Christophe Plassard

Député de Charente Maritime,
Membre de la Commission des Finances et de la Commission des Affaires européennes,
Président du Groupe d’études sur l’Économie fluviale, maritime et la filière halieutique,
Vice-président du Groupe d’études sur les Industries de défense.

Pourriez-vous revenir sur le parcours qui vous a conduit sur les bancs de l’Assemblée ?

Tout a commencé par un engagement associatif au sein du Centre des jeunes dirigeants (CJD), plus vieille organisation patronale de France, créée en 1938. Je m’y suis formé et mon engagement s’est vu conforté en y prenant des mandats successifs de Président de section, de région, membre du bureau national, puis représentant le mouvement au sein du CESER de Nouvelle Aquitaine en tant que Vice-président. C’est là que j’y ai croisé la société civile engagée avec les représentants patronaux, syndicaux, le monde associatif etc. Couplé à l’intérêt que j’ai pour ma ville de Royan jusqu’à être élu au Conseil municipal en 2020. Après la campagne régionale et la création du Parti Horizons par Édouard Philippe, j’ai été investi aux élections législatives pour la cinquième circonscription de la Charente Maritime, connue pour sa stabilité politique, avec une droite modérée, incarnée par mes deux illustres prédécesseurs, Jean de Lipkowski et Didier Quentin, chacun Députés pendant 25 ans, ainsi que Dominique Bussereau, Président du Conseil départemental et Jean-Pierre Raffarin, Président de la région Poitou-Charentes.

Quel bilan dresseriez-vous de votre action après un peu plus d’un an de mandat ?

À l’Assemblée et plus particulièrement en Commission des Finances, le travail sur les sujets de défense, avec deux rapports budgétaires et une mission d’information sur l’économie de guerre, en passant par l’adoption de la loi de programmation militaire.
Sur le terrain, en arpentant les 74 communes de la circonscription pour résoudre, tant les problèmes du quotidien des habitants que pour traiter les enjeux majeurs du territoire que sont la pêche, l’ostréiculture, les retraits gonflements d’argile, le logement ou les mobilités.

Vous êtes Vice-président du Groupe d’études sur l’industrie de la Défense… Face au retour de la guerre en Europe, la LPM 2024-2030 revêt des enjeux inédits. Comment votre idée de proposer aux Français de soutenir l’économie de guerre en mobilisant leur épargne au bénéfice de l’industrie de défense, a-t-elle été reçue ? 

Tout est parti de la mission sur l’économie de guerre, que j’ai menée après mon premier rapport sur le budget de la défense.
Les travaux de cette mission avaient confirmé que, malgré la guerre en Ukraine, le secteur de la base industrielle et technologique de défense (BITD) faisait face à un défaut majeur de financements de la part des acteurs privés et des banques. Parallèlement, les auditions menées révélaient la manne financière que représente l’épargne des Français à la libre disposition des banques (les fonds non centralisés). Les sommes sont réparties entre le logement social à hauteur de 60% et le reste se retrouve aussi géré par les banques pour financer l’économie ou dans les salles de marché. Nous avons alors proposé d’ouvrir les livrets réglementés au financement de la BITD, composé majoritairement de PME duales, qui peuvent changer le quotidien des Français et qui sont stratégiques pour notre pays, avec mes collègues Thomas Gassilloud et Jean-Louis Thiériot.Malheureusement, cette mesure a été jugée cavalière par le Conseil constitutionnel avant la promulgation de la LPM, mais nous tenons bon : nous avons reproposé cette mesure au projet de loi de finances pour 2024 et elle a été retenue par le Gouvernement dans la version du texte définitif. Cela a permis de révéler une chose majeure : l’écosystème de la défense est foisonnant et, pourtant, très méconnu, y compris de mes collègues Députés. C’est pourquoi, avec Jean-Louis Thiériot, nous avons lancé un Club Défense, qui consiste à sensibiliser les Parlementaires issus de tous les Groupes et de toutes les Commissions aux divers sujets et enjeux de l’univers de la défense par le biais de rencontres avec des experts.

Vous êtes actif sur de nombreux autres Groupes d’études et Commissions… Parmi les multiples thématiques auxquelle vous êtes confronté, lesquelles semblent, à  vos  yeux, particulièrement prioritaires ?

Le premier de ces sujets est le logement. Nous avons de réelles difficultés en Charente Maritime à trouver des logements à l’année pour les habitants. En effet, l’offre est cannibalisée par les meublés touristiques, qui bénéficient d’un régime fiscal plus favorable.
Je comprends parfaitement que les propriétaires louent quelques jours ou quelques semaines leur logement afin de payer leurs charges, leurs travaux, leurs vacances ou pour arrondir leurs fins de mois. En revanche, on se retrouve face à des investisseurs et des sociétés qui achètent des maisons et des immeubles entiers pour les louer temporairement à l’année et les retirer du marché de la longue durée. Le tourisme est une chance pour la Charente Maritime, il a créé un réel effet pervers sur le logement avec les meublés touristiques qu’il est nécessaire d’encadrer. C’est tout le sens de l’initiative transpartisane que nous avons menée avec Inaki Echaniz, Julien Bayou, Max Brisson et Annaig Le Meur. Profitant des négociations en cours sur le contrat de plan État-région, j’ai eu la satisfaction de pouvoir réunir l’ensemble des élus, des forces économiques et des usagers du train pour sensibiliser, mobiliser et convaincre sur la nécessité d’investissements trop souvent retardés ou abandonnés pour désenclaver le désert ferroviaire qu’est la Charente Maritime.

Quel regard portez-vous sur la vie politique aujourd’hui et notamment sur les dérives liées à la violence dont sont victimes les élus ?

Toutes les violences doivent être condamnées, surtout celles qui visent les personnes qui représentent une certaine autorité : pas seulement les élus, mais aussi les Forces de l’ordre, les Magistrats et tous ceux qui font tourner nos Services publics, des guichetiers et secrétaires de mairies aux pharmaciens et médecins, envers qui les violences ont augmenté de plus de 20% en un an ! En revanche, être élu implique un devoir d’exemplarité et je regrette l’attitude de certains, qui veulent changer notre Assemblée en cirque, qui contribuent à légitimer la désacralisation de l’Autorité publique.
À l’heure où vous me posez cette question, un de mes collègues a été sanctionné d’une censure par l’Assemblée pour avoir été violent à l’encontre de collègues en Commission et c’est un phénomène qui n’est pas isolé : en un peu plus d’un an de mandat, 145 sanctions ont été prononcées contre des Députés et ce n’est pas ça qui va resserrer la confiance entre les Français et leurs Institutions et les élus.


Propos recueillis par

Pauline Wirth du Verger