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La politique française de sécurité intérieure : de la sécurité intérieure à la sécurité globale

En matière de sécurité, le devoir de tout responsable politique est de reconnaître l’existence des menaces et de les intégrer dans un équilibre démocratique pour mieux les combattre.

Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur.
La fin du XXème siècle a été marquée par de profonds bouleversements. Dans cette onde de choc, la sécurité intérieure a été traversée par un double mouvement qui impose que nous modifions en profondeur nos schémas de pensée et de fonctionnement. Ce travail, nous l’avons débuté en 2002 et demeure l’un des enjeux majeurs des années à venir. Le diagnostic est désormais connu et partagé. Chacun sait que la distinction originelle entre la sécurité des frontières et la protection interne des personnes et des biens tend à s’amenuiser voire à disparaître. Cela ne signifie pas – bien au contraire – la fin de l’État, mais que nous avons à combattre des menaces aux formes nouvelles qui ont pour nom le terrorisme, les trafics, le blanchiment d’argent, la contrefaçon, le piratage et la contrebande. Toutes mettent en évidence l’interaction du national et de l’international. Toutes doivent être analysées en termes stratégiques et conduisent à adopter une lecture horizontale de la sécurité. Dans cette approche, on perçoit que le concept de sécurité intérieure doit être dépassée. Novateur, voire révolutionnaire, à son époque, il a posé les bases d’une transversalité que nous devons désormais appréhender plus largement.

Ce sont à vrai dire deux démarches que nous devons mener de front tant elles sont complémentaires. Face à une petite et moyenne délinquance aux conséquences sociales fondamentales, il nous faut consolider la chaîne de sécurité intérieure et affirmer sa force et sa cohérence. L’idée selon laquelle la sécurité est l’affaire de tous s’impose aussi bien aux policiers et aux magistrats, qu’aux maires, aux travailleurs sociaux et aux urbanistes.

Face aux menaces dont le terrorisme islamiste est la plus funeste illustration, il nous faut amplifier ce raisonnement et en tirer toutes les conséquences.

La première d’entre elles tient dans un constat terriblement simple : notre société est vulnérable. Prendre ainsi le contre-pied d’une pensée majoritaire laissant croire que nous sommes indestructibles nous permet d’aborder réellement ce qui est au centre des choses : comment protéger nos libertés au XXIème siècle ?

Développer une culture de la vulnérabilité, c’est par exemple préciser la menace terroriste et dire qu’elle ne réside pas uniquement dans un risque d’attentat mais qu’elle est avant tout une remise en cause de l’essence même de nos sociétés. La culture de la vulnérabilité doit conduire à développer la confiance par la responsabilité.

Chacun doit prendre pleinement conscience que la sécurité est une des premières libertés. Elle conditionne l’existence des autres. Il est clair dans cette optique que nous aurons peut être à aménager notre confort individuel pour privilégier la protection des libertés. La sûreté aéroportuaire fournit ici une illustration particulièrement significative. Affirmer que les contrôles biométriques sont indispensables n’est pas remettre en cause les libertés. C’est dire que la liberté d’aller et venir est une valeur fondamentale et qu’en acceptant certaines contraintes, nous la défendons contre ceux qui veulent la supprimer.

L’enjeu de la sécurité globale est dans cette exigence de lucidité et de défense éclairée de nos libertés.