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« La légion d’honneur saura être à l’avant-garde de notre société »

Peu de symboles ont déclenché autant de passions depuis plus de deux siècles que la Légion d’honneur. Entre ceux qui en rêvent, ceux qui la refusent, ceux qui l’arborent, et ceux qui, comme François Mauriac, estiment que « la Légion d’honneur, ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas, et ça ne se porte pas », nos compatriotes continuent d’attacher à l’Ordre créé par le Premier Consul Bonaparte une importance considérable. Personne n’ignore en France ce que sont le ruban, la rosette ou le canapé. Même à l’étranger, au Royaume-Uni notamment, la Légion d’honneur est regardée avec un respect particulier.

Christine Lagarde, Ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi
Je me rappelle mon émotion lorsque j’ai découvert mon nom sur la liste des décorés du 14 juillet 2007 ou lorsque le Président Jacques Chirac m’a décorée, alors que j’étais encore chef d’entreprise. Aujourd’hui, que mon tour est venu, en tant que ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, de distinguer ceux de nos concitoyens qui méritent la reconnaissance de la République au sein de l’Ordre de la Légion d’honneur, je remarque parfois avec étonnement, toujours avec plaisir, le trouble des récipiendaires, fussent-ils rompus à toutes les pratiques du pouvoir ou des affaires. C’est un sentiment contagieux, et il s’en est fallu de peu, parfois, que l’émotion ne saisisse le ministre comme le récipiendaire… La cérémonie de remise de la Légion d’honneur est toujours l’occasion de faire, devant ses relations les plus proches, ses amis, sa famille, le point sur sa propre vie ; et souvent le discours biographique convenu se transforme en une véritable thérapie. Cette émotion, il faut en chercher la source dans ce que disait Napoléon Bonaparte devant le Conseil d’État en 1802 : « Les Français ne sont pas changés par dix ans de Révolution. Ils n’ont qu’un sentiment, l’honneur ; il faut donc donner de l’aliment à ce sentiment-là, il leur faut des distinctions. »

Cette idée d’honneur n’a rien de désuet ; elle reste inscrite au plus profond de l’esprit français. C’est une idée que la démocratie a renouvelée, en exigeant, comme le stipule l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « des distinctions sociales fondées sur l’utilité commune ». La Légion d’honneur distingue les mérites, les vertus, les efforts des meilleurs d’entre nous, sans qui la France ne serait pas tout à fait ce qu’elle est aujourd’hui.

La Légion d’honneur saura s’adapter à la modernité. J’irai même jusqu’à dire qu’elle saura être à l’avant-garde de notre société, comme une troupe d’élite qui n’hésite pas à prendre tous les risques. Je suis donc très heureuse que les contingents de la Légion d’honneur doivent désormais respecter la parité, par décision du Président de la République, Grand Maître de l’Ordre. La promotion du 30 janvier 2008 est à ce titre exemplaire. Les parlementaires incarnent la Nation toute entière et représentent le peuple de France. Les Légionnaires en sont, pour reprendre encore une expression de Bonaparte, « l’élite vivante ». Ensemble, ils nous montrent ce que la France a d’éminent, d’authentique et de meilleur. Ils sont le corps de garde et l’avant-garde de notre pays.