Azov – Histoire d’un régiment ultranationaliste ukrainien 

« Dénazifier le pays », tel est le postulat avancé par Vladimir Poutine pour justifier l’attaque du 24 février 2022, avec, en toile de fond, les racines idéologiques du régiment Azov, désigné par les uns comme une organisation terroriste néo-nazie devant être éradiquée et par les autres comme le symbole de la résistance ukrainienne, défendant plus de trois mois durant la ville de Marioupol et son usine Azovstal… Et c’est précisément la nature et l’histoire de ce régiment, d’hier à aujourd’hui que le politologue Adrien Nonjon, chercheur à l’université George-Washington, spécialiste de l’étude des mouvements d’extrême droite a souhaité mettre en lumière à travers une étude critique, exhaustive et sans parti pris. Un pari pour le moins audacieux à l’heure des interprétations manichéennes et schématiques du conflit russo-ukrainien, mais un pari réussi, car l’auteur a su rendre compte de la réalité de ce bataillon, qui, malgré sa réputation incontestable de bravoure sur le champ de bataille, reste une entité extrêmement complexe… Une complexité qu’Adrien Nonjon prend le temps d’expliquer pour que tout un chacun ait les outils nécessaires à la lecture comme pour un archéologue avant d’entamer des fouilles. C’est donc une véritable enquête, avec une approche méthodique et rigoureuse qu’il nous livre ici où il trie, analyse, critique, formule des hypothèses, les vérifie. « Rien n’est vrai, mais tout est réel », soulignait d’ailleurs l’auteur dans un article en écho à la phrase du politologue russo-britannique Peter Pomerantsev « Rien n’est vrai tout est possible ». Une façon sans doute d’évoquer toute la difficulté du travail de l’historien pour trier le bon grain de l’ivraie… Une enquête exemplaire.

Azov – Histoire d’un régiment ultranationaliste ukrainien (Les Éditions du Cerf).


Doctorant en histoire à l’Inalco, Adrien Nonjon a été de 2019 à 2021 chercheur associé pour le programme de recherche « Transnational History of the Far Rights » & « Illiberalism » de l’Institute for European, Russian and Eurasian Studies de la George Washington University. Il est également chargé de cours à l’Inalco, à Sorbonne-Université et à Sciences Po Paris où il enseigne l’histoire de l’Europe centrale et orientale.