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S.A.I Reza Pahlavi, Prince héritier d’Iran

Peut-on dire de votre livre « L’Iran, l’heure du choix », qu’il s’agit d’un appel aux Iraniens pour qu’ils fassent vite un choix entre un futur modèle démocratique et le maintien d’une théocratie vieille de trente ans ?

Cela fait bien longtemps qu’une large majorité de mes compatriotes a fait le choix de la démocratie, sans aucun doute. Aujourd’hui, c’est à la Communauté internationale de le faire. Devant la multiplication des crises de la part de la République islamique – de celle du nucléaire à l’exportation du terrorisme, en passant par le conflit israélopalestinien -, la Communauté internationale semble envisager seulement deux solutions : la négociation-capitulation ou la guerre. Ces deux voies peuvent seulement mener à des impasses ou à des catastrophes. La négociation, entamée depuis plusieurs années, n’a eu qu’un seul résultat : permettre à ce régime totalitaire de gagner du temps et de « se rapprocher » de la bombe.

Je ne crois pas que la négociation puisse aboutir à un résultat positif, car la nature et la raison d’être de ce régime lui interdisent de négocier sérieusement en vue d’un compromis. La République islamique a besoin de l’arme nucléaire pour pouvoir s’institutionnaliser dans la région, dicter ses volontés et continuer de déstabiliser tous les pays de cette zone. En tant que patriote, je ne pourrais pas accepter un tel scénario. La guerre n’aura d’autre issue que de renforcer le régime et d’amener le chaos. Devant cette double impasse, je propose à la Communauté internationale de soutenir la demande démocratique de mes compatriotes. Cette troisième voie, celle du peuple, est la plus légitime, la moins coûteuse et la seule à pouvoir amener un résultat bénéfique au peuple iranien ainsi qu’au reste du monde. Les deux autres options n’auront qu’un seul vainqueur : le régime islamique.

Vos compatriotes sont-ils prêts à renverser l’«ayatollarchie» en place — comme ils ont fait vaciller la monarchie, incarnée par votre grand-père puis votre père ?

Les Iraniens le démontrent tous les jours. Regardez le mouvement étudiant qui s’organise et s’oppose au régime. Voyez le mouvement des femmes, qui font preuve d’un courage exceptionnel. Observez les ouvriers et les fonctionnaires, qui multiplient les grèves et les protestations, ou encore le récent mouvement au sein du Bazar. Le mécontentement et la volonté d’un changement de régime se développent au sein du clergé et des forces militaires de la République islamique.

Depuis des années, j’encourage les différents mouvements d’opposition à s’unir, afin de créer cette alternative. De plus en plus de personnes d’horizons politiques divers — monarchistes, républicains, partisans du Dr Mossadegh, personnalités du régime actuel… – me contactent pour me demander d’intervenir.

Il s’agit d’une nouvelle donne politique. Devant la gravité et l’urgence de la situation, je prends mes responsabilités. Mais soyons clairs : je ne recherche aucune restauration automatique. Une fois le changement intervenu et après l’élaboration d’une Constitution démocratique fondée sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme, mes compatriotes, via un référendum, choisiront entre une monarchie et une république parlementaires.

Pensez-vous être entendu en prônant la désobéissance civile ?

Il s’agit de la seule stratégie possible si nous voulons parvenir à la réconciliation nationale et à la démocratie. Mon message est clair : « Peu importe le passé. Ce qui compte, c’est ce que vous allez faire aujourd’hui et demain. »

Vu la situation actuelle au Proche-Orient, pensez—vous que la République islamique, via son soutien au Hezbollah et au Hamas, souhaite l’échec du processus de paix ?

Cela ne fait plus aucun doute pour personne. La paix et la stabilité constituent des poisons pour la République islamique. Son bilan est catastrophique. Elle a donc besoin, pour se maintenir au pouvoir, d’engendrer des crises dans toute la région : de l’Afghanistan à Gaza en passant par l’Irak et le Liban. De plus, n’oubliez pas que dans le préambule de sa Constitution, il est clairement affirmé que les Gouvernements de la République islamique doivent sans cesse oeuvrer à exporter la Révolution : c’est la raison d’être du régime…

Au fil des administrations, républicaines ou démocrates, les États-Unis ont commis des erreurs d’analyse au Moyen-Orient. Qu’attendez-vous de M. Obama ?

Son élection suscite un grand espoir dans le monde. Je crois que les valeurs démocratiques, humanistes et de défense des Droits de l’Homme, qu’il porte avec courage, ne peuvent qu’aider notre peuple dans sa lutte pour la liberté. Les valeurs représentées par le Président Obama sont en totale contradiction avec l’essence du régime iranien.

Ne craignez-vous pas que le Président Ahmadinejad, en proie à des difficultés internes, ne cherche à rebondir en utilisant ses réseaux terroristes au Moyen-Orient ainsi que la colère de la rue arabe ?

Ce régime est défaillant. Sa seule chance de survie consiste à provoquer des crises, à manipuler la rue arabe et à soutenir le terrorisme. Il faut bien prendre conscience que les responsables du régime n’adopteront pas un autre comportement. Souvent, on entend des manifestants en Iran réclamer que l’on s’occupe d’eux plutôt que de financer le Hezbollah et le Hamas. Ces gens préfèrent que l’on investisse en Iran plutôt qu’en Afrique ou en Amérique latine. Enfin, n’oublions pas : le régime de la République islamique ne peut pas coexister avec le monde libre. Pour survivre, il est condamné à affronter l’Occident.

Pour 2009, quel message souhaitez-vous adresser à vos compatriotes ?

Avant toute chose : leur adresser un message d’espoir. Je crois en la victoire de la liberté et de la démocratie en Iran. Je suis persuadé qu’un bel avenir, où chacun trouvera sa place, s’offre à notre patrie. Je crois que grâce à la grande richesse de son histoire et de sa culture, mais aussi aux expériences politiques accumulées depuis lus d’un siècle, notre peuple parviendra à développer une société de paix et d’harmonie. Ainsi, l’Iran retrouvera très rapidement le rôle qu’il mérite au concert des nations.