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“L’expérience nous a enseigné combien coûte cher le fait de ne pas appartenir au cercle européen”

Milo Djukanovic, Premier ministre du Monténégro
Ici à Zagreb, un projet important nous rassemble, pour la Croatie, la région et pour l’Union européenne. Nous bénéficions de la présence de représentants de tous les États membres de l’Union et des pays de la région, comme le Coordinateur Spécial pour la Paix dans le Sud de l’Europe, perçu comme un symbole fort. Le message est clair, nous souhaitons joindre l’engagement et le dévouement à la perspective d’adhésion, pour marquer ce siècle de la vision européenne : une Europe de paix, de stabilité et de prospérité, une Europe forte dans sa diversité et une Europe de l’égalité des chances. Les Balkans sont aujourd’hui unis par ce désir d’Europe…

Notre localisation géographique est une constante, elle ne changera pas par définition avec notre entrée dans l’Union européenne. C’est pourquoi, le contexte régional demeure crucial. Ce qui dépend de notre position, c’est l’intégration complète dans l’Union européenne. L’expérience récente de la Croatie et de la Macédoine en est la preuve. La mesure du succès croate résulte de l’adoption et de la promotion de valeurs et de buts européens. Nous nous en félicitons car nous tirons de nombreux bénéfices de leur stabilité démocratique et de leur développement, en tant que voisins. Dans ce cadre, comme l’a suggéré le thème du Forum, la Croatie peut justement compter sur son rôle de « porte » de l’Europe pour le Sud-Est. Il s’est avéré que le degré d’institutionnalisation de nos relations avec l’UE, est à la fois un indicateur et un repère très important pour les investisseurs. En outre, quand nous évoquons les avantages de l’intégration européenne dans la promotion de la démocratie, en particulier dans les pays dont le développement apparaît plus difficile, nous n’oublions pas l’argument de la sécurité économique.

En effet, grâce à l’attention accordée à la cohésion économique et sociale, l’intégration européenne a un impact prépondérant sur la consolidation, le développement et la sauvegarde de la démocratie.

Nous accueillons donc l’orientation de l’UE, qui se positionne comme le meilleur support du développement économique dans la région, comme indiqué par la Commission de Communication Européenne sur l’Ouest des Balkans du 27 jan-vier, ainsi que par l’agenda de la Présidence européenne autrichienne.

Aussi, nous sommes conscients de l’importance de l’ouverture et de l’intégration d’un marché régional, puissant générateur de croissance économique, de compétitivité et d’emploi, et en général de meilleur niveau de vie pour nos citoyens. Il s’agit des principales préoccupations et buts de nos Gouvernements. Les objectifs fixés par l’agenda de Lisbonne sont également appropriés dans les Balkans occidentaux. Dans nos réformes et orientations politiques nationales, nous avons besoin de les traiter de plus en plus comme des directives, ce qui est précisément le cas au Monténégro.

Tous les pays de la région ont en général accompli des progrès significatifs en termes de réforme, de macro-économie et de stabilité politique, ainsi que dans leurs relations mutuelles et de coopération régionale. Je le confirme, les gouvernements et habitants de la région sont de plus en plus tournés vers un avenir européen. De nombreux pas en avant ont été réalisés vers l’intégration européenne, environ 3 ans après le Sommet de Théssalonique : les débats de l’adhésion de la Croatie avec l’UE sont en cours, la Macédoine s’est vu accorder le statut de candidat, l’Albanie, la Serbie et Monténégro, comme la Bosnie-Herzégovine ont ouvert les négociations. Pour l’accomplissement de la paix et d’une transition démocratique, issue d’un difficile legs politique, le rôle d’une perspective européenne a été réaffirmé. C’est particulièrement important, maintenant que nous approchons de l’achèvement démocratique, dans les processus politiques de la région. Sur le seul problème en suspens de la sécurité, le Kosovo assure qu’à travers un dialogue réaliste, une solution démocratique stable et viable peut être trouvée.

Au Monténégro, la résolution des statuts est l’essence même d’une issue démocratique et de développement. C’est un énorme succès que le pays doit au soutien et au partenariat de l’UE. Je crois en un compromis pour davantage d’européanisation et preuve de notre considérable avancée démocratique, crédible et mature, le référendum est devenu consensuel. Nous avons accepté un unique et large modèle, qui fixe à 55 % des voix, le seuil minimal pour que l’indépendance soit prononcée.

Ce référendum, qui s’est voulu juste et transparent, a conduit à établir l’indépendance étatique du Monté-négro. Ce sera bientôt un autre succès de la politique européenne dans la région, preuve que dans les Balkans aussi, nous avons maintenant, dans un esprit européen, une volonté de résoudre démocratiquement nos affaires.

Je rappellerais que le Monténégro est parvenu à éviter les conflits dévastateurs dans l’ouest des Balkans, dans les années 90 et à préserver et consolider une harmonie multi-ethnique. Sa course à l’Europe démontre la force de « l’unité dans la diversité », qui est la devise de l’intégration européenne. Je pense fortement que l’épilogue démocratique et le succès du référendum monténégrin a aussi un impact positif sur le processus de résolution du problème Kosovar et sur une plus rapide intégration de la région à l’Union.

Seulement, quand le chapitre des statuts sera clos, nous assurons que les acteurs politiques pourront se concentrer sur les réformes nécessaires de l’agenda économique et social et c’est cette voie qui conduira jusqu’à l’Europe. Nous ne pouvons donc pas nous offrir le luxe d’arrangements étatiques disfonctionnels et d’ajournements qui entraveraient notre intégration. Ce point est extrêmement important, pas uniquement pendant cette phase vers l’Europe, mais surtout pour notre crédibilité et notre position comme futur état membre.

Sur cette base, nous allons continuer à consolider et développer nos liens avec la Serbie et avec les autres pays des Balkans. Nous sommes liés par un héritage commun et surtout par le même but européen. Soucieux de conserver de bons rapports de voisinage, de coopérer, dans un total respect des droits de l’homme et des minorités, nous remplissons toutes les conditions préalables pour rejoindre l’Union. Finalement, j’aimerais réitérer l’importance, la certitude et la crédibilité de cette perspective pour les pays des Balkans. L’expérience nous a enseigné combien coûte cher le fait de ne pas appartenir au cercle européen. Cela bien sûr nous oblige à remplir les critères d’adhésion.

par Milo Đukanović