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Jean François Terrien, Président du Groupe Intersyndical des Industries Nucléaires (GIIN)

Un syndicat polyvalent

Jean François Terrien, Président du Groupe Intersyndical des Industries Nucléaires (GIIN)

Le GIIN est un acteur déterminant du secteur nucléaire, intervenant aussi bien dans le domaine de la sécurité des salariés que dans celui de la promotion des entreprises. Regroupant les principales formations professionnelles, il assure un relais efficace entre ses adhérents et les grands opérateurs (CEA, COGEMA, EDF, etc.), tout en participant à l’élaboration et au suivi de la réglementation sur la radioprotection. Son travail sur l’information—colloques, annuaires, etc.—complète ce dispositif pour faire du Groupe un syndicat polyvalent et incontournable.

Pouvez-vous revenir, dans ses grandes lignes, sur la raison d’être du GIIN ?

Le GIIN rassemble les entreprises françaises de l’industrie nucléaire, tous secteurs d’activités confondus : ingénierie, maintenance, génie civil, instrumentation, radioprotection, contrôle-commande, chaudronnerie, équipements électriques, etc. Il s’agit pour la majorité d’entre elles de PME, mais aussi de quelques grands groupes, comme Alstom et Framatome ANP, qui interviennent aussi bien dans le domaine des centrales électro-nucléaires que dans celui des réacteurs de recherche, des laboratoires, du cycle du combustible, de la fabrication, du transport, du stockage ou du retraitement. Créé en 1959, le GIIN regroupe aujourd’hui six fédérations professionnelles : la FIM (Fédération des Industries Mécaniques), la FIEEC (Fédération des Industries Électriques, Électroniques et de Communication), le SITEL (Syndicat des Tubes Étirés et Laminés), le SERCE (Syndicat des Entreprises de Génie Électrique) et le SETT (Syndicat des Entreprises du Travail Temporaire). Il concerne plus de 200 entreprises, environ 35 000 salariés et génère près de trois milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Quelles sont vos principales activités ?

Les membres, dans le cadre de plusieurs commissions et sous réserve de l’approbation du Comité de Direction, mandatent le GIIN pour agir dans les domaines suivants :

  • Économique : normalisation, radioprotection, maintenance.
  • Commerce extérieur : réception de personnalités étrangères, participation aux salons et expositions spécialisés, missions à l’étranger.
  • Scientifique et technique : colloques, visites, voyages.
  • Administratif et juridique : réglementation, clauses contractuelles.
  • Information : valorisation des activités nucléaires françaises auprès des médias, édition d’annuaires ou de catalogues professionnels.

De façon plus large, le GIIN a pour objectif de promouvoir, d’une part, le nucléaire français à l’étranger et, d’autre part, la position de ses adhérents vis-à-vis des exploitants tels que le CEA, la COGEMA, l’ANDRA, EDF, etc. Nous sommes en quelque sorte l’interface entre les entreprises que nous représentons — aux dimensions très disparates — et les grands opérateurs du secteur. Certains de nos adhérents travaillent exclusivement pour le nucléaire, tandis que d’autres n’y consacrent qu’une part de leurs activités, à côté par exemple de filières comme l’aéronautique, le pétrole, la chimie…

Comment fonctionne votre Groupement ?

Nous avons mis en place deux commissions : une première dans le domaine économique et industriel, qui se concentre sur le marché français, et une seconde dans le domaine du commerce extérieur. Nous participons, par exemple, chaque année à de nombreuses manifestations internationales — salons, expositions, conférences, etc. — notamment en Chine, où nous faisons le porte-parole de nos adhérents, aux côtés des représentants d’EDF, d’AREVA ou du CEA. Chaque commission, présidée par un membre du GIIN, regroupe une vingtaine de personnes et se réunit trois ou quatre fois par an. À cela s’ajoute la création de cellules spécifiques.

Que recoupent vos activités juridiques et techniques ?

En plus de la promotion des industries nucléaires en France et à l’étranger, nous menons également une action plus spécialisée dans la radioprotection. Cela s’adresse aussi bien aux intervenants du secteur qu’aux prestataires de travail temporaire ou aux organismes de formation qui envoient du personnel sur les installations nucléaires de base. Pour pouvoir intervenir sur ces différents sites, nous nous assurons que chaque entreprise respecte bien les critères de radioprotection définis. À ce titre, le GIIN est membre du CEFRI (Comité de certification des Entreprises travaillant sous rayonnement ionisant), qui réunit les exploitants des installations nucléaires (COGEMA, EDF, CEA et GEA), les structures extérieures opérant sur ces sites et les experts en radioprotection (SRP, IRSN, CNAMTS Médecins du travail). Aujourd’hui, la certification CEFRI est nécessaire pour toutes les sociétés qui souhaitent répondre à un appel d’offres concernant ce secteur.

Qu’est-ce que la procédure Carnax ?

Il s’agit d’une sorte de « passeport du nucléaire » qui récapitule pour chaque employé d’une entreprise extérieure travaillant sous rayonnement ionisant son identité, le nom de son employeur, les formations qu’il a reçues, ainsi que son suivi médical. Ce carnet d’accès est obligatoire pour pénétrer sur les sites nucléaires.

Quelle est l’étendue de la protection pour le salarié ?

Ce dernier est d’autant mieux protégé que le GIIN, les exploitants et les experts ont anticipé toutes les questions liées à la réglementation, en mettant par exemple en place la procédure Carnax dès 1990. La certification des entreprises (CEFRI), l’assurance de la qualité et le développement des formations contribuent à améliorer la sécurité. De plus, le GIIN entretient des relations suivies avec les médecins du travail formés à la radioprotection.

Votre activité syndicale contribue également à valoriser l’information. De quels moyens disposez-vous ?

En ce domaine, notre action se concentre sur l’édification et la mise à jour d’un annuaire qui recense toutes les fiches signalétiques des structures adhérentes. Il constitue en quelque sorte le « Who’s Who » de l’industrie nucléaire. Notre site Internet complète ce dispositif en présentant les activités du Groupe à un public plus large.

Quel est l’avenir du nucléaire ?

Aujourd’hui, le nucléaire apparaît effectivement comme une énergie d’avenir. Le contexte international confirme cette évolution, avec la commande finlandaise d’un réacteur de nouvelle génération, l’extension du marché chinois, les recherches japonaises, et les récentes décisions américaines. Dans un contexte où la réflexion se fait sur le long terme, il semble que cette énergie dispose d’une certaine avance au regard des récents événements : crise du pétrole, crise du gaz (Ukraine), indépendance énergétique, etc.