Lettre ouverte à la classe politique française sur l’emprisonnement d’un Français en Malaisie
Mesdames, Messieurs les Parlementaires, Aujourd’hui, c’est avec une profonde détresse, mais aussi une colère sourde que nous nous adressons à vous. Nous sommes Sylvie et Jean Luc Felix, enseignants à Singapour… Notre fils, Tom, jeune entrepreneur français est emprisonné en Malaisie depuis le 9 août 2023. Il risque la peine de mort, la prison à vie, 50 coups de bâton et une amende de 20 à 30 000 euros. Une situation cauchemardesque qui, comme vous pouvez l’imaginer, est devenue insupportable, car s’il n’a, en effet, commis aucun délit, il est pourtant traité comme un criminel. Notre fils est accusé de possession et de trafic de drogue car du cannabis a été retrouvé dans les parties communes de la maison où il sous louait une chambre sur l’île de Langkawi en Malaisie. Son locataire a déclaré être l’unique propriétaire et responsable et dès son arrestation, il a, formellement, innocenté Tom, mais la justice en Malaisie ne l’entend pas ! Les conditions de détention sont indignes… Il est détenu dans une cellule surpeuplée, exposé à des conditions sanitaires déplorables, sans accès adéquat à des soins médicaux, dormant à même le sol sur un simple tapis de yoga, avec des néons allumés 24h/24, des insectes et moustiques nombreux, une nourriture insuffisante et il le seul occidental au sein de la prison. Son isolement et la privation de contact physique avec sa famille et ses amis aggravent encore son état physique et mental. Il est inconcevable qu’un citoyen français soit soumis à un tel traitement ! La justice malaisienne, lente et débordée, semble l’avoir déjà jugé et rendu coupable avant même son procès. Pendant une année, des incohérences hallucinantes se sont enchaînées : • Arrêté le 9 août 2023, il n’a pu nous avertir que 5 jours après ! • Tom s’est présenté sans assistance consulaire, sans avocat, sans interprète aux 2 premières audiences. Il n’a pas eu accès à des traducteurs compétents (absence, retard, ne parlant pas la langue du pays). • Le poids de la drogue confisqué, de 402 gr le 30 août 2023 dans le rapport de Police, est passé le 27 mars à… 1kg800 ! • Le téléphone du locataire principal a été rendu à sa mère 15 jours après, les messages compromettants et les contacts effacés par les Policiers ; celui de Tom ne nous a été rendu qu’en novembre sans même avoir été examiné. • La maison où ils ont été arrêtés a été pillée par la suite. Tom n’a plus rien (ordinateur, effets personnels…) et il a perdu son investissement de 38 000 euros. • En octobre 2023, nos avocats malaisiens et singapouriens ont rencontré Tom, ainsi que son locataire qui a accepté volontairement de leur parler. Ce dernier a confirmé qu’il avait accepté de faire l’intermédiaire et a donné les noms des 2 personnes qui devaient livrer et récupérer le paquet. • Nos avocats ont alors écrit une Alcontara, notice demandant d’interroger ces personnes et de réinterroger Tom. Aucune suite n’a été donnée… • Enfin, rappelons qu’ils n’ont pu avoir accès aux pièces du dossier qu’en juin dernier. Depuis que ce dossier est passé en Haute Cour, nos avocats malaisiens ont la possibilité d’écrire une lettre au Bureau des Procureurs afin de montrer le parcours et la personnalité de Tom, de démontrer sa moralité et de réclamer l’abandon des charges, mais ils ne veulent pas évoquer la faiblesse des preuves, de peur, disent-ils, que le Procureur ait le temps « de combler les lacunes ». Que pouvons-nous attendre de la justice de ce pays ? Le manque de transparence et les enquêtes douteuses, dans un Etat où la Police est souvent corrompue, jettent un doute sérieux sur la légitimité de ce qui sera censé être un procès. Pire encore, la date de ce procès a été fixée à juin 2025 et nos avocats, nous informent d’avance, avec certitude, qu’elle sera repoussée de plusieurs mois : le Procureur peut retenir des pièces jusqu’au procès. Ce n’est rien d’autre qu’une mascarade et un simulacre de justice. Nous soupçonnons fortement la Police et le Procureur de vouloir faire porter le chapeau à Tom, seul étranger et de faire un exemple de notre fils. Nous avons alerté le Président de la République, Madame Brigitte Macron, le Ministre des Affaires étrangères, des Parlementaires, l’Ambassade de France en Malaisie et nous avons toujours obtenu la même réponse, « la protection consulaire était mise en place et que les conditions observées étaient conformes à celles qui sont habituellement constatées en Malaisie ». Nous implorons la classe politique française de se mobiliser, de ne pas rester sourd à notre cri d’appel à l’aide. En tant que parents, même si nous craignons des représailles contre notre fils, comme il en a déjà subi, nous poursuivrons notre combat jusqu’au bout pour le sortir de cet enfer. Nous savons qu’il est innocent et nous ne pouvons laisser les choses en l’état. C’est pourquoi nous demandons l’intervention du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean Noël Barrot, afin qu’il prenne attache avec son homologue malaisien, le sensibilise pour lui dire toute l’émotion que suscite la situation de Tom dans notre pays et qu’il puisse faire le nécessaire pour appuyer la lettre de représentation en préparation par nos avocats. Les conditions de sa privation de liberté ne correspondant pas à l’idée que la France se fait d’un procès équitable. Tom n’a jamais été et ne sera jamais un trafiquant de drogue. Son innocence est éclatante… Cette lettre est un cri du cœur, un appel à la responsabilité collective de la classe politique française. Agissez pour notre fils, c’est-à-dire pour chaque citoyen français qui pourrait se retrouver dans une situation semblable. Nous avons besoin de votre soutien, de votre voix, de votre action. Chaque jour qui passe, nous sommes de plus en plus inquiets pour sa santé physique et mentale. Nous vous supplions de vous mobiliser, de faire entendre notre appel. Merci d’avoir pris du temps pour nous lire, nous comptons, ardemment, sur votre mobilisation et votre aide pour le faire libérer. |
Sylvie et Jean-Luc Felix