Cohérence, vigilance et pédagogie : tels sont les piliers de nos futurs succès …
C’est l’un des rares députés réélus au premier tour et celui qui avait éliminé Eric Zemmour dans la précédente législature. Ex membre de la Commission des Finances, cet ancien Conseiller Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, figure montante du RN, livre ici sa vision générale de la situation politique et du jeu des alliances qui en découle…




Comment analysez-vous le résultat des élections et la situation qui en découle ?
Il y a clairement eu des manœuvres et des alliances contre-nature pour contrer l’ascension du Rassemblement National. On a vu des macronistes ou des soi-disant LR soutenir l’extrême-gauche et des LFI se désister pour Elizabeth Borne ou Gerald Darmanin, ce qui était assez surréaliste…Nous avons eu face à nous une sorte de parti unique, fait de bric et de broc, qui est évidemment aujourd’hui incapable de s’entendre et nous plonge, comme l’avait annoncé Marine Le Pen, dans un véritable bourbier politicien. C’est le retour de la IVe République, en pire. On voit bien que la gauche, qui s’annonce gagnante alors qu’elle atteint péniblement 27% des voix, a remplacé la lutte des classes par la lutte des places et qu’ils sont incapables de gouverner ensemble, puisqu’incapables de s’entendre même sur un premier ministrable !
Quant à la Macronie, elle replonge dans un « en même temps » pour tenter de sortir du chaos dans lequel son comportement nous a plongés. Nous seuls avions l’équipe et le programme pour travailler immédiatement après l’élection au redressement de la France.
Deux constats majeurs émergent cependant aujourd’hui.
D’une part, le Rassemblement National est, de loin, le premier mouvement politique de notre pays et celui qui a la plus forte dynamique, en termes d’électeurs – près de 11 millions – comme de députés. Ce n’est certes pas la majorité que nous aurions pu espérer, mais c’est une victoire qui en appelle d’autres demain.
D’autre part, la France perd du temps. Il y a pourtant tellement d’urgences : redonner du pouvoir d’achat aux Français, retrouver la sécurité, stopper la submersion migratoire, redresser nos finances publiques à la dérive, agir face à la crise du logement, répondre concrètement aux attentes de nos agriculteurs… Chaque semaine qui passe est une semaine perdue pour la France et pour les Français. Et cela risque malheureusement de durer encore. Certains comportements ne sont pas à la hauteur des enjeux, et on voit bien que beaucoup pensent à eux mais pas aux Français.
Quelles conclusions convient-il d’en tirer selon vous pour le RN, notamment si une nouvelle dissolution intervient dans un an ?
En effet, tous les scénarios sont aujourd’hui possibles et bien malin qui peut prévoir ce qui se passera dans quelques mois, voire dans quelques semaines… Je crois que d’ores et déjà, de nombreux Français ne voteraient plus forcément aujourd’hui comme ils l’ont fait le 7 juillet, quand ils voient l’extrême-gauche aux portes du pouvoir et le chaos politique que nous vivons.
Pour notre part, il nous faut continuer à montrer ce que nous sommes : un pôle de stabilité, en pleine dynamique, qui propose des réponses concrètes aux attentes des Français et un projet cohérent pour notre pays. C’est un premier point, et il est clair que de plus en plus d’électeurs le comprennent. Maintenant, nous savons aussi que le système en place est capable de tout pour nous écarter du pouvoir. Nous nous y attendions mais il est clair que l’entre-deux tours fut particulièrement violent.
Outre les alliances contre-nature, il est difficile de débattre quand une large majorité de vos adversaires, mais aussi des médias, sont d’une mauvaise foi totale et vous prêtent des discours ou des propositions que vous n’avez jamais formulés ! Cela interpelle une partie des Français, malheureusement !
A nous donc de faire encore davantage œuvre de pédagogie, parfois de mieux expliquer notre projet et nos mesures. Nous nous devons d’être tout particulièrement irréprochables, car rien ne nous sera pardonné, à la différence des autres partis qui peuvent présenter des fichés S, des candidats liés à l’islamisme radical, etc, sans que cela pose visiblement problème.
Pour nous, la moindre erreur de casting, la moindre phrase malheureuse est reprise, amplifiée et déformée à souhait. Nous le savons et devons être encore plus vigilants.
Cohérence, vigilance et pédagogie, tels sont le piliers de nos futurs succès.
Le RN pourrait-il envisager de soutenir le NFP pour l’abrogation de la loi sur les retraites ?
A la différence des autres, notre seule boussole est l’intérêt des Français.
Nous ne jugeons pas des textes en fonction de qui les propose, mais en fonction de leur contenu et de leur utilité pour notre pays et nos compatriotes. Si une mesure va dans le bon sens, nous la soutiendrons.
Nous avons toujours dit que nous étions contre la réforme des retraites et que nous l’abrogerions. Maintenant il faut voir ce qui est proposé à la place. Le problème, avec LFI, c’est que certaines propositions que nous pourrions parfois partager sont généralement accompagnées de mesures baroques et irréalistes.
Quelle lecture faites-vous du ralliement d’Eric Ciotti et de son impact ?
Eric Ciotti a fait preuve d’un réel courage politique et a traduit ce que pensent et attendent nombre d’électeurs de son camp, qui en ont assez de faire passer la gauche sous prétexte de « faire barrage ».
On voit d’ailleurs où cette stratégie a mené LR, incapable d’atteindre 5% aux présidentielles.
Dans la Ve République, on gagne avec des alliés, et quand nous parlons de « Rassemblement », ce n’est pas un vain mot. Je suis convaincu que ce grand rassemblement des amoureux de la France, cette nécessaire union pour redresser notre pays, est en route. Maintenant, comme toute recomposition, cela prend un peu de temps, mais la démarche d’Eric Ciotti montre qu’elle est à l’œuvre. C’est une attente de nombreux Français, car c’est du pur bon sens.
Vous avez été réélu au premier tour avec plus de 56% et vous aviez précédemment vaincu Eric Zemmour dans votre circonscription. Comment voyez vous la suite du parcours de Reconquête après, notamment, le retour de Marion Maréchal ?
Je tiens tout d’abord à remercier les électeurs qui m’ont renouvelé leur confiance. Je crois que ce score tient à la fois à la dynamique de nos idées, au travail fait durant les deux années écoulées, à l’Assemblée comme sur le terrain, et aussi au fait que ma candidature était justement une candidature d’union. Il n’y avait pas cette fois de candidat Reconquête et la responsable locale LR, proche d’Eric Ciotti, m’a soutenu.
L’Union, il y a ceux qui en parlent, mais quand elle est concrète, ça fonctionne. A chacun d’en tirer les enseignements. Quant à Reconquête, il ne m’appartient pas de juger de son avenir. En tout état de cause, il est clair que ce n’est qu’en dépassant les egos que nous parviendrons à obtenir une majorité. C’est pour notre pays, pour notre civilisation, une question de survie. Au Rassemblement National, c’est là notre boussole, et je pense que nous l’avons prouvé. Si tous ceux qui aiment réellement la France se montrent capables d’en faire autant, nous aurons fait un grand pas en avant.
Propos recueillis par
Olivier de Tilière
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