Considéré comme un possible recours, le Prince Impérial Réza Pahlavi était intervenu à plusieurs reprises dans nos colonnes pour faire part de son analyse sur son pays. « Je conclurai par cette adresse aux lecteurs du Journal du Parlement » avait-il écrit dans un long article sur les métamorphoses de la société iranienne, il y a près de deux décennies déjà. Aujourd’hui, l’histoire est-elle en train de s’accélérer ?
Les métamorphoses de la société iranienne

par le Prince Impérial Reza Pahlavi

Six mois plus tard, les religieux au pouvoir ont écarté les réformateurs qui étaient en lice pour les élections au Parlement et ont tiré un trait sur tout faux semblant démocratique. Devant une situation économique désespérée, ils ont pensé suivre le modèle chinois, le seul à leurs yeux à pouvoir fonctionner sans démocratie! Bien sûr, il est pour le moins paradoxal que les religieux ne trouvent à imiter que le communisme athée.
Mais les vrais problèmes pour copier la Chine sont ailleurs : les décennies d’un régime social et d’une hiérarchie stricte dans le gouvernement ont fourni aux Chinois les outils que les révolutionnaires d’Iran n’ont pas. Le taux de change chinois « artificiellement » bas, contraste avec celui de l’Iran qui se maintient lui à la hausse grâce au revenu du pétrole et gonfle le coût de production nationale. La libéralisation sociale qui suit normalement le décollage économique n’est pas pour déplaire aux leaders communistes mais elle ne peut que miner la théocratie.
Bien sûr ces considérations générales n’expliquent pas les problèmes uniques et fondamentaux de la République islamique. Pour comprendre tout cela, imaginons que nous conseillons la République islamique sur un projet d’investissement étranger en direct, afin de créer des usines, de l’emploi et de produire, comme en Chine, quelque chose d’exportable dans le monde entier.
Il sera demandé au cabinet juridique représentant l’investisseur étranger et ses conseillers de répondre aux questions concernant : la clarté et la stabilité des lois, les normes d’application, et la fiabilité des données économiques applicables, en particulier les coûts des transactions en Iran.
Pour répondre à la première exigence, nous devons préciser que la République islamique doit se débarrasser des sources contradictoires de législation. Comme je l’ai mentionné, le Parlement islamique ne peut pas faire de lois, mais seulement les proposer à un Conseil de Tutelle non élu, qui les approuve avant qu’elles ne deviennent effectives. S’il y a conflit, cela va à une troisième autorité, appelé le Conseil de convenance. Mais depuis des années, des questions vitales comme les pouvoirs du Président et de son Cabinet sont restées dans l’impasse entre ces Institutions qui représentent différents types d’intérêt.
Pour faire face à la seconde exigence, il faudrait que la République islamique remplace les Tribunaux religieux par des organes laïques. Là où un juge religieux a rang d’Ayatollah, il peut rendre un verdict basé sur sa propre « fatwa » ou un décret bien souvent en désaccord avec le jugement rendu par une autre Cour. Mais ni une Cour d’Appel, ni une plus haute autorité, ne peut changer la fatwa d’un Ayatollah. Dans le « Chiisme » traditionnel, l’autorité d’un Ayatollah est liée à ceux qui le choisissent en particulier comme Guide spirituel. Quelqu’un d’autre pourra choisir de suivre un autre Ayatollah avec une opinion différente, pourtant sur les mêmes thèmes. Le système fonctionne très bien dans les domaines personnels de la foi et de la conduite morale. Cela fait des dégâts quand vous l’introduisez dans un Gouvernement. Comment dans le cadre des affaires peut-on savoir ce qu’il y a lieu de faire quand vos droits peuvent être jugés selon une norme ou une autre ?

La troisième condition est la transparence. C’est le plus horrible cauchemar de la République islamique. Près de 70% de la production nationale non pétrolière de l’Iran est contrôlée par de soi-disantes fondations révolutionnaires. À l’instar des syndicats du crime d’autrefois, ces monstres économiques exercent leurs activités au dessus des lois et sous une chape de plomb. Ces organisations faussent surtout l’économie nationale.
Faute de critères d’audit normaux, personne ne sait où s’accumulent les profits des ces « fondations ». Mais une chose est sûre : il n’y aura pas de transparence tant qu’elles alimenteront un petit nombre de milliardaires, avec leurs séides.
Ces faits montrent bien que les éléments ne sont pas réunis pour la mise en place d’une économie saine, interconnectée avec le reste du monde.
Mais au-delà, les risques politiques sont encore plus grands.
Pendant des années, la République islamique a été en tête de liste aux USA comme un État encourageant le terrorisme. Elle a été condamnée en Allemagne, en France et aux USA. Elle est également en train de devenir un État nucléaire. Combinez les deux et vous comprendrez les craintes du reste du monde.
Peu de temps après que son Administration ait imposé des sanctions commerciales à l’Iran, j’ai eu la chance de rencontrer le Président Clinton. « Nous avons tout tenté, mais cela n’a pas marché ». Rappelez-vous que cela se passait des années avant que l’Iran n’ait acquis, notamment, des centrifugeuses pour la fabrication d’armes atomiques.
Aujourd’hui, à la différence de leur position divisée sur l’Irak, on peut sans risque conclure que l’Europe et les USA se tiendront unis contre la République islamique sur le terrorisme et sa politique nucléaire. À la différence de l’Irak, l’option choisie n’est pas militaire, mais les pressions politiques et économiques ne permettront pas à l’Iran de se relier à l’économie globale, même si la philosophie et la structure de la puissance de la République islamique le permettaient.

Je conclurai cette adresse aux lecteurs du Journal du Parlement par deux messages, un pour la communauté du monde libre des Affaires et l’autre à leurs Gouvernements respectifs.
D’abord, avant de traiter avec le régime clérical en Iran, il faut imposer des conditions claires. Je demande à la communauté internationale de ne pas contribuer au terrorisme et à l’oppression des Iraniens en aidant les organisations qui subventionnent ce terrorisme et cette oppression, qui en enrichissent quelques-uns.
Je vous demande de ne pas entamer des contrats, rédigés sous la férule d’une théocratie. Et dans le cas où vous signeriez des accords, je vous demande d’insister pour des normes de transparence actuellement absentes en Iran.
En second lieu, mon message aux Gouvernements occidentaux est de démontrer leur unité contre les politiques de la République islamique, d’une façon beaucoup plus pointue. Des signaux dilués sont susceptibles de mener à une nucléarisation du premier état terroriste du monde. Je crains que, face à une ligne dure contre l’Iran, les installations nucléaires deviennent inévitables, donnant au régime une excuse pour inventer une réaction nationaliste. Considérant le fait que les Iraniens, en particulier la jeune génération, préfèrent l’Occident plus que n’importe où ailleurs dans le monde islamique, l’option militaire serait la plus malheureuse. Il faut toujours considérer que les régimes en difficulté avec leurs propres populations cherchent des ennemis étrangers. Le terrorisme et la nucléarisation sont les options les plus évidentes pour se créer des ennemis à distance. Face à cela, nous avons besoin d’une position claire et unie du monde libre, maintenant !
En même temps que mes compatriotes, de la gauche à la droite du spectre politique, des républicains aux monarchistes, nous tous sommes engagés dans le grand effort de matérialiser le droit inaliénable du peuple iranien à un référendum pour déterminer son futur. L’appui uni et décisif du monde libre est indispensable pour que l’Iran sorte d’une période sombre et puisse rejoindre le monde en tant que nation libre, responsable et prospère…
