Année après année, les français de l’étranger apparaissent comme une communauté avec laquelle il faut de plus en plus compter.
Leur poids tant politique que financier place, en effet, les expatriés aux avant-postes dans les différents pays du monde qui les accueille.
Hélène Conway-Mouret, qui fut leur ministre au Quai d’Orsay, aujourd’hui sénatrice et Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, a passé la Fête Nationale aux côtés des résidents français à Rome.
Le discours, prononcé à cette occasion, a valeur d’exemplarité :
Monsieur l’Ambassadeur, cher Christian Masset
Madame l’Ambassadrice, chère Céline Jurgensen
Monsieur l’Ambassadeur, cher Martin Briens
Mesdames et Monsieur les Conseillers des Français de l’étranger,
Monsieur le Consul général, cher Fabrice Maïolino,
Chers amis,
Chers compatriotes,
Chaque année depuis mon élection, je me suis assurée de partager notre Fête nationale avec celles et ceux de nos compatriotes qui ont choisi de vivre à l’étranger.
Cette année, je suis avec vous à Rome, où je suis heureuse de retrouver de nombreux amis et vous, Monsieur l’Ambassadeur. Cher Christian, je voudrais vous dire le plaisir que j’ai eu de travailler avec vous dans vos différentes fonctions depuis plus de dix ans. Je salue ici votre professionnalisme, votre engagement sans faille au service notre pays, votre disponibilité et votre profond humanisme.
Le 14 juillet, c’est le jour de la Nation, le jour où le peuple français s’unit pour prendre en main son destin, pour construire une démocratie autour des valeurs universelles des droits de l’Homme, énoncées dans une déclaration sans pareil dont l’inspiration nous porte encore aujourd’hui et qui, depuis deux siècles, identifie la France avec les idéaux qu’elle porte.
Parce qu’aujourd’hui, il semble plus difficile de construire les Révolutions plutôt que de les rêver ou de les faire, je souhaite tout d’abord dire quelques mots de cette devise dont l’actualité reste fondée dans un monde éclaté.
Liberté, pour garantir une démocratie qui protège les droits de chacun.
Égalité, pour que tous les citoyens participent ensemble à l’œuvre commune.
Fraternité, enfin, pour que nous nous sentions solidaires et construisions une société plus juste dans laquelle la recherche de l’efficacité s’allie à la volonté de donner à chacun sa dignité et ses droits.
Mesdames et Messieurs, vous qui vivez à l’étranger et qui avez le souci que la distance ne se transforme pas en fossé, vous savez que l’essentiel est de préserver les fondements de notre unité nationale y compris lorsque celle-ci nous donne le sentiment de se diviser et de s’opposer.
Quelle que soit l’expérience vécue, quels que soient les choix personnels, quelle que soit l’idée que chacun se fait de l’intérêt du pays, vous savez qu’il est heureusement un certain nombre de domaines et de moments où nous savons tous ensemble de quelle façon il convient d’agir dans les contradictions du monde où nous sommes. Notre réunion ce soir dans cette belle résidence de France – où je vous remercie de nous accueillir, Monsieur l’Ambassadeur – en atteste.
La raison nous dicte, Français et Italiens, de nous concerter, de nous entendre et de nous reposer sur des solidarités spontanées entre deux pays qui partagent les mêmes enjeux européens et méditerranéens en matière de sécurité et de défense notamment.
Dans tous les domaines – l’éducation, la culture, la formation professionnelle, la recherche scientifique, l’économie, l’énergie ou encore les transports – nous sommes attachés à ce que la complicité intellectuelle et culturelle qui unit le peuple français et le peuple italien se traduise en projets communs, pour l’avenir et pour notre jeunesse. C’est bien l’enjeux du traité du Quirinal si opportunément signé en 2021.
Plus que de complicité, nous pourrions même parler de fraternité. Cette relation « particulière, affective, et finalement préférentielle » entre les « sœurs latines », comme l’avait rappelé François Mitterrand, s’est tissée dans le temps avec des liens à la fois historiques et culturels. Nos Alliances françaises qui forment en Italie le réseau le plus dense d’Europe, nos Instituts français, nos associations mais aussi nos établissements scolaires, dont je remercie tous les représentants, œuvrent au renforcement de ces liens exceptionnels et à la compréhension réciproque de nos sociétés et de leur pensée.
Vous êtes près de 44 000 inscrits en Italie, et sans doute beaucoup plus à y être installés, dont beaucoup de binationaux. Vous formez ainsi l’une des communautés françaises expatriées parmi les plus dynamiques.
Si la France et l’Italie sont unies par une telle relation, c’est grâce à vous, à votre connaissance de ce pays, à votre dynamisme, à votre esprit d’initiative, et je tiens d’ailleurs à saluer les représentants des entreprises présents ce soir.
Vous formez une communauté qui fait vivre la France à l’étranger et qui porte une dimension capitale de notre politique et de notre avenir. Je parle de l’attractivité de la France, de sa capacité à rayonner dans le monde par l’exportation de ses produits, la valorisation de ses savoir-faire, de sa culture et de ses valeurs.
Si la France attache une telle importance à la représentation des Français de l’étranger, c’est bien parce qu’elle croit en eux, parce qu’elle voit en eux des membres à part entière de la communauté nationale. Je veux saluer ici les Conseillers des Français de l’étranger qui sont vos élus locaux :
Madame Gaëlle Barré, présidente du conseil consulaire,
Monsieur Olivier Spiesser,
Madame Carole de Blesson,
Madame Peggy Hoffmann,
Monsieur Pierre Choraine
Chacun d’entre vous participe de cette ambition commune d’une France pleinement européenne, moderne, tournée vers l’avenir et confiante.
Chers amis italiens et français,
Ce soir c’est le 14 juillet, la fête de la France, la fête de notre amitié, la fête de l’espoir dans un avenir meilleur, dans le progrès humain.
J’ai depuis longtemps fait mien ce vers de Dante pour lequel « le bonheur se trouve toujours sur l’autre rive ». J’ai la passion du voir, de vous voir et vous entendre.
Merci donc à vous toutes et tous de m’accueillir si chaleureusement dans ce pays d’immense talent dont les liens avec la France sont si denses et si gratifiants.
Nos deux peuples voisins qui se sont, dans le passé, souvent ignorés et parfois combattus, ont entrepris de marcher main dans la main vers des idéaux semblables et vers les mêmes espérances. Merci d’incarner cette relation magnifique en ce beau jour d’été et dans ce Palais qui témoigne avec Michel-Ange et Carrache, Vignola et Salviati de cette générosité créatrice dont l’Europe et la France ont reçu les bienfaits.
Vive l’Italie !
Vive la France !
Vive l’amitié franco-italienne
Vive la République !
Hélène Conway-Mouret
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