DotVision incarne la fusion de deux priorités nationales essentielles : la transition vers une économie plus verte, axée sur la décarbonation et l’efficacité énergétique tout en renforçant la sécurité de notre territoire national pour une France plus souveraine et indépendante… Rencontre avec Guillaume Pelletier, le PDG de cette entreprise française en première ligne de l’innovation technologique.

Guillaume Pelletier, PDG de DotVision

”…ma carrière a toujours été profondément orientée vers la Deep Tech” ©Wilmer Martinez

”…peut-être même une aventure spatiale à explorer !” ©Ivàn dìaz

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous donner un aperçu de DotVision ?

J‘ai suivi dans un premier temps des études à l’université Paris VI, ce qui m’a permis d’acquérir une solide base de connaissances technologiques, et j’ai eu par la suite la chance d’intégrer Centrale Paris. Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de travailler avec de grands groupes américains, en me concentrant particulièrement sur des domaines tels que la réalité augmentée et la simulation, des technologies de pointe qui ont toujours suscité ma passion. Une étape majeure de mon parcours a été la création de ma première start-up à Paris, une aventure entrepreneuriale passionnante qui a abouti à la vente de l’entreprise en 2011. Depuis lors, ma carrière a toujours été profondément orientée vers la Deep Tech, une passion que je partage avec toute l’équipe de DotVision.

Notre entreprise est le fruit de cette passion pour la technologie et de notre engagement envers l’innovation. Nous sommes fiers de jouer un rôle dans le développement de solutions de pointe pour l’industrie 5.0, en mettant l’accent sur la décarbonation, l’efficacité énergétique et la sécurité nationale. Notre vision est claire : contribuer à renforcer notre pays en utilisant la technologie de manière responsable et durable, tout en restant compétitifs sur la scène internationale. Chez DotVision, nous nous attachons à utiliser les technologies de pointe, que nous appelons la Deep Tech, pour le bien commun, tout en restant pragmatiques quant aux besoins du marché et à la réalité économique d’une entreprise. Ce qui, en France, devient de plus en plus compliqué (rire).

En quoi les produits et services de votre société se démarquent-ils sur le marché de la haute technologie ?

Ce qui distingue les produits et services de DotVision sur le marché de la haute technologie, c’est notre expertise unique dans la fusion de l’électronique embarquée et du logiciel. Nous avons réussi là où d’autres ont vu des défis apparemment insurmontables, notamment en matière de miniaturisation, de fonctionnalité et de performance. Notre équipe s’appuie sur une vision collaborative et axée sur la performance pour transformer ces idées en produits concrets. Nous sommes résolus à repousser les limites de la technologie tout en répondant aux besoins du marché.

Pouvez-vous nous expliquer comment DotVision s’engage activement dans la décarbonation de l’industrie ?

DotVision s’engage activement dans la décarbonation de l’industrie grâce à notre produit Spoony. C’est un sous-compteur d’énergie en temps réel qui offre la possibilité de piloter avec précision les processus énergétiques dans le secteur industriel et les bâtiments. Cependant, pour véritablement contribuer à la décarbonation, il ne suffit pas que Spoony se limite à sa fonction principale. Ce qui rend essentiel dans notre approche, c’est son ouverture aux normes et standards du secteur, ce qui lui permet de devenir interopérable et de servir de liaison entre différents systèmes. Cela favorise une gestion plus efficace de l’énergie, réduisant ainsi l’empreinte carbone de l’industrie tout en maximisant l’efficacité énergétique. Dans ce cadre nous sommes fiers de collaborer avec des clients de renom tels que Safran, Airbus et Alstom Transport, qui partagent notre engagement envers un avenir plus durable.

Dans le cadre de notre engagement en faveur de la décarbonation, nous avons pris des mesures concrètes pour réduire notre propre empreinte carbone. Une étape clé de cette démarche a été la création d’Europrod, notre centre de design et de fabrication électronique 100% français situé dans l’Aube. Cette initiative reflète notre volonté de participer activement à l’effort de souveraineté nationale et de re-industrialisation des territoires. Europrod est un symbole de notre engagement envers la France et de notre désir de contribuer à la résilience de notre économie nationale. En rapprochant la conception et la production de nos solutions technologiques, nous réduisons considérablement notre empreinte carbone liée à la logistique et aux déplacements, tout en soutenant l’emploi local et en favorisant une économie plus durable.

Vous préparez actuellement un produit d’intelligence artificielle embarquée révolutionnaire qui sera lancé en 2024. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce produit et comment il s’intègre dans la stratégie Deep Tech de l’entreprise, notamment en comparaison avec des modèles similaires tels que ceux d’OpenAI et la bulle des IA génératives?

DotVision prépare actuellement un produit d’intelligence artificielle embarquée révolutionnaire, prévu pour être lancé en 2024. Cette initiative s’inscrit pleinement dans notre stratégie, qui consiste à utiliser les avancées technologiques pour résoudre des problèmes concrets et à répondre aux besoins du marché. Notre démarche vers l’IA était en quelque sorte toute tracée, avec mes premiers travaux sur le sujet datant de 1990 (rires). 

Cette évolution vers l’IA a été façonnée par plusieurs facteurs, notamment l’évolution du marché et la montée en puissance de l’IA générative, ainsi que la reconnaissance du potentiel de l’IA pour les cas d’usage industriels, notamment dans la surveillance des processus, la maintenance préventive ou la sécurisation de sites sensibles. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre l’accent sur l’IA embarquée.

Notre produit se distingue par la création d’un moteur d’intelligence artificielle unique, conçu pour fonctionner efficacement sur des systèmes disposant de ressources limitées, tout en préservant l’interopérabilité, un élément que nous considérons comme essentiel. Notre approche s’inspire de stratégies similaires adoptées par des acteurs majeurs tels qu’OpenAI et Mistral IA en France, tout en se concentrant sur des modèles non génératifs, orientés vers la surveillance des systèmes, et/ou la sécurité des biens et des personnes.

DotVision en France 2030 ?

2030, c’est encore loin, n’est-ce pas ? Actuellement, nous nous concentrons sur plusieurs projets passionnants. Tout d’abord, il y a des plans pour une levée de fonds en 2024, qui nous permettra d’accompagner notre croissance et de poursuivre notre développement. Parallèlement, nous avons un certain nombre de projets en cours. L’un de nos principaux objectifs est d’obtenir les certifications industrielles et de sécurité nécessaires pour nos produits, ce qui renforcera notre position sur le marché. De plus, nous travaillons sur le développement d’une gamme de produits destinés à être utilisés dans le domaine militaire, notamment pour la sécurité de nos fantassins, et cela en soutien d’expérimentations actuelles sur le terrain.

Personnellement, j’ai également un rêve d’exploration spatiale. Je crois fermement que tout est encore à écrire dans ce domaine, et je suis enthousiasmé par les opportunités que l’avenir peut nous réserver. Je finalise également un livre très technique sur le domaine de la réalité virtuelle.

Donc, en résumé, nous avons de grands projets à l’horizon 2030, avec une levée de fonds, des certifications, le développement de produits militaires et peut-être même une aventure spatiale à explorer !

Propos recueillis par Jean Thannberger