Lettre ouverte à
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Député(e)s européen(ne)s

Les 6 et 7 mai derniers, le « rallye Castine », une course automobile sur des chemins de terre a, une nouvelle fois, sévi, avec l’aval de la Préfecture du Lot, le soutien de la Région Occitanie, du Conseil départemental et de la Communauté de communes Cauvaldor, dans des zones sensibles qui devraient impérativement être protégées : 

  • la première, classée en ZNIEFF, est la vallée de la Doue. Ce site, particulièrement sensible, abrite de nombreuses espèces de faune et de flore protégées qui sont directement impactées par ce rallye. Le parcours de la course suit un chemin rural qui, après avoir longé la Doue, cours d’eau issu d’une résurgence remarquable, grimpe sur le Causse et traverse plusieurs hameaux, notamment Chapelle, qui comporte des éléments architecturaux exceptionnels.
  • la seconde zone, au cœur du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy, Géoparc mondial, est le site de Barrières. Le parcours passe à proximité de la grotte préhistorique des Fieux, classée au titre des Monuments historiques (17 janvier 1967) et rase ensuite le hameau de pierres sèches de Barrières, un lac de Saint Namphaise, point d’eau caractéristique des Causses du Quercy, puis de nombreux dolmens, l’un deux, inscrit au titre des Monuments historiques (2012), étant à quelques mètres de la piste seulement. Il faut tenir compte aussi du fait que, sur ce parcours, plusieurs igues communiquent directement avec une rivière souterraine reliée à celle du Gouffre de Padirac. 

150 voitures ont participé à deux « spéciales » sur chacun de ces parcours. En comptant les voitures ouvreuses et la reconnaissance du parcours, cela signifie 500 passages de bolides avec le bruit, la pollution et des risques d’accident et de dégâts écologiques évidents. 

Des portions de routes ont été endommagées, des dizaines de kilomètres de  chemins de terre ont été défoncés et des parcelles agricoles abimées. Organisé en pleine saison de reproduction et de nidification, un tel événement n’est pas sans conséquence pour nombre d’espèces.

À Chapelle, le 6 mai, des fontaines du XVIIIème siècle ont été ébranlées, un mur séculaire de pierres sèches a été détruit par une voiture à proximité d’un four à pain qui, à peine restauré, avait lui-même été endommagé l’an dernier. 

À Barrières, le 7 mai, un accident grave s’est produit près du site préhistorique des Fieux, où une voiture a violemment percuté un mur.  Il n’y a pas eu, heureusement, d’accident près du lac de Saint Namphaise comme cela s’était produit l’an dernier, avec un écoulement abondant de carburant et d’huile dans le lac. Les pelouses sèches du Causse, où les orchidées sauvages sont en pleine floraison, ont été non seulement dévastées par les nombreuses voitures qui s’y sont garées, mais ont aussi été piétinées par les spectateurs qui sont montés sur les murets de pierres sèches et le dolmen classé, près duquel avait été installés un barnum et des buvettes. Des membres de notre Collectif venus pour prendre pacifiquement des photos et des vidéos ont été repérés, violemment pris à partie et expulsés.

En outre, les riverains des parcours ont été bloqués chez eux par les organisateurs du rallye de 6h à 22h, en violation du droit constitutionnel à la liberté d’aller et venir des personnes.  

À l’heure de la sobriété énergétique et de l’urgence climatique, cette course est un exemple déplorable de gaspillage et de mépris pour les impératifs écologiques.

Le Collectif « Ici on vit bien sans le rallye Castine » auquel nous appartenons a mis en demeure la Préfecture de lui communiquer le dossier d’impact environnemental qui est obligatoire pour une telle manifestation. Il n’a reçu aucune réponse à cette demande. 

Notre Collectif demande que les règles existantes soient respectées par les Collectivités territoriales et l’Administration préfectorale, ce qui n’est manifestement pas le cas.

Il demande que l’intérêt général passe avant l’intérêt particulier des partisans d’une manifestation qui ne devrait plus avoir cours aujourd’hui.

Il demande aux responsables que vous êtes de veiller à ce que les actes soient en conformité avec le discours sur l’urgence écologique et avec les règles nationales et européennes en la matière.

Il a décidé de se constituer en association pour pouvoir agir en justice et obtenir le respect du droit.

Guy Astruc
Géologue régional honoraire du BRGM et ancien membre du Groupe spéléologique du Quercy

Michel Lorblanchet
Préhistorien, Directeur de recherches honoraire au CNRS

André Tarrisse
Hydrogéologue 

Pierre-Jean Texier
Préhistorien, Directeur de recherches émérite au CNRS

Jean-Louis Thocaven
Spéléologue en veille sur la qualité des eaux souterraines

Philippe Tyssandier
Vice-Président du Comité départemental de spéléologie du Lot et coordinateur départemental de la Ligue pour la protection des oiseaux