Erik de BOISGROLLIER
Créateur de l’application mobile NosLois

CCeux qui instrumentalisent les ratés de la distribution des professions de foi oublient que sa dématérialisation fut l’une des obsessions des gouvernements successifs de François Hollande et d’Emmanuel Macron au nom de l’économie, de la simplification administrative et de l’environnement ! L’alerte sur son évidente nécessité au 1er tour des régionales incite à en consolider l’efficacité, vecteur principal du principe d’égalité entre les candidats pour les élections à venir, de sa production à son recyclage sans oublier sa distribution. Sans vigilance, cet outil démocratique aurait déjà disparu.

Les nouveaux outils de la civic tech permettent une meilleure continuité de la démocratie représentative dans l’intervalle entre deux votes. A condition bien sûr que les élus s’en emparent….

Qu’il s’agisse d’indifférence ou de protestation, la démocratie représentative n’est pas tenable avec le niveau d’abstention que la France vient de connaître aux élections régionales et départementales. Depuis, les propositions fusent donc pour renforcer la participation électorale et faciliter (voire contraindre) l’expression du vote : vote par correspondance, électronique ou obligatoire ; extension des horaires voire des jours d’ouverture des bureaux de vote ; prise en compte du vote blanc et simplification des modes de scrutin… Mais mieux vaudrait d’abord agir en amont de l’acte de vote, dès l’intervalle entre deux élections, en rapprochant les citoyens et leurs élus.

Aux sources de l’abstention, un “isolement démocratique”

Le dernier baromètre politique Viavoice – Libération objective la distance croissante des Français vis-à-vis de la politique, leur malaise démocratique et la crise sans précédent de la représentativité. D’après l’étude, c’est le décalage entre l’offre et la demande politique qui explique le niveau d’abstention : le désalignement croissant des intérêts entre représentants et représentés creuse un déficit de confiance qui entraîne l’abstention, laquelle rogne la légitimité et affaiblit les élus et les politiques publiques.

Faute de pouvoir facilement communiquer, s’informer et s’engager mutuellement, citoyens et élus subissent de facto un “isolement démocratique” très frustrant dans l’intervalle entre deux élections. Ce lien de confiance est tout particulièrement distendu entre les citoyens et leurs parlementaires. Députés et sénateurs français font pourtant le “job” pour être proche des gens. Mais ils sont dépourvus du don d’ubiquité qui leur permettrait d’être en même temps dans l’hémicycle à Paris et sur le terrain…

La société française est ainsi le comble du paradoxe : la population est de plus en plus connectée mais les citoyens et leurs élus n’ont toujours pas d’espace numérique commun d’information, d’expression et d’engagement jouant le rôle d’une “interface” démocratique fluidifiant leur communication. C’est dire combien le numérique n’a pas encore tenu toutes ses promesses démocratiques. Le débat public et politique tend même à régresser sur les réseaux sociaux… 

Créer un contact régulier pour favoriser l’engagement

Aujourd’hui, tous les ingrédients technologiques sont réunis pour une transformation numérique oxygénant enfin la démocratie représentative. Les citoyens sont plus équipés en smartphones, les nouveaux usages sont largement entrés dans les mœurs numériques des mobinautes et les institutions ont majoritairement effectué leur mue digitale en proposant leurs informations sur des plateformes de données ouvertes.

Une nouvelle génération d’outils peut ainsi proposer des plateformes d’information et d’engagement qui associent l’exploitation des données publiques ouvertes avec les nouveaux usages mobiles pour offrir à chacun – citoyens et élus – une expérience personnalisée et ergonomique d’interface démocratique.

C’est l’avènement d’une véritable civic tech 3.0 ! Chacun y trouve en effet son intérêt en termes d’information et d’engagement mutuels. Les élus peuvent mieux rendre compte de leur activité aux citoyens. Les besoins et les attentes de ces derniers peuvent mieux être pris en compte par les premiers. Ce contact régulier entre les citoyens et leurs élus autour de l’actualité politique qui les intéresse crée de la connaissance réciproque et met en confiance.

Aux élus de faire le premier pas

Parce que la crise de la démocratie représentative est d’abord une crise de l’offre politique, il incombe logiquement aux élus de faire le premier pas pour se rapprocher des citoyens. Il ne tient qu’à eux de s’emparer pleinement et dès maintenant des outils numériques développés par la civic tech. La mission d’information créée par l’Assemblée nationale pour “identifier les ressorts de l’abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale” pourrait inscrire cette réflexion à son ordre du jour.

Bien sûr, tout problème politique appelle une solution politique et nulle technologie ne saurait être la panacée pour lutter contre l’abstention. Mais les nouveaux outils numériques peuvent contribuer à retisser concrètement le lien de confiance entre les citoyens et leurs élus dans l’intervalle entre deux élections. Une démocratie plus permanente pour des citoyens plus engagés et des électeurs moins… intermittents !

Erik de BOISGROLLIER
Créateur de l’application mobile NosLois