« Lorsque nous sommes entrés dans la maison, l’acheteuse et moi, avons ressenti une sensation étrange, presque mystique », explique la photographe, Natalia Bogdanovska. « C’était une journée très ensoleillée, mais un arbre tentaculaire dans la cour faisait une mystérieuse pénombre et des ombres sur les murs délabrés. On aurait dit que les occupants précédents avaient déménagé précipitamment », dit-elle, avant d’ajouter : « Des draps avaient été laissés dans les armoires. Par terre, des valises, des photos, un jeu de cartes et même la Vénus de Botticelli, encadrée comme une icône, gisait dans l’âtre de la cheminée. Et sur le coffre-fort brutalement coupé, une cagoule oubliée ». Et de poursuivre : « Nous sommes montées au grenier. Là, sur une étagère, comme par hasard, près d’un rouleau de fil de fer barbelé, se trouvait la figurine décapitée d’un saint, recouverte de poussière. Sur le sol, un journal du 15 mai 1957 titrait : ‘Une mère de sept enfants a tué et démembré son mari avec l’aide de sa sœur jumelle et de sa fille aînée’ ». La photographe indique alors : « J’ai braqué une torche dans le coin le plus reculé du grenier : un landau et deux bicyclettes sans roues sont apparus dans la lumière. Et si la famille dont parle le journal vivait dans cette maison ? », dit-elle, avant de conclure : « À partir de ce moment, tous les objets de nature morte de la maison sont devenus pour moi l’illustration de la vie de cette famille ».
Des phrases de Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Victor Hugo, Lamartine, Marcel Proust, Charles Baudelaire, pour n’en citer que quelques-uns, viennent illustrer chacune des photos présentées, comme pour mieux souligner tout à la fois la permanence et l’impermanence des choses.
Natalia Bogdanovska est née à Krasnoïarsk, en Sibérie. Depuis l’enfance et au gré des fréquents déménagements familiaux, elle a côtoyé de nombreux artistes. Néanmoins, sa première profession a été le journalisme télévisé sur une chaîne ukrainienne. Elle est ensuite passé du statut de reporter à celui d’auteur de sa propre émission culturelle hebdomadaire. Diplômé de l’EICAR, l’école de cinéma de Paris, elle travaille aujourd’hui en France en tant que réalisatrice, journaliste reporter d’images et photographe et expose partout en Europe. Cette année, elle vient de remporter le prestigieux Concours International photographique « 35 AWARDS » et a également été sélectionnée pour le catalogue annuel « TOP 100 ». C’est donc la photographie de Natalia Bogdanovska, dont le travail, extrêmement sensible, a été particulièrement apprécié, qui a été choisie parmi les 465 000 images proposées par 111 253 personnes issues de pas moins de 174 pays (Lauréate TOP 10 Paris, TOP 35 France photographers, TOP 35 Reportage Photography).
Un parcours qui mérite d’être salué !
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