L’OTAN est et restera la pierre angulaire de notre sécurité
par Marcos Perestrello de Vasconcellos, Président de l’AP-OTAN


Je souhaite proposer quelques pistes de réflexion sur chacune de ces priorités…
Tout d’abord, l’OTAN est et restera la pierre angulaire de notre sécurité, celle de l’Europe mais aussi celle de l’Amérique du Nord. L’Administration américaine a réaffirmé son attachement à l’OTAN et à la sécurité transatlantique. Mais elle a aussi fait part de son intention de pivoter ses efforts et son attention vers la région Asie-Pacifique.
Dans ce contexte, un rééquilibrage est nécessaire : l’Europe et le Canada doivent faire plus et prendre le relais. La volonté de mieux partager le fardeau – voire de le transférer – est là. Mais il est impératif de tirer les leçons du renforcement de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, amorcé après l’annexion illégale de la Crimée en 2014 et accéléré depuis l’invasion de 2022.
Une réalité s’impose : nos efforts ont été trop lents et insuffisants. Nous sommes entrés dans une ère où le rythme de l’histoire s’est accéléré. L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action…
Premièrement, nous devons inverser la logique et prendre comme point de départ la nécessité d’avoir des forces prêtes, équipées et inter-opérables. Lors du prochain Sommet de l’OTAN à La Haye, les dirigeants alliés doivent s’accorder sur de nouveaux objectifs capacitaires ambitieux. Il n’y a pas de dissuasion et de défense crédibles sans capacités crédibles.
Deuxièmement, il nous faudra augmenter de manière significative notre objectif de dépenses pour déployer ces capacités au plus vite. Il est clair désormais que consacrer 2 % de notre PIB à la défense est, à cet égard, largement insuffisant.
Troisièmement, l’UE doit soutenir et compléter les efforts nationaux. Je me réjouis que les 27 aient approuvé la semaine dernière la proposition de la Présidente de la Commission, Madame von der Leyen, sur l’activation de la clause de sauvegarde nationale pour les dépenses de défense ; sur les prêts de l’UE pour les achats en commun et sur la levée des restrictions imposées à la Banque européenne d’investissement en matière de financement de la défense. Nous devons également augmenter le Fonds européen de défense. À l’heure actuelle, il ne représente que 0,6 % du budget total de l’Union. C’est absolument insuffisant ! Une Europe plus forte et plus compétente au sein de l’OTAN est une nécessité. Il est, par ailleurs, urgent de retrouver la voie d’un consensus transatlantique concernant l’Ukraine. Nous devons continuer à insister sur le fait que l’issue de toute négociation sur l’Ukraine créera un précédent aux répercussions mondiales. Pékin, Téhéran et Pyongyang observent avec attention.
Les priorités sont claires…
– Nous devons continuer à soutenir l’Ukraine pour répondre à ses besoins à court terme et pour renforcer sa position à la table des négociations.
– L’Europe, l’Amérique et l’Ukraine doivent travailler de concert et avec détermination à l’instauration d’une paix juste et durable, sous-tendue par des garanties de sécurité solides pour lesquelles tout le monde doit être disponible.
– L’Europe doit se mobiliser. Dès aujourd’hui en fournissant immédiatement de l’aide. Mais aussi en montrant qu’elle est prête à prendre l’initiative pour garantir une paix sur le long terme dans le cadre d’un futur accord.
À ce moment charnière, je suis convaincu que le multilatéralisme et la diplomatie parlementaire sont plus importants que jamais et je suis déterminé à faire en sorte que l’AP-OTAN joue pleinement son rôle.
Face aux défis qui se dressent devant nous, il est de notre devoir en tant que Parlementaires, de convaincre nos concitoyens qu’investir dans la défense c’est investir dans la paix ; De les convaincre que soutenir l’Ukraine dans son combat pour la liberté n’est pas seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité stratégique ; De les convaincre que ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est notre sécurité bien sûr, mais aussi notre prospérité, nos acquis sociaux et culturels, les fondements de nos systèmes politiques démocratiques.
