtels moins luxueux, des pensions et même un camping touristique ont déjà reçu la même écomarque que le Château Mcely. Je serais heureux lorsque les principes respectés par ces établissements d’hébergement écologiquement responsables deviendront un standard courant.
Propos recueillis par
Olivier de Tilière