Charles Michel
Président du Conseil européen

La résonance historique de l’accord à 27 du Plan de relance européen de 2020 n’a finalement pas ou peu été relayée. Pourtant, comme le soulignait la Présidente Ursula von der Leyen : « Nous disposons d’une puissance financière massive et sans précédent », avant d’ajouter  « Parce qu’il est fondé sur la méthode communautaire, ce mécanisme nous aidera à guérir nos blessures, à nous unir. Nous portons sur nos épaules la responsabilité du sort de l’Europe et de l’avenir de nos enfants ». La Présidente von der Leyen a qualifié cet accord « d’accomplissement énorme ». Elle est en effet revenue sur l’importance de rester unis dans la réponse à la crise : « Nous avons désormais la possibilité de réaliser quelque chose d’historique pour l’Europe », dit-elle. Une dimension sur laquelle le Président Macron a, lui aussi, particulièrement insisté, mais qui, in fine, a été assez peu évoquée. On comprend mieux cependant la réaction, épidermique, du Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, lorsqu’il certifiait qu’il était impensable de revenir sur cet accord, sous prétexte que la Pologne et la Hongrie avaient décidé de bloquer le Paquet budgétaire, insistant sur le fait que « La France ne renoncera ni à la relance, ni à ses valeurs »…

Rappelons, s’il en était besoin, que ce plan vise à pallier les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19, son montant étant fixé à 750 milliards d’euros, dont 360 milliards de prêts et 390 milliards de subventions, accompagné d’un budget européen pluriannuel renforcé à 1 074,3 milliards pour les années 2021 à 2027. 

Rappelons également que les 10 et 11 décembre derniers, trois semaines après le véto de la Hongrie et de la Pologne, les dirigeants européens se sont accordés définitivement sur le Plan de relance et le budget 2021-2027. Next Génération EU devrait donc permettre « de financer des investissements publics et privés massifs au niveau européen, de créer des emplois et de réparer les dommages immédiats causés par la pandémie, tout en soutenant les priorités écologiques et numériques »

Rappelons enfin que son caractère exceptionnel et novateur tient, sans aucun doute, à son ampleur (750 milliards d’euros) et à son mode financement (par des emprunts au nom de l’Union sur les marchés de capitaux). Reste à savoir si Plan, arraché au forceps, qui apporte une brique solide à la construction européenne, si malmenée depuis l’échec de 2005, n’est qu’un vernis de façade ou bien s’il incarne un véritable renouveau… Car même si l’Europe n’est plus, aujourd’hui, ce « laboratoire du crépuscule », évoqué par Milan Kundera, nous sommes cependant encore si loin des Etats Unis d’Europe dont rêvait Victor Hugo…

Pauline Wirth du Verger