La France aux Jeux mondiaux militaires d’hiver
par le Général Paul Sanzey, commandant le Centre national des sports de la Défense, Commissaire aux sports militaires.




L’équipe de France militaire était composée de 67 athlètes des forces armées et du Bataillon de Joinville – Armée de Champions, dont 12 militaires blessés et para sportifs. Cette ouverture des épreuves au para-sport en compétition internationale militaire traduit la fraternité d’armes qui unit les soldats et prend du sens dans la reconstruction des militaires blessés par le sport. Cette équipe de France témoigne de la richesse et de la diversité de nos forces armées. Au-delà de son niveau d’excellence, c’est notre fierté.
42 personnels d’encadrement, dont des entraîneurs militaires du Centre national des sports de la Défense (CNSD), des cadres de la Fédération française de ski et du personnel expert du Service de santé des armées ont complété la délégation française. L’ensemble de ces spécialistes, civils et militaires, qui s’emploient, de concert, à l’amélioration de la performance au plus haut niveau, a concouru largement aux beaux résultats de nos athlètes.
Les sportifs des Forces armées et du Bataillon de Joinville : une combinaison gagnante
Avec 26 médailles dans son escarcelle, dont 13 en or, la délégation française monte, à Lucerne, sur la plus haute marche du podium au classement des nations présentes, devant l’Italie et la Suisse et confirme ainsi son positionnement dans les épreuves hivernales.
Les mauvaises conditions météorologiques n’ont pas permis la tenue des épreuves de snowboard et para-snowboard, mais la domination tricolore n’a pas laissé la place au doute dans les épreuves de ski alpin, para-ski alpin, biathlon, ski de fond et para-ski de fond, ski alpinisme et escalade. L’épreuve reine de la patrouille militaire a été remportée avec brio par les Françaises avec une minute d’avance sur les Italiennes. En biathlon, la France « truste » les podiums en sprint (hommes et femmes) et en relais mixte, elle persiste et signe en escalade et ski alpinisme.
Un parcours sans faute pour l’Equipe de France encourageant avant les JOP d’hiver 2026
A l’aune des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Milan-Cortina en 2026 en Italie, les Jeux mondiaux militaires de Lucerne revêtent une véritable importance, car ils constituent une opportunité unique de se confronter aux meilleurs mondiaux. Le ton est donné par une équipe soudée et déterminée, avec tout le savoir-faire militaire.
Ces remarquables résultats ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont la somme d’efforts qui convergent dans la même direction.
Une stratégie audacieuse et payante
En tant que Commissaire aux sports militaires, commandant du CNSD, j’élabore avec mes équipes spécialistes du sport militaire une stratégie alliant la performance à haut niveau et la cohérence avec le cœur de métier : la préparation physique et mentale du combattant. L’objectif est de rechercher l’équilibre et la complémentarité de ces deux dimensions au profit des athlètes et para-athlètes du Bataillon de Joinville. Ainsi, plusieurs fois par an des stages de regroupement sont organisés pour la compagnie hiver et la compagnie été, auprès d’unités opérationnelles. L’immersion favorise la cohésion et encourage le dépassement de soi et l’esprit d’équipe.
Fort du succès de ces regroupements, les Fédérations sportives ont adhéré à cette démarche et le CNSD a organisé, avant les JOP de Paris 2024, avec ses instructeurs spécialisés, des stages d’aguerrissement au profit des athlètes des Fédérations de lutte, haltérophilie, tir à l’arc.
Dans un autre domaine, le CNSD a anticipé les évolutions olympiques et identifié le ski alpinisme, une discipline à fort ancrage militaire, au programme olympique de Milano Cortina de 2026. A ce titre, une équipe de France militaire est créée. La stratégie a payé, les meilleurs mondiaux sont des militaires français. Il en est de même pour le sauvetage sportif, discipline qui devrait être officielle aux Jeux de 2032 en Australie. L’équipe de France militaire, créée en 2022 a remporté de nombreuses médailles au premier championnat du monde militaire aux Pays-Bas la même année. Le championnat du monde militaire que nous avons organisé à Montpelliers-Palavas a été l’occasion de renforcer nos liens avec la Fédération de sauvetage sportif, avec laquelle nous partageons références communes et valeurs fondamentales. La vision juste et l’anticipation donnent aux équipes françaises quelques longueurs d’avance.
Le parcours du militaire blessé : de la reconstruction au paralympisme
Le durcissement des opérations, observé depuis l’engagement des forces françaises a entraîné l’augmentation des blessés physiques, mais également psychiques. Le retour des conflits aux portes de l’Europe et le déplacement du curseur vers le combat de haute intensité obligent à envisager des situations difficiles. Ainsi la France se doit de consolider son système d’accompagnement de ses blessés et leurs familles. Elle a le devoir de les assister et de les accompagner dans leur parcours de réadaptation et de réinsertion sociale et professionnelle. Le sport contribue à la réadaptation du militaire blessé et occupe une place importante dans le parcours général de reconstruction après une blessure. Fort de son expérience dans le domaine sportif, le CNSD, en lien avec les acteurs des Armées et de la Gendarmerie nationale a modernisé son parcours de reconstruction par le sport et le propose aux blessés physiques et psychiques et l’adapte aux besoins actuels. La progression peut débuter dès la phase de rééducation et peut aller jusqu’à la compétition de haut niveau pour ceux qui le souhaitent, selon les étapes d’un parcours individualisé.
De la détection à la compétition
Cette phase dite « compétitive » est l’occasion pour le militaire blessé de pouvoir à nouveau porter les couleurs de la France au cours de compétitions nationales et/ou internationales. Certains peuvent même accéder au haut niveau et intégrer le Bataillon de Joinville après un long travail de détection et de sélection que nous conduisons avec les Fédérations sportives. La mise en œuvre de cette politique d’ouverture porte ses fruits : cinq militaires blessés ont participé aux Jeux paralympiques de Paris 2024 et remporté quatre médailles.
