« Nous ne devons pas baisser la garde »

- Le Conseil de l’Europe s’attache à défendre des valeurs européennes communes, sans devoir se préoccuper de questions économiques, militaires et géostratégiques, et jouit d’une forte légitimité pour mener à bien ses activités normatives et assurer le suivi des obligations contractées par les États membres.
- Le Conseil de l’Europe est la seule organisation paneuropéenne couvrant l’ensemble du continent. Ce n’est pas le cas de l’UE, même si l’on prend en compte les pays candidats et les pays associés. L’OSCE, quant à elle, comprend des pays non-européens qui n’ont pas forcément une vision identique à la nôtre.
- Le Conseil de l’Europe est la seule institution qui a pour mission d’assurer le suivi du respect des obligations en matière de droits de l’Homme, de démocratie et d’État de droit.
- Le Conseil de l’Europe est la seule structure internationale intergouvernementale dotée d’une Assemblée parlementaire qui est investie officiellement d’un rôle important qu’elle exerce en influant sur les travaux et le processus de décision de l’organisation.
- Le Conseil de l’Europe est une base extraordinaire de connaissances et d’informations. Il dispose d’instruments de suivi, est présent sur le terrain, rassemble des parlementaires de tous les pays, entretient des relations privilégiées avec les autorités locales et régionales, et coopère étroitement avec la société civile.
Le Conseil de l’Europe et tous les organes qui en font partie, en commençant par l’Assemblée parlementaire, doivent jouer un rôle politique important. Nous sommes les gardiens de la Convention européenne des droits de l’Homme, et le processus de réforme a pour seul but de nous donner les moyens de mener à bien cette tâche… Il ne s’agira pas d’une réforme administrative mais politique. Il y aura, bien sûr, des changements administratifs, mais ils seront motivés par des objectifs politiques et non le contraire. D’autre part, elle est conçue dans la perspective d’un maintien de la pression sur notre budget.
Elle répond aux objectifs suivants :
- Revitaliser le Conseil de l’Europe en tant qu’organe politique et organisation novatrice.
- Concentrer nos travaux sur un nombre plus restreint de projets, sélectionnés en fonction de leur forte valeur ajoutée et de leurs avantages spécifiques.
- Développer une organisation souple qui soit aussi plus visible et plus adaptée aux besoins des citoyens européens.
À cette fin, la première étape repose sur quatre piliers interdépendants…
Le premier d’entre eux est une meilleure gouvernance.
La responsabilité en la matière incombe essentiellement au Comité des Ministres, mais aussi à l’Assemblée. Les relations entre ces deux organes doivent faire l’objet d’une meilleure gouvernance. S’agissant du Secrétariat, je consoliderai notre action en renforçant la direction générale des affaires politiques. Nous devons aussi revoir la communication de manière globale.
Nous créerons également un nouveau service du Budget et du Programme. Nous devons, en outre, évaluer notre action. À cette fin, nous avons besoin d’un nouvel instrument de contrôle de la qualité.
Le deuxième pilier est d’ordre opérationnel. Il nous faut revoir le programme d’activités en nous concentrant sur leur portée et leur valeur ajoutée. Nous devons faire ce que les autres ne savent pas et tendre vers des projets et programmes moins nombreux et plus efficaces. Nous devons également revoir notre présence sur le terrain, l’objectif étant de créer un réseau de bureaux du Conseil de l’Europe qui ne seraient plus considérés comme des structures secondaires et ponctuelles.
Le troisième pilier concerne nos structures. Le Secrétariat doit être structuré afin de réaliser les objectifs politiques de l’organisation, de faciliter la transversalité et la coordination, tout en gardant à l’esprit la nécessité d’instaurer un bon rapport coût/efficacité.
Le quatrième pilier concerne la Convention européenne des droits de l’Homme, principal pilier de notre organisation. C’est pourquoi la CEDH a été qualifiée de « joyau de la couronne » du Conseil de l’Europe. Nous devons entreprendre des réformes de manière à ce qu’elle puisse traiter plus efficacement toutes les requêtes. Et si le Protocole 14, on l’a vu, ouvre la voie à des réformes nécessaires, elles ne suffiront pas. Il faut faire plus et nous devons employer tous les instruments à notre disposition pour améliorer les systèmes judiciaires des États membres afin que la Cour ne soit plus saisie d’un aussi grand nombre d’affaires. La seule chose que nous ne pouvons pas faire, c’est continuer à transférer des ressources budgétaires du programme d’activités vers la Cour.
Malgré les erreurs et certains détours tragiques, l’Europe, en tant que projet de paix, a bien fonctionné. L’Histoire est toujours en marche et la démocratie règne. Toutefois, comme les événements nous le rappellent quotidiennement, il n’y a jamais de victoire irréversible. Nous ne devons pas baisser la garde. C’est là tout l’enjeu de la Réforme du Conseil de l’Europe.