« La France est-elle réformable ? » 

Certains pensent qu’un « mal français » condamne notre pays à l’immobilisme, mais je rejette cette idée. Trop souvent, une partie des élites blâme les Français réfractaires à toute réforme ou des structures syndicales qui, en réalité, ne détiennent que le pouvoir qu’on leur accorde. La responsabilité repose sur les épaules des politiques. Il leur appartient de se remettre en question et de retrouver leur capacité à agir.

Pourquoi élire un Président au suffrage universel si ce dernier ne gouverne pas, ne fixe pas de direction, n’assume pas ses responsabilités, ne s’engage pas et, en fin de compte, n’agit pas ? La déception actuelle avec le gouvernement pourrait nous faire croire que la France est irréformable, bien que nous ayons prouvé le contraire lors du quinquennat précédent. Le projet El Khomri, par exemple, montre ce qu’il ne faut pas faire : une annonce surprise, en contradiction avec les promesses électorales, qui a semé la confusion parmi nos concitoyens. Le gouvernement a affaibli le contenu de la loi, a reculé face aux protestations, puis a irréfléchiment augmenté les dépenses publiques.

Je suis convaincu que reculer sur une réforme, c’est compromettre toutes celles qui doivent suivre. En 2007, lors de la réforme des régimes spéciaux, malgré neuf jours de mobilisation, nous n’avons pas cédé. De même en 2010, avec la réforme des retraites qui a mis fin à la retraite à 60 ans malgré dix manifestations, la dernière rassemblant plus d’un million de personnes.

Notre action politique doit être guidée par un principe : tout dire avant, pour tout faire après. Être franc et clair avant les élections, et constant et déterminé dans l’action après. La situation actuelle, grave, ne tolère plus les faux-semblants ni l’immobilisme. Nous devons rompre avec une politique qui a engendré plus d’un million de chômeurs supplémentaires depuis 2012. Seules des réformes profondes et structurelles insuffleront un nouvel élan à notre pays. Nous devons agir rapidement, décider des économies et des baisses d’impôts simultanément.

L’absence de vision claire et de mesures audacieuses alimente une surenchère de mots et une impuissance politique qui nourrissent la montée du ressentiment et de l’abstention. Je veux que la politique ne soit plus synonyme de renoncement. Il n’y a pas de fatalité à sous-performer par rapport à nos partenaires, ni à ce que les valeurs de la République continuent de reculer. En disant la vérité, nous bâtissons la confiance nécessaire pour redonner espoir à une France forte et prometteuse.

Notre devoir, en tant que Républicains, est de créer les conditions nécessaires pour une alternance républicaine que les Français attendent. C’est essentiel pour la capacité de notre pays à se réformer. La France a tous les atouts pour réussir, j’en suis convaincu.

Nicolas Sarkozy
Ancien Président de la République