Vous êtes ici Le Journal du Parlement > Hervé Morin, Ministre de la Défense
Depuis la fin de la guerre froide, le monde à changé. Des puissances ont émergé, des alliances se sont nouées et de nouvelles tensions sont apparues. La montée en puissance de l’Asie, la mondialisation de l’économie et des relations internationales, ou encore la remise en question de la notion même de frontière… autant d’évolutions qui impliquent une nécessaire adaptation de la stratégie et des moyens de la Défense. Le XXIème siècle voit naître de grandes puissances, mais aussi de nouvelles tensions. Loin d’éradiquer les risques, le nouvel ordre mondial fait apparaître des menaces inédites, bien plus incertaines et complexes que jusqu’alors. Le livre Blanc, de la Défense et de la Sécurité nationale de 2008 l’annonce dès son introduction : nous sommes entrés ”dans un monde qui n’est pas nécessairement devenu plus dangereux, mais certainement plus imprévisible, plus instable, plus contradictoire”.

Les risques potentiels ne proviennent plus seulement des États, mais aussi de groupes étatiques, mais assi de groupes étatiques transnationaux, telles que les organisations terroristes, ennemis imprévisibles, mouvants et sporadiques. A cet égard, le LIvre Blanc de la Défense identifie l’ ”arc de crise” qui s’étend de l’Ouest africain, à l’Asie en passant par la région du Golfe et la méditerranée, comme une région particulièrement sensible. La pauvreté et la violence qui y règnent sont des facteurs d’instabilité qui peuvent engendrer revendications, tensions ouvertes ou larvées et radicalisation des conflits. La prolifération et le terrorisme font de cet arc stratégique un enjeu prioritaire pour la sécurité internationale et la défense des intérêts de la France.

Si les zones à risque ont évolué, la Défense du XXIème siècle doit aussi s’adapter à une nouvelle typologie de dangers. Les progrès de la science et le développement des technologies de l’information et de la communication ont créée de formidables opportunités pour nos sociétés, mais lorsqu’ils sont détournés de leur objectif, ces progrès représentent de terribles menaces pour les États et leurs citoyens. Chimiques, bactériologiques, radiologiques, technologiques, radiologiques, technologiques, informatiques… les types d’attaques sont désormais aussi nombreux que complexes. Aucun État n’est plus à l’abri d’une crise sanitaire ou écologique, révélant ainsi une vulnérabilité nouvelle. D’origine hostile ou accidentelle, le caractère incertain de ces menaces représente un défi pour lequel nous devons trouver les solutions et ripostes les plus adaptées.

La Défense du XXIème siècle s’inscrit dans un contexte ou les risques changent d’échelle et les attaques deviennent imprévisibles. Pour assurer la sécurité et la paix en France, en Europe, et dans le monde entier, j’ai la conviction que nous devons développer une stratégie de prévention et de résolution de crise reposant sur une vigilance aigüe et une forte capacité d’anticipation. Pour relever ce défi, nous devons moderniser les armements mais aussi les techniques de la Défense. Nous devons redéployer nos forces pour être en mesure d’agir dans les zones définies comme stratégiques. Enfin, nous devons renforcer la coopération et la solidarité entre les nations, dont l’Europe de la Défense doit être un des modèles. Nous devons mettre tous nos efforts pour agir dans ce sens, car ce sont le statut militaire et diplomatique de l’Europe, mais aussi son autorité et sa légitimité sur la scène internationale qui en dépendent. Ainsi, face aux enjeux du XXIème siècle, l’Europe de la Défense doit être notre priorité.