Quand j’étais jeune, je voulais naviguer, être capitaine au long cours !
Bernard Vaillot : Monsieur le Président, vous avez inauguré l’été dernier la Fondation Jacques Chirac. Vous auriez pu prendre une retraite méritée, ou faire comme le font beaucoup d’anciens Présidents, sillonner la planète en donnant des conférences. Vous avez donc choisi de vous réinvestir dans cette Fondation. Quelles en sont les raisons et quelle est sa vocation ?
JJ’ai, pendant ma carrière politique, porté un certain nombre de valeurs que j’ai notamment mises en œuvre à la tête de l’État. Et bien entendu, j’ai considéré que lorsque je n’occuperai plus la fonction suprême, il n’y avait aucune raison que je ne continue pas à porter ces valeurs qui fondent notre civilisation et dont je me considère comme l’un des fervents défenseurs. C’est le refus des haines, de toutes les haines, notamment ethniques et religieuses, qui trop souvent marquent l’évolution de nos civilisations. C’est le respect profond de l’Autre, de l’être humain qui doit primer. Et c’est la primauté du droit sur la force. À partir du moment où la force prend le dessus par rapport au droit, tous les excès sont permis, et il est donc capital de le faire respecter.B.V : La vocation de votre Fondation est de prôner, de développer, de contribuer à la diffusion de ces valeurs…
Ma fondation mène plusieurs actions spécifiques : par exemple, tout ce qui concerne l’accès à l’eau. L’eau, comme chacun le comprend, est essentielle à la vie. C’est une ressource rare qui doit être respectée et gérée avec soin, tout comme les médicaments. On connaît leur importance et les abus possibles liés aux faux médicaments ou à ceux qui sont inadaptés. Il y a également la lutte contre la déforestation, un phénomène extrêmement dangereux tant pour le climat que pour l’oxygène, mais aussi sur le plan culturel, car beaucoup de savoirs sont associés aux forêts. Enfin, il y a la défense des langues et des cultures menacées. C’est une richesse pour l’humanité d’avoir un grand nombre de langues qui expriment une grande diversité culturelle, et il est donc crucial de les préserver. C’est notre patrimoine mondial.
Christian Malard : Est-ce que vous ne vous posez pas non plus en défenseur des pauvres, des déshérités de la planète ?
Il va de soi que les pauvres et les déshérités sont nombreux, et toute politique ou action légitime se doit d’avoir pour objectif d’améliorer leur situation. C’est ce que traduit notamment, au sens large du terme, tout ce qui concerne l’aide au développement.
B.V. : Le monde traverse une crise économique historique qui secoue l’ensemble de la planète. Souhaitez-vous voir émerger un pouvoir politique mondial qui pourrait contrebalancer le pouvoir de la finance, dont les excès sont en grande partie à l’origine de la crise que l’Humanité connaît aujourd’hui ?
Vous savez un pouvoir économique ou politique mondial relève un peu de l’utopie !
B.V : Mais est-ce que c’est toujours une utopie ?
C’est une utopie, mais il y a de belles utopies… En revanche, il est certain qu’on progresse vers une amélioration des choses, notamment avec le renforcement de l’Organisation des Nations Unies. Cela va dans le bon sens.
C.M : Est-ce qu’aujourd’hui le G20 symbolise une prise de conscience au niveau mondial ?
C’est sans aucun doute une bonne orientation, une orientation positive. Son élargissement, qui a été notamment voulu et souhaité par la France, est quelque chose qui, incontestablement, va dans le bon sens.
C.M : Est-ce suffisant ?
Non, ce n’est pas encore le cas, car il y a un certain nombre de pays qui ont vocation à rejoindre cette réunion qui peut prendre des décisions et qui peut associer tout le monde dans un effort commun.
C.M : Vous avez vous-même évoqué des solutions par rapport à ce G20. Pouvez-vous nous les rappeler ?
Je crois que le G20 a vocation, d’une part, à s’élargir encore, notamment à un certain nombre de pays émergents ; d’autre part, à voir ses décisions confortées et mieux respectées, donc mieux assumées par l’organisation internationale mondiale.
B.V : Pour en revenir à cette utopie du pouvoir mondial, est-ce que finalement l’Europe telle qu’elle existe aujourd’hui n’était pas non plus une utopie il y a un siècle ? Est-on dans le même registre ou pensez-vous que cela n’arrivera jamais dans l’Histoire de l’Humanité ?
Nous progresserons dans le bon sens, sans aucun doute. L’Europe a progressé ; elle est encore loin d’être homogène et solidaire comme il serait souhaitable qu’elle le soit, mais enfin, nous nous dirigeons dans la bonne direction et il en sera de même, sans aucun doute, sur le plan international.
C.M : Monsieur le Président, en 2003, vous avez été le fer de lance de l’opposition à la guerre en Irak déclenchée par les Américains et par l’administration de George W. Bush. Pensez-vous toujours aujourd’hui que cette guerre était une erreur et quel avenir voyez-vous pour l’Irak ?
Je crois que cette guerre était une erreur et qu’elle n’était pas justifiée. C’était une erreur parce qu’elle a eu des conséquences psychologiques importantes et négatives dans le monde arabe. Elle n’était pas justifiée parce que les motifs invoqués étaient à l’évidence infondés, notamment l’existence de prétendues armes offensives dangereuses dans cette partie du monde. C’était un prétexte de mauvaise foi ; donc cette guerre était, à mon sens, inutile et nuisible.
C.M : Est-ce que pour vous – je vais vous poser cette question de manière très directe – mais est-ce que pour vous l’ONU sert vraiment à quelque chose, dans la mesure où les Américains ont déclaré cette guerre sans tenir compte des Nations Unies ?
Certainement, je conteste cette procédure, mais il n’en reste pas moins que le bilan de l’ONU est extrêmement positif dans de nombreuses régions du monde et qu’elle a apporté des solutions à de nombreux conflits. Comme dans tout bilan, il y a des échecs ou des difficultés, mais globalement l’ONU est, malgré tous les problèmes auxquels elle est confrontée, un élément essentiel de paix et de stabilité dans le monde d’aujourd’hui.
B.V : Cet épisode irakien, le déclenchement de la guerre en 2003, n’est-il pas finalement le dernier chapitre d’un monde unipolaire dominé, après la disparition de l’Union Soviétique, par les États-Unis d’Amérique ? L’arrivée de Barack Obama n’est-elle pas le premier chapitre d’un monde qui est en train de devenir multipolaire, le G20 en étant d’ailleurs la concrétisation ?
Oui, il est certain que l’évolution va vers un monde qui ne sera plus à dominante américaine. Cela ne veut pas dire que l’importance économique et politique des États-Unis diminuera, mais il est certain que le développement que nous voyons aujourd’hui à l’Est – la Chine, l’Inde – déplace les centres de décision vers ces régions. Et cela correspond, je le répète, à une réalité historique. C’est là que se trouvent les plus anciennes civilisations, les plus anciennes cultures respectueuses de l’homme, et il est donc légitime que les choses reviennent à leur place.
B.V : Vous êtes également toujours très engagé pour le continent africain, en continuant, à travers votre Fondation, à mener un certain nombre d’actions. Pourtant, force est de constater que l’Afrique reste l’éternelle oubliée et bonne dernière en matière de développement. Que peut-on faire aujourd’hui pour aider ce continent à sortir du sous-développement, de la pauvreté, de la misère et de la corruption ?
L’un ne va pas sans l’autre. La première chose à avoir à l’esprit est la démographie extrêmement positive de ce continent. L’augmentation du niveau de vie des Africains ne suit pas la démographie, notamment si on le compare à celui des Européens ou des Américains. Or de nos jours, les modalités de l’information permettent une comparaison immédiate. Il n’est pas sérieux ni raisonnable de voir, sans réagir, le niveau de vie des Africains baisser par rapport à celui du monde occidental ! C’est dangereux. Cela implique une réponse qui est l’aide au développement. Il est certain que celle-ci est aujourd’hui insuffisante et que la tendance est à la baisse. Les pays occidentaux seraient bien inspirés de comprendre que l’aide au développement est certes un effort qu’ils doivent faire, non seulement justifié par la morale (bien que certains considèrent qu’elle n’a rien à voir avec l’argent, ce qui est vrai), mais aussi dans leur intérêt de ne pas laisser creuser le fossé entre les uns et les autres. Car qui dit fossé, dit un jour ou l’autre montée de l’agressivité.
B.V : Mais pourquoi d’après vous, ce continent continue d’être en partie, voire totalement, délaissé par la communauté internationale ?
Je suis passionné par un certain nombre de choses, pas seulement par les Arts premiers. Je considère que l’art n’a pas d’origine ni de nationalité. À toutes les époques et dans toutes les régions du monde, il existe de l’art, avec le meilleur et le pire. C’est pourquoi je pense qu’il est important de respecter et d’admirer ce qui est meilleur, tout en ignorant ce qui est moins bon.
C.M : Monsieur le Président, on le sait tous, vous êtes un passionné de ce que l’on appelle les Arts premiers, des cultures anciennes. Cette passion a-t-elle influencé votre perception du monde ?
Je suis passionné par un certain nombre de choses, pas seulement des Arts premiers. Je considère que l’Art n’a pas d’origine, de nationalité. Dans toutes les époques, les régions, existe un art et dans cet art le pire et le meilleur. Je considère donc, qu’il faut respecter et admirer le meilleur et ignorer le pire.
B.V : Vous aviez, je crois, 14-15 ans quand vous avez été véritablement conquis par les Arts premiers. Vous étiez à Paris, à la fin des années 40, début des années 50… C’était l’époque du jazz, des Zazous, du cinéma américain… Vous appreniez le sanskrit et le russe… C’est quand même assez inattendu pour un jeune adolescent. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a fasciné au point d’en faire une passion qui vous a suivi toute votre vie ?
En premier lieu, je rectifierais un point de détail. J’ai voulu apprendre le sanskrit parce que c’était l’expression d’une civilisation que par ailleurs je voulais mieux connaître et admirais. Je me suis donc engagé dans cette étude auprès d’un professeur d’origine russe. Très rapidement, il m’a dit que si je voulais apprendre le sanskrit, cela ne me servirait à rien, que c’était très difficile, et par conséquent, que si je tenais à apprendre quelque chose, je ferais mieux d’apprendre le russe ! C’est ainsi que j’ai abandonné le sanskrit pour me concentrer sur le russe. Donc, je vous dis tout de suite que mes connaissances en sanskrit sont quasiment nulles. Mes acquis en russe, en revanche, étaient très bons, mais ils se sont quelque peu évaporés. Voilà pour ce qui est des langues !
Au sujet des arts premiers, je le répète, l’art n’a pas d’origine, de patrie ou de civilisation particulière. Dans les Arts premiers, il y a des expressions tout à fait remarquables, tout à fait admirables, qui ont été trop longtemps ignorées par l’intelligentsia ou la pseudo-intelligentsia européenne du XVIIIe siècle, mais qui aujourd’hui ont retrouvé la place qu’elles méritaient.
C’est dans cet esprit que j’ai eu l’occasion d’imposer, lorsque j’étais Président de la République, la création d’une première exposition à cet égard au Louvre. Non sans difficultés.
D’abord, je vous remercie de bien vouloir reconnaître que c’est une très belle région de France. Ensuite, toutes mes origines sont corréziennes, tant du côté de mon père que de mon grand-père, ainsi que du côté de mes grands-parents paternels et maternels… C’est sans doute la raison pour laquelle j’y suis très attaché. Le lycée de Brive-la-Gaillarde est toujours qualifié d’école Chirac.
B.V : Comment qualifieriez-vous le caractère corrézien par rapport à d’autres régions de France ?
Je ne me risquerais pas à faire une comparaison régionale ! J’ai naturellement une affection particulière pour les Corréziens, mais cela ne saurait effacer l’affection que je porte aux autres parties de la France.
C.M : Vous avez portez aussi une grande affection pour votre grand-père… Quelles sont pour vous les valeurs qu’il vous a transmises ?
Des valeurs, je dirais plutôt indirectes que directes, car il est mort lorsque j’avais 6 ans, je crois. Mais ce sont essentiellement les valeurs de la laïcité sur le plan national et le respect de l’autre sur le plan personnel. Mon grand-père était radical-socialiste, ce que l’on appelait à l’époque « les radicaux-socialistes ». C’était de l’école de ce que l’on nommait le « père Queuille », un personnage tout à fait considérable à l’époque, pour lequel d’ailleurs j’ai beaucoup d’estime et de respect.
C.M : Et votre père ?
Mon père n’a jamais fait de politique, il était aussi porteur des mêmes valeurs mais pas de façon militante.
B.V : Est-ce que votre attachement corrézien explique aussi votre attachement bien connu pour le monde agricole ? Les paysans.
Oui, je ne dirai pas que ça l’explique. Vous savez, le monde est marqué par une évolution inquiétante : la faim, « f-a-i-m ». Et l’on voit de plus en plus qu’il sera impérieusement nécessaire de produire davantage. Or, l’expérience prouve que la production agricole et alimentaire n’est véritablement efficace, contrairement à ce qu’on a pu penser à certaines périodes, que dans le cadre de la petite exploitation familiale. D’où l’importance de l’aider, de la soutenir et de la développer, car c’est la seule réponse viable aujourd’hui aux problèmes de la faim dans le monde.
C.M : Monsieur le Président, pour en revenir à la politique… Dans votre long parcours, est-ce qu’il y a un ou plusieurs moments en particulier qui vous ont le plus marqué, avant de devenir bien entendu Président de la République ?
Beaucoup de moments m’ont marqué. Je pourrais citer la chute du mur de Berlin comme un événement qui a été tout de même pour moi à la fois inattendu, traumatisant et porteur d’espoir. Sinon, un souvenir plus ancien et très fort : le retour du Général de Gaulle. Il incarnait l’idée que je me faisais de l’intérêt et de la grandeur de la France.
BV : Georges Pompidou…
Georges Pompidou aussi, qui incarnait la culture, la sagesse et le bon sens. Je l’ai servi avec beaucoup de dévouement. C’était un homme qui représentait particulièrement bien, je crois, et dans le meilleur sens du terme, les valeurs intellectuelles et morales de la France et des Français.
B.V : Auriez-vous une anecdote à nous raconter avec Georges Pompidou ? Par exemple comment êtes-vous entré à son cabinet ? Le premier contact avec lui, la première rencontre…
Georges Pompidou était Premier ministre à l’époque où je sortais de l’École Nationale d’Administration. Après mon séjour en Algérie, j’étais affecté au Secrétariat général du Gouvernement. À ce titre, Ortoli, l’un des collaborateurs de Monsieur Pompidou, m’avait remarqué, je ne sais plus trop pourquoi d’ailleurs… Un jour, il m’avait convoqué et amené chez Monsieur Pompidou que je revois très bien : il était en train de signer du courrier, c’était le soir, sa lampe était allumée. Nous sommes entrés, il n’a pas levé le nez et Ortoli lui a dit : « Monsieur le Premier ministre, je voulais vous présenter Chirac parce qu’il va rentrer au Cabinet ». Après un silence, Ortoli ajoute : « Il est très bien ! ». Alors, sans lever le nez, Pompidou lui répond : « Je me doute bien que s’il n’était pas très bien, vous ne l’auriez pas amené ». Et là, la conversation s’est arrêtée, je suis ressorti. Voilà mon premier contact avec Pompidou.
B.V : Si vous ne vous étiez pas engagé en politique, il y a une profession que vous auriez aimé exercer ?
Quand j’étais jeune, je voulais naviguer, être capitaine au long cours ! C’est d’ailleurs dans cet esprit que je m’étais engagé. Un jour, je suis parti de chez moi en douce pour m’embarquer à Dunkerque sur un bateau de la marine marchande comme pilotin, et j’y suis resté plusieurs mois.
C.M : En politique, Monsieur le Président, beaucoup de gens disent : « Est-ce que finalement le Président Chirac n’est pas un homme de gauche ? Il a distribué l’Humanité quand il était jeune… ». Pareillement, on a dit que Monsieur Mitterrand était un homme de gauche, mais très pro-américain, quelqu’un d’un peu à droite finalement… ?
Vous savez, je crois qu’on a trop tendance à classer les gens à droite ou à gauche. Moi, j’ai été essentiellement gaulliste. Alors est-ce que le Général de Gaulle était à droite ou à gauche ? C’est une question qui mérite réflexion et qui ne comporte pas de réponse catégorique. Moi, j’ai été gaulliste et je le suis toujours.
C.M : Mais vous êtes quelqu’un qui défendait les valeurs sociales et c’est vrai qu’on a toujours tendance à classer les personnes qui défendent les valeurs sociales à gauche. Vous possédez donc des valeurs de gauche…
Moi, je respecte les valeurs de l’Homme, de la générosité, de la solidarité et pour tout dire, je ne me préoccupe pas vraiment de savoir si elles sont portées par la gauche ou par la droite.
C.M : Monsieur le Président qu’est-ce qui a motivé votre entrée en politique ? Que s’est-il passé ? Quel déclic y’a-t-il eu ?
« Chirac, il faut vous présenter aux élections législatives à Paris ». Alors il y avait là deux orientations : me présenter aux élections législatives, ce à quoi je n’avais absolument pas pensé et à quoi il avait l’air de tenir. J’ai donc considéré que c’était une instruction. À Paris, je lui ai dit : « Écoutez, je ne connais pas Paris. Si je dois me présenter quelque part, je préfère me présenter en Corrèze, chez moi, chez des gens que je connais, que je comprends ». Alors il a accepté et je suis allé me présenter dans la 3ème circonscription de la Corrèze, c’est-à-dire la Haute-Corrèze.
C.M : Quel est le souhait qui vous est le plus cher aujourd’hui pour l’avenir du monde ?
La prise de conscience et le développement du principe de paix et de solidarité. Je le répète, l’un ne va pas sans l’autre ; il n’y a pas de paix sans solidarité. Par conséquent, la suggestion que je me permets de faire aux dirigeants du monde est d’en avoir conscience : de s’imposer comme des porteurs de solidarité, car cela conditionne la paix.
B.V : Monsieur le Président, vous avez quitté l’Elysée le 16 mai 2007 après une vie politique longue et bien remplie… Comment fait-on pour se reconstruire « une vie normale » en franchissant le portail de l’Elysée ?
Tout simplement en conservant les mêmes ambitions et les mêmes valeurs que j’exprime différemment avec la Fondation que j’ai créée.
C.M : Monsieur le Président, vous êtes un homme de contact… Combien de fois vous a-t-on vu aller dans la foule, serrer les mains, étreindre les gens. J’ai même le souvenir à Damas où vous avez provoqué un bain de foule avec le Président Hafez el-Assad qui ne savait pas ce qu’était un bain de foule. Et pourtant, vous n’aimez pas vous dévoiler…
Oui, mais parce que j’écoute avec beaucoup d’attention, et les gens voient très bien par le regard et le toucher si l’on s’intéresse à ce qu’ils disent et à ce qu’ils pensent, et ça, c’est capital ! Tout le monde a quelque chose d’intéressant à dire, et l’on a quelque chose à apprendre de tout le monde. Chacun a sa propre expérience, sa propre sensibilité, et donc, l’on a quelque chose à apprendre de tout le monde. Ensuite, on retient ou on élimine, mais il faut écouter chacun avec attention.
C.M : Alors Monsieur le Président… quel est le fameux mystère de la sacoche noire, que vous avez souvent sur vous et qui contiendrait, dit-on, toutes vos pensées, vos notes, les choses auxquelles vous…
J’ai effectivement une sacoche comme beaucoup de gens et dans ma sacoche il y a un certain nombre de choses, en effet, des réflexions que m’inspirent ou que m’ont inspiré des grands penseurs ou des grands philosophes, des grands théoriciens du monde d’hier et d’aujourd’hui.
C.M : Elle est avec vous tous les jours…
Je l’ai avec moi effectivement et le cas échéant je m’y réfère quand je suis moi-même à court de pensée.
Propos recueillis par
Christian Malard
et Bernard Vaillot