

Et il ajoutait : mais les filles qui tournent mal ne sont pas toujours sans agrément.
À voir le monde qui se pressait au théâtre du Vieux Colombier, on se rend compte que, à condition qu’elles soient remontées dans la tradition, avec des jolis décors et des costumes élégants, laissant de côté les « relectures » prétentieuses et ringardes qui sont souvent proposées, ces bluettes que l’on croyait d’un autre temps reviennent depuis quelques années en force !
Et pas uniquement avec des opérettes d’Offenbach…
Quelle bonne idée, en effet, de remonter le célèbre « Ô mon bel inconnu », qui associe Sacha Guitry et Reynaldo Hahn, ce dernier malheureusement bien oublié aujourd’hui.
L’argument est simple : un honnête commerçant vend des chapeaux, assisté de sa femme, de sa fille et de sa bonne. L’existence n’est pas bien drôle et le brave chapelier commence à rêver d’aventures. Il passe une petite annonce dans un journal, reçoit de nombreuses réponses et en choisit une signée d’une comtesse à qui il fixe rendez-vous… Mais deux autres lui arrachent des cris de surprise et d’indignation : elles sont l’une de l’écriture de sa femme, l’autre de celle de sa fille.
Le résultat, pétillant comme une coupe de champagne, ne se prend pas au sérieux, bénéficie d’un orchestre de qualité, les Frivolités Parisiennes et d’une belle distribution avec, notamment, Marc Labonnette et Emeline Bayart qui reprend avec panache le rôle d’Arletty.
La salle, conquise, a fait ce soir là un triomphe à la production.
On ne le rappelle pas suffisamment, mais la comédie musicale américaine, avec ses succès qui ont fait le tour de la planète est, elle aussi, une fille de l’opérette française. La différence étant qu’elle est toujours à la Une de Broadway et qu’on attend un théâtre du patrimoine qui puisse remonter ces spectacles pleins de légèreté dans une époque… qui en a pourtant tant besoin !
Mentionnons enfin que l’Orchestre symphonique des Frivolités parisiennes mêne une vraie politique de remise au goût du jour de ces spectacles et de ces musiques qu’ils font revivre avec talent.