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Honneur et patrie

Honneur et Patrie, cet exergue inscrit au revers du médaillon d’or de la Légion d’Honneur, définit mieux que tout autre ce que représentent le service au sein des armées françaises et l’engagement militaire. C’est bien pourquoi le général de Gaulle, au moment où tout semblait perdu, choisit de prendre pour devise celle de la Légion d’Honneur. Aujourd’hui encore, ces lettres figurent fièrement sur tous les bâtiments de la Marine nationale.

Hervé Morin, Ministre de la défense

Quand, en l’an X, le Premier Consul créa l’ordre de la Légion d’Honneur pour regrouper autour de lui une élite nouvelle qui représentât toutes les activités de la nation, il associa la bravoure militaire et le mérite civil. Car il n’y a qu’une Nation, où les armées se fondent, et la vertu ne connaît pas de distinction. Le premier Grand Chancelier fut un civil, le premier Grand trésorier, un militaire. C’est cette unité qui permit à la Légion d’Honneur de durer par-delà les régimes successifs et de n’être jamais remise en cause. Plus haute distinction civile et militaire, c’est l’ordre des grands hommes, l’ordre de ceux qui, à un moment de leur vie, dans des circonstances particulières, se distinguent de leurs semblables, ceux qui montrent un supplément d’âme. Des femmes et des hommes ont, dans les pages sombres ou sereines de notre Histoire mouvementée, mérité que la France, que les Français connaissent et honorent leur nom. Ils partagent une même idée de l’honneur militaire et du patriotisme. Ils portent haut les idéaux de courage, de dévouement et de fraternité. Ils nous donnent à tous une leçon de courage et une leçon d’histoire.
Les femmes et les hommes de la Défense tiennent dans cet ordre une place toute particulière. En effet, qu’y a-t-il de plus grand que de donner son bien le plus précieux, sa vie, pour sauver sa patrie, pour défendre la paix de l’Europe et du monde ? Bien des soldats, bien des civils ont été honorés par la Nation pour leur vertu, leur honneur, leur héroïsme.
Cette étoile blanche accrochée à un ruban rouge n’est pas une simple décoration : elle fait entrer ces hommes talentueux, courageux, dévoués au service de la France dans un ordre qui n’a rien de décoratif, mais représente au contraire l’identité même de la Nation et de la valeur. C’est toute la reconnaissance d’une Nation envers ses enfants les plus méritants qui se donne à voir. Au sein de la communauté des Légionnaires, prévaut un sentiment de complète égalité, car l’appartenance à cet ordre — qui constitue une réelle institution démocratique — crée, par-delà les grades et les fonctions, une fraternité fondamentale dans la volonté de servir et d’incarner la dignité de l’Etat. La Légion d’Honneur distingue, elle a aussi pour première vertu d’obliger et de charger ses membres d’une exigence d’exemplarité et d’une responsabilité morale envers la société tout entière, particulièrement envers les plus faibles.
Aujourd’hui, la « croix des braves » doit, dans la fidélité à ses principes fondateurs, veiller à assurer la diversité des mérites récompensés, en phase avec l’évolution de notre pays. Cela exige de nous un effort de réflexion, un souci de modernisa-tion, pour que cet ordre reste au XX eme siècle une institution ouverte, vivante, moderne, représentative des grands hommes de la France.

Par Hervé Morin