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Une nouvelle ambition pour l’Europe

Par Nathalie Loiseau,Ministre chargée des Affaires européennes.

Nathalie Loiseau,Ministre chargée des Affaires européennes.
Depuis l’élection du Président Emmanuel Macron, la France est de retour en Europe. Elle porte une vision ambitieuse du projet européen, une Europe fière d’elle-même, qui ose assumer le rôle moteur qui lui revient dans de nombreux domaines, de l’économie au climat, mais une Europe qui a le courage de se réformer en profondeur, de se refonder.

Dans l’équipe gouvernementale qui porte cette ambition, je souhaite travailler sans relâche, non seulement à porter la voix de la France au sein de l’Union européenne, mais aussi à trouver les réponses aux interrogations et aux critiques à l’égard de l’Europe des citoyens français. 

Nos concitoyens aiment l’Europe et sont profondément attachés, dans leur majorité, à la construction de l’Union européenne. Pour autant, des inquiétudes se sont manifestées depuis des années, en France comme dans de nombreux pays européens, quant à l’évolution du projet européen mal compris et parfois mal accepté. L’Europe est perçue comme trop lointaine et trop technocratique. Et ce n’est pas toujours faux.

Devant l’opinion publique française et européenne le 26 septembre à la Sorbonne, puis à Tallinn devant les Chefs d’État et de Gouvernement et les institutions européennes le 28 septembre, le Président de la République a présenté sa vision d’une refondation européenne. Ce discours est le point de départ d’un processus qui ne fait que commencer et dont l’objectif est de réconcilier les Français et tous les Européens avec la construction européenne en rendant l’Europe plus simple, plus efficace, plus transparente, plus protectrice.

L’enjeu est aujourd’hui de démontrer par la preuve aux Européens et en particulier aux Français que leur sécurité, leurs valeurs et le modèle social et économique auquel ils sont attachés ne sont pas menacés, mais au contraire renforcés par l’Union européenne. C’est à l’échelle européenne, et à l’échelle européenne seulement, que nous pourrons mieux réguler la mondialisation, en mobilisant le dynamisme d’un continent plus prospère, plus pacifique, plus ouvert que tous les autres.

Quel meilleur exemple prendre que l’accord trouvé au conseil emploi, politique sociale, santé et consommateurs le 23 octobre dernier, où nous sommes parvenus à trouver une majorité pour réviser la directive détachement des travailleurs, pour empêcher le dumping social, lutter contre la fraude, assurer une vraie convergence sociale en Europe ? Oui, un engagement déterminé dans la négociation permet d’obtenir des résultats et de dégager des accords ambitieux avec de nombreux partenaires, y compris d’Europe centrale et orientale, pour mieux protéger les citoyens européens.

C’est là le sens de l’« Europe qui protège » que le Président de la République a promue dès le Conseil européen des 22 et 23 juin et qui inspire l’action du Gouvernement. Réconcilier les Français et l’Europe suppose d’abord de démontrer que l’Union européenne est capable de mieux protéger les Français et tous les Européens. L’accord ambitieux trouvé le 23 octobre sur les règles du détachement des travailleurs est, à cet égard, un succès majeur, pour l’Europe dans son ensemble. Mieux protéger les droits des travailleurs, lutter contre la fraude ou le dumping, ce n’est pas une victoire de certains pays contre d’autres, c’est un progrès pour tous les citoyens européens.

La vision française de notre avenir européen commun se décline en trois grandes priorités : une Europe souveraine, unie et démocratique.

La souveraineté de l’Union européenne repose sur des piliers qui sont autant de défis : garantir la sécurité dans toutes ses dimensions, mener une politique de développement ambitieuse, être le chef de file d’une transition écologique et numérique efficace et équitable, répondre au défi migratoire, faire de la zone euro le cœur de la puissance économique européenne. Sur tous ces sujets, la France est à l’initiative, avec des propositions concrètes sur chacun d’entre eux.

L’unité de l’Europe dépendra de notre capacité à retrouver le chemin de la convergence économique et sociale par le haut, au bénéfice de tous les Européens et à renforcer un sentiment fort d’appartenance au même ensemble par l’éducation, la culture, la citoyenneté. Là aussi, la France a proposé des actions innovantes, audacieuses pour plus d’harmonisation entre États membres.  Enfin, il nous appartient de défendre nos propositions pour renforcer l’espace démocratique européen.

Le Président de la République a présenté à la Sorbonne sa vision de l’Europe en 2024, qui sera, comme 2019, une année d’élections européennes. Il a proposé de créer une circonscription européenne dans laquelle des eurodéputés seraient élus sur la base de listes transnationales. Le principe est simple : proposer sur de mêmes listes des candidats de différentes nationalités qui partagent un même projet pour l’Europe. Cela renforcerait le caractère européen des élections européennes et contribuerait au développement d’un espace public proprement européen.

La recréation de cet espace public européen, nous le savons bien, n’est pas quelque chose qui va s’imposer du Gouvernement vers les citoyens. On ne doit plus construire l’Europe à l’abri des peuples. C’est la raison pour laquelle le Président de la République a proposé l’organisation de « conventions démocratiques » dans tous les États membres qui souhaiteront participer, afin de redonner la parole aux citoyens et débattre sur le fond, au plus près du terrain, des priorités de l’Union pour les années à venir. Sur une base commune, chaque État membre qui le souhaite pourra déployer selon les modalités qui lui paraissent le plus adaptées à sa situation nationale, une série de débats et d’échanges dont les conclusions seront mises en commun. C’est cette formidable  matière qui sera notre substrat pour refonder l’Europe. Depuis que l’idée en a été avancée, un écho très favorable nous revient. Nous avons un soutien marqué de la Commission et plusieurs États membres ont d’ores et déjà indiqué leur intention d’organiser des conventions démocratiques en 2018.

En France, il faudra organiser ce débat au-delà du cercle restreint des convaincus. Nous devons engager le dialogue avec tout le monde, y compris avec ceux qui critiquent l’Europe. Il va de soi que les parlementaires auront toute leur place dans ces conventions démocratiques et que le relais qu’ils constituent auprès des citoyens dans leur circonscription est irremplaçable pour atteindre les Français même les plus éloignés de l’Europe. 

Nous sommes aujourd’hui à un moment charnière pour l’Europe et nous sommes nombreux à  constater un rebond et une dynamique nouvelle dans l’Union. Le moment est venu de prendre des décisions ambitieuses. Alors que notre premier partenaire, l’Allemagne, vient de reconduire au pouvoir la Chancelière Merkel nous permettant d’envisager une collaboration durable et fructueuse ; alors que le Brexit et la montée des populismes nous poussent à nous remettre en question et à trouver les réponses aux interrogations des citoyens ; alors que les critiques à l’égard de l’Europe masquent la force des attentes qu’elle suscite, nous devons proposer un nouveau chemin européen. La France, par la voix du Président Macron, a proposé sa vision ; il nous appartient désormais à tous de faire vivre le débat, d’en tirer des conclusions concrètes avec l’ensemble des États membres qui voudront avancer dans la même direction, pour retrouver l’espoir et la vision des pères fondateurs.

Nathalie Loiseau,
Ministre chargée des Affaires européennes