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“L’intégration de la République slovaque pour les Affaires européennes, les droits humains et les minorités”

Pál Csáky, Premier ministre de la République slovaque pour les Affaires européennes, les droits humains et les minorités

En exclusivité pour le Journal du Parlement, le Premier ministre de la République slovaque livre ses réflexions sur les grandes problématiques européennes et dresse le bilan d’une intégration qui a porté ses fruits… Comment se présentent les relations bilatérales entre Paris et Bratislava et quels sont les sujets d’intérêts communs ?

Comme le prouve la récente visite du Premier ministre Dzurinda à l’Élysée, sur invitation du Président Jacques Chirac, les relations bilatérales entre Bratislava et Paris se maintiennent au beau fixe. De plus, le Ministre français des Affaires étrangères et le Ministre des Affaires Européennes ont récemment séjourné en Slovaquie. Notre intérêt commun est de conserver d’excellents contacts avec la République française, d’élargir notre coopération économique et de poursuivre la recherche conjointe de nouvelles incitations pour plus d’efficacité de l’Union.

Quels ont été les progrès réalisés par la Slovaquie, avant et après son intégration ? Que représente l’élargissement à vos yeux ?

L’intégration de la République slovaque dans l’Union européenne est une grande réussite. Le pays est devenu membre à part entière de la grande famille européenne. Notre croissance annuelle affiche désormais un taux de 6 %, à la suite des aménagements réalisés en matière de coopération économique. En outre, la liberté et l’épanouissement personnel de nos citoyens peuvent s’exprimer désormais pleinement, grâce à la stabilité et à la prospérité de l’Union. Je suis convaincu qu’en raison de l’élargissement, l’Union européenne a renforcé durablement son poids politique, économique et financier.

La Slovaquie n’a reçu qu’une faible partie des aides de l’Union européenne. Les autorités régionales ont travaillé d’ailleurs à l’amélioration de cette situation et ont créé une agence régionale pour récolter les fonds et construire des projets de développement. Quels en sont les résultats?

L’application du principe de solidarité européenne a entraîné des résultats tangibles : les régions slovaques surmontent petit à petit leurs problèmes structuraux, sociaux et économiques. Le Gouvernement cherche à résoudre principalement ses problèmes, via des réformes extensives. Parfois jugés impopulaires, ces remaniements étaient cependant, nécessaires et indispensables pour la société et ont aujourd’hui portés leurs fruits.

Comment a été perçu par votre pays le non des Français au référendum ?

Nous reconnaissons le droit à tous les citoyens membres de l’Union, de discuter le Traité Constitutionnel, aussi bien que les issues européennes elles-mêmes. Nous croyons également qu’une telle critique ne devrait pas entraver le fonctionnement de l’Union européenne. Ensemble, nous devrions chercher des mécanismes pour renforcer la coopération et la solidarité européenne. En outre, je pense que ce ne sont pas les nouveaux citoyens européens qui entrent en concurrence avec la société française, mais plutôt le développement récent d’autres importantes régions du monde.

Quels sont les dossiers européens d’actualité que vous défendez et de quelle manière souhaitez-vous vous inscrire dans cette Europe qui se construit ?

Les valeurs européennes prépondérantes que je défends sont la tolérance, le multiculturalisme, l’harmonie dans la diversité des différentes régions, ainsi qu’une plus grande responsabilité pour une Europe, qui se présente comme un patrimoine commun, riche de l’expérience et des aspirations de tous.

Je crois que le défi principal pour l’Union est d’être plus efficace dans les secteurs politiques, financiers, économiques, mais aussi dans le domaine de la défense et de préserver en même temps les éléments subsidiaires dans le processus décisionnel, de la plus petite à la plus grande échelle.

De quelle Europe rêvez-vous ?

Nous avons besoin d’une Europe forte et réactive, dans les secteurs où pointent les défis de la mondialisation. Nous devons construire une Europe dynamique et convaincante, solidaire et humaine, une Europe vivante, qui tient compte des particularités régionales, de la diversité culturelle et qui s’inscrit pleinement au cœur de la vie quotidienne des citoyens.

Vous-mêmes étant un représentant de la minorité hongroise en Slovaquie, la question des minorités vous touche particulièrement… En tant que responsable des droits de l’homme et des droits des minorités, quelles ont été les actions et les stratégies du Gouvernement sur ce point et en particulier pour les Roms. Comment concilier en effet le respect des droits des Roms à conserver leur mode de vie traditionnel, avec les attentes d’une société industrielle moderne ?

La contribution de la minorité hongroise en Slovaquie, au processus de démocratisation du pays est évidente : voici maintenant huit ans, que le parti politique hongrois accomplit (également en accord avec les normes européennes) une véritable fonction de stabilité pour le Gouvernement slovaque.

L’intégration des Roms dans nos sociétés a été l’un des plus grands défis de notre ère et suppose une coopération européenne plus intensive encore.

La pensée européenne permet en effet de moderniser profondément l’idéologie des Roms et de ses communautés. À cet égard, le Gouvernement slovaque accorde une priorité absolue aux projets éducatifs notamment.

Quel message souhaiteriez-vous adresser à la classe politique française ?

Je serais très heureux, si nous pouvions créer conjointement, une nouvelle vision de l’Europe du 21ème siècle.

Propos recueillis par
Pauline Wirth du Verger